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Les petits salaires gagnants avec la Loi sur le CO₂

Même le TCS dit oui, en soulignant que le carburant ne représente que 15 % du coût de la conduite. (Photo: pxhere.com)

La révision totale de la Loi sur le CO₂ soumis au peuple le 13 juin prochain. Le SEV s’engage dans la campagne et appelle ses membres à dire oui. Jusqu’à la votation nous consacrerons divers articles à ce dossier. Dans cette édition nous penchons sur l’impact financier de cette réforme sur le porte-monnaie des travailleurs et travailleuses. Diverses études montrent que les bas salaires seront gagnants.

Le chiffre fait frémir ! 1500 francs en plus pour un ménage de quatre personnes. C’est le scénario brandi par l’UDC qui a lancé le référendum contre la révision totale de la Loi sur le CO₂ soumis au peuple le 13 juin prochain. C’est sûr qu’en imaginant une ardoise mensuelle de 125 fr. de plus pour un foyer, il y a de quoi refroidir le plus chaud des travailleurs de ce pays sensible aux questions climatiques.

Sauf que ce chiffre est tout simplement irréaliste. Il cumule l’ensemble des plafonds de prix possibles mais dont la probabilité qu’ils se cumulent pour atteindre ces 1500 fr. est tout simplement si petite qu’elle n’est pas crédible. Et, encore plus important, il s’agit d’un chiffre «brut» qui exclut complètement le remboursement par tête des nouvelles taxes, qui est de deux tiers (au moins) pour la taxe sur le CO₂ et de 50% pour la taxe sur les billets d’avion.

Car en matière de chiffres, l’Union syndicale suisse a analysé plusieurs études qui démontrent au contraire que les plus petits revenus seront plutôt gagnants avec la nouvelle loi sur le Co₂. « L’un des constats c’est que des revenus plus élevés engendrent en général des dépenses plus hautes induisant une consommation plus forte et donc des émissions de CO₂ plus importante », résume Reto Wyss en charge du dossier à l’USS.

Très concrètement, une étude du bureau BSS mandatée par le Parti socialiste suisse révèle par exemple que le remboursement de la taxe sur le CO₂ actuellement en vigueur sur les combustibles dépasse l’augmentation des prix de l’énergie qui en résulte. Une étude d’Infras commandée par Swisscleantech a examiné l’effet de répartition qu’aurait une révision qui introduirait, en plus de la hausse de la taxe CO₂ sur les combustibles et de la taxe sur les billets d’avion, une taxe CO₂ sur les carburants. « Tous les ménages avec des revenus bas et une faible consommation d’énergie s’en sortiraient mieux au final. En cas de forte consommation d’énergie, la charge nette maximale pour un ménage avec un bas revenu serait d’à peine 5 francs par mois. La redistribution de la taxe par le biais des primes maladie sera favorable aux bas salaires. Pour l’USS ce point est crucial », relève Reto Wyss, « et d’ailleurs nous nous battons pour que la somme principale de cette facture mensuelle d’assurance-maladie, soit la prime-maladie elle-même, soit finalement et radicalement réduite pour les ménages à faible revenu, car elle pèse beaucoup plus lourdement sur leur budget qu’une éventuelle hausse des taxes CO₂ de quelques francs par an. »

Dans les chiffres qu’elle publie dans le cadre de cette campagne de votation, la Confédération a calculé qu’une famille de quatre personnes verrait ses coûts alourdis au maximum d’une centaine de francs par année. Ceci uniquement dès la fin de cette décennie. Un scénario qui ne serait possible que si les taxes sont effectivement majorées. Ce qui dépend du respect des objectifs climatiques fixés dans la loi et du type de consommation de la famille. Si elle effectue de nombreux voyages en avion et/ou parcourt de nombreux kilomètres au volant d’une voiture consommant beaucoup de carburant alors sa facture sera plus élevée.

Il n’est pas inutile de rappeler que les majorations maximales sur l’essence peuvent aller jusqu’à 12 centimes par litre - contre 5 aujourd’hui. Une limite qui ne peut être actionnée que si les objectifs de la loi ne sont pas atteints. Signe que la révision est un compromis satisfaisant, elle convainc un nombre très hétérogène de groupements et de mouvements, même le TCS y est favorable argumentant que le prix de l’essence ne représente que 15% dans le budget de l’automobiliste et que la loi révisée est un compromis acceptable. En plus, il est évident que la consommation de carburant des nouvelles voitures sera beaucoup plus basse, compensant de fait les taxes légèrement augmentées.

Vivian Bologna
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Pour davantage d’informations sur la campagne du 13 juin: https://pourleclimat.ch/

Commentaires

  • Faine

    Faine 22/04/2021 14:50:28

    Cette loi, ne sert que prendre de l'argent au peuple.
    Elle ne va rien résoudre sur le problème du CO2.
    Il faut d'abord créer un réseau électrique et d'hydrogène comme actuellement les moteurs à énergies fossiles.
    Subventionner l'achat de véhicules dits "non polluants" et seulement ensuite, ceux qui ne veulent pas jouer le jeux, les taxer.
    En Suisse on fait tout le temps l'inverse on taxe et c'est tout. Pas de contrepartie.
    De plus la confédération va mettre à l'essai des péages parce que avec les véhicules électriques qui a actuellement il y a moins de rentrée d'argent pour l'entretien des routes.
    He hop encore une taxe.
    Pour rappel la vignette autoroutière est toujours à l'essai !!!!
    Alors pour ma part je vais voter NON

  • Gilby

    Gilby 23/04/2021 10:04:18

    Qui sera gêné par la taxe sur avion jusqu'à 120.-, la taxe jusqu'à 12 cts/lt sur les carburants ? Les plus fortuné ou nous qui devront peut être renoncer à des vacances ?.
    De plus qui croira que les transports et voyages Suisses taxés, qui représentent à peine 0,003 % de la consommation mondiale ,vont sauver la planète.. Je voterai NON