Offre transfrontalière
Cadences accélérées à la CGN
La Compagnie générale de navigation sur le lac Léman (CGN) a commandé deux nouveaux bateaux. Dès 2022, ils permettront de renforcer l’offre entre la Suisse et la France, avec des liaisons plus écologiques mais non sans défis pour le personnel.
Outre un impact moindre sur l’environnement, les nouveaux bateaux permettront d’augmenter les cadences et les capacités de transport. Dès la mise en service du premier bateau, la fréquence passera à 45 minutes entre chaque départ le matin et le soir entre Lausanne et Evian contre 1h20 aujourd’hui. La CGN pourra alors passer à l’horaire cadencé. Ce qui est agréable pour la clientèle, en particulier celle des lignes régulièrement bondées du matin et du soir, mais qui pourrait conduire à une intensification du travail pour le personnel dans la journée et durant la morte saison qui permettait de récupérer les heures sup (voir l’interview de Mathias Gay-Crosier ci-contre). La mesure pourrait donc avoir des conséquences sur le personnel navigant. D’autant plus que, relève La Liberté, «le calendrier ‹est assez serré› avec une mise en service prévue pour janvier 2022 et 2023».
La CGN mise sur deux nouveaux bateaux à technologie hybride (moteur diesel et batteries électriques) et d’une capacité de 700 personnes chacun pour désengorger des liaisons et attirer davantage de travailleurs frontaliers. Pour Benoît Gaillard, président de la compagnie, ce projet baptisé Naviexpress a pour objectif de «répondre à la demande croissante des pendulaires tout en réduisant l’impact des liaisons lacustres sur l’environnement».
Ces bateaux, d’une valeur unitaire de 28,5 millions de francs, seront construits par l’entreprise lucernoise Shiptec. L’assemblage se fera dans le chantier naval d’Ouchy. Le montage du premier modèle débutera en novembre 2020.
Pour mieux comprendre les enjeux syndicaux autour de l’achat de ces deux bateaux, nous nous sommes entretenus avec Mathias Gay-Crosier, futur capitaine CGN et président de la section VPT-Lac Léman du SEV.
Yves Sancey
La VPT Lac Léman attentive
Cet achat est-il une bonne chose?
Mathias Gay-Crosier: Pouvoir travailler dans une entreprise qui se développe ne peut être qu’une bonne chose pour les employés. Cela veut dire que l’entreprise est en phase de croissance et que les emplois sont assurés pour un certain temps.
L’entreprise a-t-elle anticipé les effectifs supplémentaire ?
L’entreprise a assuré une série d’engagements pour anticiper l’arrivée du premier bateau. En effet, pour que ces personnes puissent atteindre certaines fonctions à bord, il est nécessaire que ces nouveaux engagements disposent de quelques années de service.
Malheureusement, dès que nous arrivons dans les fonctions qui demandent une dizaine d’années de service, nous nous rendons compte que la situation est déjà plus tendue et que le manque d’effectif commence à se faire sentir. Je reviens d’une réunion syndicale où le sujet du manque de conducteur, de bus, de train, de capitaines a été abordés. En effet toutes les entreprises connaissent ce problème.
Quelles sont les conséquences pour le personnel de cette augmentation de la navigation ?
Cette densification de la navigation aura des conséquences pour le personnel. Une partie de celui-ci va devoir naviguer toute l’année. Ce qui engen-drera des impacts sur la vie privée, sociale, sur l’évolution de carrière de certains navigants et aura un impact sur leur salaire. A l’heure actuelle, nous ne savons pas la longueur des tours de service. Il est donc primordial de se mettre autour d’une table afin de régler toutes ces questions en suspens.
Yves Sancey