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Négociations salariales

Automne salarial : le SEV tire le bilan

Le vice-président du SEV Patrick Kummer et le secrétaire syndical Michael Buletti en discussion.

Le SEV a mené des négociations salariales dans plus de 70 entreprises de transport. Au moment du bouclage de ce journal, une grande partie de ces négociations sont terminées. Discussion avec le team des salaires du SEV et survol des résultats obtenus.

Patrick Kummer est vice-président du SEV et responsable du dossier CFF. Michael Buletti est secrétaire syndical et a mené des négociations dans diverses entreprises de transport concessionnaires (ETC) dont BLS, la plus grande ETC.

Comment se sont déroulées les négociations ?

Patrick Kummer : le déroulement d’une négociation dépend fortement des personnes qui y participent et est donc différent dans chaque entreprise. Cependant, les résultats des négociations sont partout très similaires. La plupart du temps, on peut obtenir des augmentations générales des salaires sous forme d’une compensation du renchérissement pleine ou partielle, des augmentations individuelles, souvent pour alimenter un système salarial, ainsi que des primes uniques qui sont parfois controversées. Au début, les négociations avec les CFF et CFF Cargo ont été très difficiles. À la fin nous avons pu nous mettre d’accord sur un résultat qui a été accepté par l’organe compétent parmi nos membres.

Michael Buletti : la situation dans les ETC était très différente selon le canton et la structure du propriétaire. Chez BLS par exemple, les négociations salariales ont été éprouvantes. Le canton de Berne, en tant qu’actionnaire majoritaire et plus grand commanditaire, a édicté des directives claires à l’attention des ETC du canton, concernant la marge financière. Malgré tout nous avons réussi à négocier un paquet globalement satisfaisant.

Comment les membres SEV sont-ils inclus dans les négociations ?

Buletti : les revendications salariales du SEV sont élaborées par les assemblées des membres ou, dans les grandes entreprises, par les organes composés de membres délégués. Elles sont ensuite transmises aux secrétaires syndicales-caux responsables qui reçoivent un mandat de négociation. Le résultat fait l’objet d’une discussion et d’une acceptation par la même assemblée des membres ou le même organe de délégués.

Kummer : la proximité avec nos membres décrite par Michael est l’une des principales forces du SEV. Cela permet à nos membres d’être consultés et de participer aux décisions.

Pourquoi renégocier chaque année une compensation du renchérissement ? Dans certaines conventions collectives de travail (CCT), il y a une compensation du renchérissement automatique.

Kummer : ce thème a gagné en importance ces derniers temps parce que dans les années 2022 et 2023, il y a eu de nouveau un renchérissement sensible. Par conséquent, la négociation sur une compensation du renchérissement est actuellement une composante fondamentale des négociations salariales. Une compensation du renchérissement automatique inscrite dans une CCT peut être une bonne chose selon les circonstances.

Buletti : mais il faut être très prudent. Il est primordial d’en définir le mécanisme de la meilleure manière. Et avec une compensation du renchérissement automatique il est aussi nécessaire de faire chaque année des négociations salariales en ayant une marge pour les améliorations. Les primes des caisses-maladie en constante progression ne sont pas contenues dans l’indice des prix à la consommation (IPC), par exemple, et c’est sur lui que se calcule le renchérissement.

Il arrive très souvent d’obtenir des primes uniques. Quelle est la position du SEV à ce propos ?

Kummer : s’il s’agit de petits montants, pour beaucoup les primes uniques ne sont qu’une goutte dans la mer. Mais les plus grands montants peuvent exercer une influence positive sur le pouvoir d’achat des travailleuses et travailleurs. Toutefois cet effet est unique et donc pas durable, comme l’indique son nom.

Buletti : l’avantage est que les primes uniques peuvent être octroyées rapidement et sans trop de tracasseries administratives. Les employé·e·s peuvent disposer de la somme promise complète au moment prévu pour le versement. Mais comme Patrick l’a dit, ce sont des versements uniques. Notre objectif est plutôt de parvenir à obtenir des mesures salariales durables.

Kummer : les mesures salariales mentionnées servent à éviter une perte du pouvoir d’achat et à garantir une évolution individuelle des salaires. Toutefois, elles ne suffisent pas à éliminer le manque de personnel qualifié ou à rendre certaines professions plus attrayantes. Les employeurs doivent reconnaître que de manière générale, il est nécessaire d’avoir des salaires plus élevés pour pouvoir s’attaquer au manque de personnel qualifié de manière efficiente.

Survol des résultats obtenus

CFF - CFF Cargo : compensation du renchérissement général de 1 %, mesures salariales individuelles selon le système salarial correspondant à 1 %, prime unique de 1000 fr., resp. 500 fr. pour les taux d’activité en-dessous de 50 %.

CFF Cargo International : compensation du renchérissement de 1,7 % pour le personnel.

Transsicura : compensation du renchérissement général de 1 %, mesures salariales individuelles selon système salarial correspondant à 1 %, hausse du salaire horaire de 1 % pour les personnes payées à l’heure.

Login : compensation du renchérissement générale de 1,7 %, 0,4 % d’augmentations de salaire individuelles, relèvement des plages salariales de 1,7 %, 500 fr. de prime unique et primes individuelles liées à la prestation.

SOB : masse salariale augmentée de 2,7 % et relèvement des plages salariales de 2 %.

BLS : 1,2 % d’augmentation générale des salaires (échelons de fonction 1-14 : 1,7 %, échelons de fonction 15-28 : 1 %), 0,9 % pour les augmentations individuelles selon système salarial, 600 fr. de prime unique (selon le taux d’activité).

Elvetino SA : 2,5 % de compensation du renchérissement selon CCT 2024 : 1,4 % de participation à la réduction du temps de travail (-1 h), 1,1 %, compensation du renchérissement.

VMCV : pleine compensation du coût de la vie en fonction de l’IPC d’octobre 2023 calculé sur un salaire moyen de 6000 CHF. Soit 102 CHF versés en 13 fois (total pour l’année 2024 : 1326 CHF). Adaptation des grilles avec ce montant. Garantie de la promotion dans les échelons.

MOB : pleine compensation du coût de la vie en fonction de l’IPC d’octobre 2023 calculé sur un salaire moyen de 6600 CHF. Soit 115 CHF versés en 13 fois (total pour l’année 2024 : 1495 CHF). Adaptation des grilles avec 1,7 %. Garantie de la promotion dans les échelons.

TMR : pleine compensation de l’IPC selon le mois de novembre 2023: +1,4 %. Avance sur négociations salariales 2024: +0,6 %. Garantie de la promotion dans les échelons, qui représente un montant de 143 000 CHF.

TransN : progression salariale selon la grille de la CCT (1 % de la masse salariale). Compensation selon l’IPC de novembre de 1,5 % accordé pour tout le personnel.

Travys SA : augmentations de salaire selon la CCT et 1,4 % de compensation du renchérissement (IPC de novembre).

Chemin de fer Nyon-St. Cergue-Morez/Transport public nyonnais : Dans un contexte de renouvellement de la CCT et de son système salarial. En tenant compte du fait que les négociations ne sont pas terminées, les nouvelles annuités seront versées avec effet rétroactif depuis le 1.1.24. Une prise en compte partielle de l’IPC de 1 % a toutefois été accordée pour le 1.1.24.

CGN : Dans le contexte d’un nouveau système salarial entré en vigueur le 1.1.2024 (8 % de la masse salariale). 1,7 % de compensation du renchérissement. Dès le 1er janvier 2025, l’IPC et IPAM seront accordés automatiquement.

Michael Spahr, Chantal Fischer
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