| Actualité / journal SEV

pandémie

Les enfants paient le prix fort

Une étude publiée en décembre 2021 révèle que la pandémie du coronavirus est la pire crise que l’UNICEF ait jamais connue durant ses 75 ans d’histoire. Elle a frappé l’enfance d’une manière sans précédent et a annulé pratiquement tous les progrès accomplis, plongeant 100 millions d’enfants supplémentaires dans la pauvreté.

Le rapport de l’UNICEF « Évitons une décennie perdue : mesures à prendre de toute urgence pour inverser les effets dévastateurs de la Covid-19 sur les enfants et les jeunes » illustre comment la crise du coronavirus met en danger les progrès réalisés ces dernières décennies en faveur des enfants dans les domaines de la lutte contre la pauvreté, la santé, l’accès à la formation scolaire, l’alimentation, la protection et le bien-être psychique. Près de deux ans après le déclenchement de la pandémie, les répercussions sont de plus en plus graves : la pauvreté augmente, les inégalités se creusent, les droits des enfants sont menacés.

« Depuis sa création, l’UNICEF a contribué à créer un environnement plus sain et plus sûr pour les enfants sur toute la planète», a déclaré Henrietta Fore directrice générale de l’UNICEF. « Ces réalisations sont actuellement en danger. La pandémie représente la plus grande menace de nos 75 ans d’histoire pour les progrès en faveur des enfants. Ils sont de plus en plus nombreux à souffrir de la faim, à ne pas aller à l’école, à subir des abus, à vivre dans la pauvreté ou à être mariés de force ; alors que le nombre d’enfants qui ont accès aux soins, aux vaccins, à la nourriture en quantité suffisante et aux services de base diminue ».

Selon le rapport, 100 millions d’enfants supplémentaires seront touchés par la pauvreté multidimensionnelle à cause de la pandémie, soit une augmentation de 8% par rapport à 2019, avec une accélération alarmante de 1,8 enfant par seconde depuis la mi-mars 2020. Le chemin sera long pour rattraper le terrain perdu : même dans le meilleur des cas, il faudra 7 ou 8 ans pour retrouver le niveau de pauvreté enfantine d’avant la pandémie.

La régression est confirmée par d’autres données de l’étude : quelque 60 millions d’enfants sont déjà tombés dans la pauvreté depuis le début de la pandémie. En 2020, plus de 23 millions d’enfants n’ont pas reçu de vaccins essentiels, soit près de 4 millions de plus qu’en 2019, ce qui correspond au taux le plus élevé depuis 11 ans.

Déjà avant cette pandémie, plus d’un milliard d’enfants étaient touchés par au moins l’un des facteurs suivants : pas d’accès à la formation scolaire, à la santé, à un logement, à la nourriture, aux installations sanitaires ou à l’eau. Ce nombre est destiné à augmenter à cause des situations économiques inégales qui ne font que de creuser l’écart entre familles riches et familles pauvres, et cela touche de manière significative les familles les plus marginalisées et les plus vulnérables.

Le rapport de l’UNICEF dresse ce constat :

• au plus fort de la crise, plus de 1,5 milliard d’élèves sont restés chez eux avec la fermeture des écoles. Durant la 1ère année de la pandémie, environ 80% des cours ont été supprimés ;

• plus de 13% des jeunes de 10 à 19 ans sont affectés de maladies psychiques. Jusqu’en octobre 2020, la crise a entraîné l’interruption ou la suspension des services essentiels de santé psychique dans 93 % des pays ;

• d’ici 2030, près de 10 millions de nouveaux mariages d’enfants pourraient être conclus ;

• 160 millions d’enfants dans le monde sont contraints de travailler, soit une augmentation de 8,4 millions au cours des quatre dernières années. En raison de la progression de la pauvreté liée à la pandémie, d’ici fin 2022, le phénomène risque de toucher encore 9 millions d’enfants ;

• au plus fort de la pandémie, les services de prévention et de lutte contre la violence ont été suspendus dans 104 pays où vivent 1,8 milliard d’enfants ;

• la vie de 50 millions d’enfants est en danger pour cause de malnutrition aiguë. Ce chiffre pourrait augmenter de 9 millions d’ici fin 2022 à cause des conséquences de la pandémie.

Le rapport tire aussi la sonnette d’alarme en ce qui concerne les droits de l’enfant : dans le monde, 426 millions d’enfants, soit près d’un sur cinq, vivent dans des régions en conflit, où la violence croissante fait de plus en plus de victimes parmi la population civile. Les femmes et les filles sont les plus exposées aux violences sexuelles. Le 80% des situations d’urgence humanitaire sont la conséquence de conflits. En outre, environ 1 milliard d’enfants – près de la moitié des enfants de la planète – se trouvent dans des pays gravement touchés par les effets du changement climatique.

Pour faire face à la crise, favoriser la reprise et créer un avenir meilleur pour les enfants, l’UNICEF appelle à prendre ces mesures:

• investir dans la protection sociale, le capital humain et une reprise inclusive et résiliente ;

• mettre un terme à la pandémie et inverser la tendance alarmante à la régression de l’état sanitaire et alimentaire de l’enfance, en s’appuyant également sur le rôle fondamental de l’UNICEF dans la distribution du vaccin contre la Covid-19;

• reconstruire en assurant une formation scolaire de qualité, une protection et une bonne santé psychique à chaque enfant ;

• accroître la capacité de résilience pour prévenir les crises, mieux réagir et protéger les enfants ; adopter de nouvelles stratégies pour mettre fin aux famines et protéger les nouvelles générations face au changement climatique.

« A l’ère des pandémies mondiales, de la multiplication des conflits et du changement climatique qui s’aggrave, une approche qui place l’enfance au centre est plus importante que jamais, explique Henrietta Fore. Le monde est à la croisée des chemins. Alors que nous travaillons avec les gouvernements, les donateurs et d’autres organisations pour définir une direction commune pour les 75 prochaines années, nous devons placer les intérêts des enfants au premier rang des investissements et au dernier des coupes budgétaires. Notre avenir sera déterminé par les priorités que nous nous fixons aujourd’hui. »

Communiqué de UNICEF Suisse du 9.12.2021; photo: Unicef
Enable JavaScript to view protected content.