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Incivilités en hausse sur les lacs suisses

Stress pour les capitaines

Cet été est beau et chaud. Baigneurs et paddleurs sont de sortie. Un grand stress pour les capitaines de bateau.

Mathias Gay-Crosier, du SEV et capitaine à la CGN, déplore les comportements dangereux.

Le constat est partagé par tous les capitaines des principaux lacs suisses: de nombreuses incivilités imposent presque quotidiennement aux capitaines des manœuvres d’urgence délicates afin d’éviter des accidents dramatiques et potentiellement mortels. A tel point que la Compagnie générale de navigation (CGN) a tiré la sonnette d’alarme mi-juillet et lancé une campagne pour rappeler que les débarcadères servent à l’accostage des bateaux et uniquement à cela.

De plus en plus au large

Mathias Gay-Crosier est capitaine à la CGN et président de la section VPT-Lac Léman du SEV. Il déplore également ces comportements dangereux sur le lac qui sont devenus quotidiens: «Les sports nautiques et les activités de plaisance se sont nettement développés ces dernières années et démocratisés comme le paddle ou le canoë. Mais les gens ne se rendent pas compte des risques. Tous les jours on se retrouve à devoir s’arrêter, laisser passer des personnes qui ne font pas attention et vous coupent la priorité. Avant, on savait que les gens allaient s’écarter. Maintenant, on ne sait jamais ce qui va se passer. On doit beaucoup anticiper.» Sur le Léman, la CGN bénéficie pourtant de la priorité.

La navigation de plaisance de plage ne devrait pas sortir d’une zone de 300 mètres depuis le rivage. Au-delà, il faut un certain matériel de sécurité comme le gilet de sécurité obligatoire. «Paddleurs et nageurs partent à des distances phénoménales, constate tous les jours Gay-Crosier. Et, dès qu’il y a le moindre coup de vent, la centrale de police est débordée. L’autre jour, le bateau vapeur Montreux a broyé une planche à voile. Son passager a sauté à l’eau et a pu s’éloigner à temps du bateau. C’était moins une.»

350 mètres pour s’arrêter

La conduite de ces grands bateaux n’est pas simple. Ils ont besoin d’espace pour manœuvrer : un bateau Belle Époque nécessite 350 mètres pour s’arrêter et un diamètre de 500 mètres pour effectuer un virage. «Il est essentiel que chacun ait conscience des règles en vigueur et des risques et fasse preuve d’un peu de bon sens pour que le lac reste un lieu de loisirs pour tous», conclut avec sagesse Mathias Gay-Crosier.

Yves Sancey