Dossier CGN : derniers développements
Problème de gouvernance au Conseil d’Etat ?
Lors de la rencontre du 25 août 2010, le Conseil d’Etat a évoqué des pistes à explorer pour assurer l’avenir de la CGN. Depuis, rien n’a bougé ou presque. Le Vevey sera arrêté au 30 septembre 2010, l’horaire 2011 n’est toujours pas définitif, aucune nouvelle concertation n’a eu lieu. Pis encore, le Conseil d’Etat, a contrario de tous les acteurs du dossier, s’obstine à vouloir créer une fondation et refuse toutes solutions de compromis. Résultat : il met en danger un pan de l’économie touristique du canton et s’engage dans la voie du conflit. Au vu de la gestion chaotique de ce dossier, le SEV se demande si les problèmes de gouvernance ne se situent pas davantage au Conseil d’Etat qu’à la CGN… petit tour d’horizon.
1. Présentation de l’EMPD et frein à l’endettement : Lors de la rencontre du 25 août 2010, Pascal Broulis est intervenu sèchement dans le débat : « Il faut arrêter de dire que l’EMPD et l’article 163 (frein à l’endettement) sont liés. C’est faux, cela n’a rien à voir… ». De l’autre côté, François Marthaler répond en date du 14 septembre à la question orale du député Montangero en expliquant qu’il ressort d’une analyse juridique que la rénovation du Vevey est un nouvel investissement et donc que « les charges engendrées doivent par conséquent faire l’objet des mesures compensatoires… ». Le SEV s’interroge sur la cohérence du Conseil d’Etat.
2. Audit de la fiduciaire Edmond Favre (2009) : le Conseil d’Etat s’accroche à l’audit précité pour justifier la scission de la Compagnie et la création d’une fondation. L’auteur de l’audit lui-même reconnaît que ce dernier a été réalisé dans un délai très court. En outre, on peut légitimement se demander si le Conseil d’Etat a bel et bien lu l’audit ou s’il extrapole ce qu’il veut entendre… dans les faits, l’audit mentionne ceci : La séparation entre « Bateaux historiques », « Autres bateaux Belle Epoque » et « Bateaux modernes » laisse apparaître une possibilité de modification de la structure de la CGN. En effet, il serait tout-à-fait imaginable que les bateaux historiques sortent des actifs de la CGN et soient transférés dans une fondation ad-hoc. Ce concept permettrait alors de prévoir des financements différents et des politiques d’investissements appropriées. Ce scénario n’a pas fait l’objet d’une analyse fine, mais au vu des problèmes de « Gouvernance » en la matière, il conviendrait de l’étudier de manière globale.
On est bien loin des déclarations de François Marthaler qui clame sans cesse que l’audit est formel et qu’une fondation est la seule solution…
3. Et les autres experts ? : Plusieurs experts ont planché sur la structure de la CGN. On peut citer notamment Dominique Freymond, spécialiste en management d’entreprise, ainsi que Me Chaudet et Me Glauser ou encore le personnel de la CGN. Leurs conclusions expliquent clairement que la scission de l’entreprise n’est pas la bonne solution. Malheureusement, le Conseil d’Etat ignore totalement ces différents rapports*. Ces derniers sont considérés comme « partisans » et donc biaisés. Le SEV ne peut qu’inviter les médias à contacter ces experts afin de connaître leurs opinions à ce sujet...
4. Politique du fait accompli : A la fin de la rencontre du 25 août, Pascal Broulis a déclaré que des travaux allaient être entrepris pour explorer « les solutions » du Conseil d’Etat. Le SEV, qui avait sollicité cette rencontre au mois de mars 2010 déjà, a également fait des propositions concrètes dans le but de pouvoir enfin faire avancer ce dossier enlisé. Mais malheureusement, ces dernières ne semblent guère intéresser le Conseil d’Etat. Par ailleurs, en date du 26 août, le SEV a envoyé un courrier au Conseil d’Etat en précisant que le personnel n’acceptera pas la politique du fait accompli et qu’il entend bien participer activement aux discussions sur l’avenir de la CGN. A ce jour, le SEV n’a reçu aucune réponse, pas même un accusé de réception. Le mépris ne peut que conduire à des situations conflictuelles. Il est triste de constater que le Conseil d’Etat veut écarter des discussions les personnes qui connaissent le mieux l’outil de travail qu’est la CGN, afin de pousser une solution aussi dogmatique qu’inapplicable dans la pratique.
5. 44'000 signatures pour rien ?: Du haut de sa tour d’ivoire, le Conseil d’Etat ignore la volonté populaire exprimée par la pétition « Assurons un avenir à la CGN ». Le dédain affiché par le Conseil d’Etat pour les 44'000 signataires de la pétition est inquiétant. Le Conseil d’Etat se moque d’ores et déjà du parlement en ignorant purement et simplement une motion avec délai impératif à l’automne 2009 (Ballif) et a visiblement décidé d’en faire de même avec le peuple lui-même, à savoir les pétitionnaires.
6. Structure de la CGN : La Municipalité de Lausanne a rejoint le large front contre la création d’une fondation et contre une scission de l’entreprise. L’entêtement infondé du Conseil d’Etat est incompréhensible. Isolé, le canton s’enfonce dans une situation conflictuelle. S’il pense rencontrer des moulins à vent, il se trompe lourdement. Le personnel de la CGN tiendra une assemblée générale extraordinaire en date du 28 septembre 2010 et décidera des mesures à prendre pour se faire entendre et éviter la scission de la CGN. Il s’agira notamment de prendre position sur l’éventuelle solution de compromis que pourrait représenter la holding (solution préconisée par le centre patronal et le parti libéral).
7. Rendez-vous lacustre du « ras-le-bol » : Le dimanche 26 septembre 2010, le personnel de la CGN organise le rendez-vous lacustre du « ras-le-bol ». Tous les acteurs du Lac sont invités à accompagner les dernières courses dominicales du bateau Vevey. A cette occasion, la population pourra exprimer son mécontentement vis-à-vis de la politique de démantèlement du Conseil d’Etat. Tout le monde est invité à participer à cette manifestation, aussi bien sur le lac, à bord du Vevey que sur les rives.
*Tous les rapports peuvent être obtenus au mail suivant :
Pour de plus amples informations : Patrick Schaffner, président de section SEV Lac Léman, 079 471 73 50.