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Compagnie Générale de Navigation

« Personne n’a été engagé à la CGN l’année passée »

Les chantiers de la CGN sont confrontés à plusieurs difficultés : diminution des effectifs, recours massif à des entreprises extérieures dans certains ateliers, sans compter les importants travaux qui restent en attente faute de crédits.

Un ouvrier visse des éléments décoratifs sur la coque pour les faire tenir correctement.

Il y a encore une année, les fauteuils endommagés des bateaux de la CGN étaient réparés à l’atelier de tapisserie des chantiers navals. C’est terminé : l’un des deux ouvriers qui restaient est parti à la retraite, tandis que l’autre travaille désormais à la peinture. Et impossible pour lui de revenir à son ancien métier, même de manière ponctuelle. « Le matériel de tapisserie a été bradé et fichu loin », explique Patrick Schaffner, président de la section VPT Lac Léman.

Le contremaître bientôt à la retraite

A l’électricité, seul le chef d’atelier et deux ouvriers sont encore employés par la CGN. Les autres électriciens proviennent tous d’entreprises extérieures. « Le contremaître va partir à la retraite et il faudrait le remplacer », relève Patrick Schaffner.

Il y a aussi toujours davantage d’électronique, y compris sur les bateaux à vapeur de la flotte historique comme « La Suisse ». Mais le chantier naval n’a pas suivi. « Rien ne s’est développé pour l’électronique et la CGN n’a engagé personne l’année passée », résume Patrick Schaffner.

Les premières lignes régulières de bateaux ont 175 ans

  • En 1823, le premier bateau à roues à aube de Suisse, le « Guillaume Tell », est lancé sur les eaux du Léman. La CGN naît une cinquantaine d’années plus tard, de la fusion des trois sociétés qui se partageaient alors les services de navigation sur le Léman. La compagnie connaît un essor exceptionnel à la Belle Epoque (1896–1914). Actuellement, la CGN compte huit bateaux « Belle Epoque », ce qui en fait la plus grande flotte au monde de ce type (en capacité de passagers). A lui seul, le « Simplon » peut transporter 1000 passagers. Construits entre 1904 et 1927, ces navires sont toutefois menacés par l’usure du temps. Deux des bateaux de la flotte historique, l’« Helvétie » et l’« Italie », sont ainsi actuellement hors service.
  • Les premières lignes régulières voient quant à elles le jour sur les lacs de Zurich et de Thoune. Le « Minerva » relie Zurich à Rapperswil le 19 juillet 1835. Quelques jours plus tard, un service de ligne régulier se met en place sur le lac de Zurich. Le navire, construit en Angleterre, peut transporter 800 passagers ainsi que des marchandises. Vu sa taille, ce bateau ne peut pas accoster directement, si bien qu’il faut amener les passagers et les cargaisons par petites unités jusqu’au bateau à vapeur, et cela par tous les temps. Ce n’est que plus tard, grâce à un débarcadère plus long, que l’on pourra abandonner ces transbordements.
    Deux semaines plus tard à peine, le 31 juillet 1835, une autre ligne régulière est inaugurée sur le lac de Thoune, avec un autre bateau à vapeur, le « Bellevue », construit en France. litra/cgn

Enfin, d’importants travaux sont gelés, faute de crédits (voir p. 8), à commencer par la rénovation du « Vevey ». Aucune date n’est encore agendée pour le vote des crédits nécessaires, mais aux chantiers de la CGN, on attend avec impatience que le Grand Conseil vaudois se prononce.

En attendant, la période hivernale actuelle est utilisée pour faire quelques travaux sur les machines du Simplon et de la maintenance légère sur de plus petits bateaux. Mais dans l’idéal, il aurait fallu entamer la rénovation du « Vevey » il y a une année déjà. Et cela d’autant plus que les opérations ordinaires de maintenance et d’entretien absorbent déjà la plus grande partie du temps de travail à disposition.

L’automne passé, la VPT Léman a d’ailleurs manifesté son inquiétude à ce sujet dans les rues de Lausanne.

Hélène Koch