Le président Pierre-Alain Gentil ouvre le congrès du SEV avec un discours mordant
« Je suis un chef de chantier, pas un gardien de musée »
Congrès SEV - En ces temps où la libéralisation et la dérégulation sont en pleine expansion dans le domaine des transports publics, l’engagement pour le personnel constitue le point fort du congrès du syndicat SEV qui se déroule aujourd’hui et demain à Berne. Plus de 200 délégués y participent. Dans son discours d’ouverture, Pierre-Alain Gentil a clairement exprimé sa position pour un syndicat des transports fort et combatif.
Le Conseiller aux Etats jurassien Pierre-Alain Gentil s’est adressé pour la première fois en tant que président devant le congrès du Syndicat du personnel des transports SEV. Il y a deux ans, il a été élu par cet organe suprême à la tête du syndicat des transports. Dans son discours, il a fait une rétrospective sur les deux années écoulées et a évoqué également le futur et les défis à venir.
Messages prononcés lors du congrès
Paul Rechsteiner : contre le dumping social
Le président de l’Union syndicale suisse et Conseiller national Paul Rechsteiner a assuré au SEV le soutien du mouvement syndical dans la lutte pour un service public fort et social. Il a demandé à tous les syndicalistes de rejeter le 17 juin la révision de l’assurance invalidité et de signer le référendum contre la réforme de l’imposition des entreprises. « D’un côté des cadeaux fiscaux de plusieurs centaines de millions de francs pour quelques riches, et des coupes de 83 millions sur les rentes AI pour les invalides de naissance d’autre part : voici le message perverse de la majorité bourgeoise six mois avant les élections ». Les membres des syndicats doivent s’engager sur le plan politique et avant tout renforcer la présence de la gauche et des verts au Parlement en donnant leur voix cet automne, « car ainsi il sera tenu compte des intérêts sociaux lors des décisions importantes sur les questions sociales ». Paul Rechsteiner a également mentionné l’importance de la lutte contre une augmentation de l’âge de la retraite et pour le droit à une retraite anticipée flexible et sociale dès 62 ans, car le financement de l’AVS est tel qu’il peut supporter l’augmentation des rentiers sans augmentation de l’âge de la retraite, comme cela a été le cas durant les années écoulées. En outre, il a signalé l’importance de s’engager pour l’ancrage dans la loi suisse d’une meilleure protection contre le licenciement pour les syndicalistes.
* * *
Andreas Meyer remercie le personnel des transports publics pour son engagement vis-à-vis de la clientèle
Lors de son congrès de cette année, le SEV a rompu la tradition d’inviter les représentants des entreprises de transport et de leur donner la parole. Une exception toutefois : le nouveau chef des CFF Andreas Meyer a eu l’occasion d’adresser ses salutations aux syndicalistes - plus de trois-quart des membres SEV sont des employés ou des pensionnés des CFF. Andreas Meyer a remercié les collaborateurs des CFF pour leur contribution au bon résultat de l’entreprise en 2006, et tout spécialement pour leur engagement proverbial pour la clientèle. Il a mis l’accent sur le fait que les CFF doivent rester un chemin de fer intégré avec la production, l’infrastructure et le matériel roulant sous le même toit, pour pouvoir maîtriser l’augmentation des passagers de 45 pour-cent attendue jusqu’en 2030. Il a dit également que le Conseil fédéral a un devoir moral et juridique vis-à-vis des pensionnés des CFF qui ont encore été fonctionnaires de l’Etat et qu’il doit apporter sa contribution à l’assainissement de la caisse de pensions, comme les CFF l’ont déjà fait. Il a conseillé aux politiciens suisses de ne pas être plus rapides que l’UE dans l’ouverture du trafic voyageurs régional à la concurrence. Cependant, les CFF doivent être préparés au pire et garder une entreprise prompte à réagir. Il a été applaudi lorsqu’il a constaté qu’une CCT pour les chemins de fer à voie normale était nécessaire afin que les règles de la concurrence soient respectées. Il a souligné qu’il était content que la CCT CFF ait pu être conclue l’année passée, même si à cause d’elle il manque maintenant 38 millions dans le budget 2007 de l’entreprise, montant qui devra être économisé ailleurs. A cela, le vice-président du SEV François Gatabin a répondu : « Le SEV n’a somme toute pas si mal négocié. Cet argent est mieux dans la poche des collaborateurs que dans celle des chefs ». ll a rappelé en outre au chef des CFF que les constantes augmentations de la productivité ne sont pas possibles sans augmenter aussi l’effectif du personnel.
Pierre-Alain Gentil a d’abord parlé des négociations de la CCT CFF qui ont marqué ses deux premières années de présidence. Il a relevé que le ton des discussions entre l’entreprise et les syndicats était devenu nettement plus cassant, et que ceci avait des répercussions sur la manière de travailler du syndicat. Dans le passé, un membre du syndicat pouvait considérer son appartenance au SEV comme une sorte d’assurance mais maintenant, il doit accepter de s’engager personnellement. Le président a mis ses membres en garde : l’avenir ne s’annonce pas plus calme. Les CFF ont montré que malgré la CCT, ils étaient prêts à profiter de chaque marge de manœuvre. Le SEV doit donc rester vigilant. Ceci est aussi valable pour les membres actifs dans les autres entreprises de chemins de fer et de transports publics, car celles-ci se basent sur les CFF pour fixer leurs propres conditions de travail.
Le président du SEV s’est ensuite penché sur la question de savoir si un syndicat devait aussi agir sur le plan politique, en plus de s’occuper des questions du maintien des postes de travail, de la sécurité des salaires et des conditions d’engagement. Sa réponse est claire : au vu de la situation actuelle, on ne peut pas assister sans rien faire à l’écroulement – aussi bien en Suisse qu’en Europe – des fondements de la politique des transports. Le SEV a besoin d’alliés dans son combat politique et un soutien mutuel est indispensable.
Finalement, Pierre-Alain Gentil a parlé de l’identité et de la mentalité du SEV, mais sans approfondir le thème du rejet de la fusion avec le Syndicat de la Communication. Ce sujet sera abordé durant l’après-midi de la première journée du congrès. Pierre-Alain Gentil a clairement dit que selon lui, le SEV devait être un syndicat en mouvement. Auparavant, les chemins de fer étaient un domaine stable, mais entre-temps l’environnement a changé et évolue constamment, et le syndicat doit avancer au même rythme. « Je ne me considère pas comme le gardien du musée SEV, mais comme le chef du chantier permanent de la maison SEV. Cette maison doit continuellement être rénovée et agrandie pour offrir suffisamment de place pour tous », a-t-il déclaré en conclusion.