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Première conférence CCT après l’introduction du nouveau système salarial CFF

Il faut corriger ce qui va de travers avec Toco

Descriptions de postes inutilisables ou toujours manquantes, classifications douteuses, gens des RH et supérieurs dépassés : le feed-back des délégués sur le nouveau système salarial est très critique. Ils attendent des corrections rapides, afin que la motivation du personnel ne chute pas.

De nombreux ouvriers des ateliers industriels font partie des cas de garanties.

Les 107 délégués ont jugé très sévèrement les cadres supérieurs, qui semblent si mal connaître le travail de leurs subordonnés. Ils ont donné aux gens des RH des données inexactes ou fausses, qui ont ensuite « juste été copiéescollées », comme l’a dit un délégué. Il y a eu trop souvent des descriptions de postes inutilisables, d’où aussi les bases manquantes pour une classification correcte. Pour le vice-président Manuel Avallone, il est clair que les erreurs commises lors de la mise en oeuvre de Toco doivent absolument être corrigées, « même si cela dure longtemps. C’est notre devoir commun ». Certaines descriptions de postes ont déjà été remaniées sur la base des demandes ou des interventions du SEV. Pour d’autres il faut plus de temps et de persévérance. Les traductions manquantes en français et italien pour certaines descriptions de poste ont été livrées entre-temps.

Classifications discutables : où se situe le problème ?

Le SEV veut vérifier les classifications et avant tout celles dont le niveau d’exigences (NE) est plus bas dans le nouveau système salarial que l’échelon de fonction (EF) correspondant dans l’ancien système salarial. Il en va de même pour tous les cas où la classification n’est pas au même niveau, mais plus basse. Un transfert au même niveau veut dire :

EF 1 = NE A
EF 2/3 = NE B
EF 4/5 = NE C, etc., même si cette logique n’est pas exacte à 100 % dans tous les cas.

Ce qui est clair est que les classifications individuelles communiquées aux collaborateurs fin mai par les CFF n’étaient pas actualisées selon les négociations. Elles ont été faites par les RH CFF, et sont donc hâtives pour les raisons suivantes :

  • descriptions de poste plus actuelles
  • organigramme actuel de chaque unité de l’organisation
  • autres raisons comme la grille de fonction, les modèles de description et les chaînes de fonction.

Le SEV était présent seulement à certains workshops de classification, afin de garder un oeil sur le système des classifications. Les bases mentionnées ont joué un rôle essentiel dans la vérification des classifications, en particulier dans les descriptions de postes. Car sans descriptions correctes, aucune classification correcte n’est possible. Le SEV a dû établir qu’il manque toujours des descriptions de poste utilisables à de nombreux endroits.

Qu’est-ce qui a été négocié ?

Avec les négociations CCT, le SEV a accepté le changement de 29 EF à 15 NE, y compris les valeurs salariales maximum et minimum des 15 NE. Comme les valeurs maximum de la NE A jusqu’à G sont plus basses que la valeur maximum du EF 1 jusqu’à 13, les collaborateurs concernés de ces niveaux de fonction sont allés directement dans les cas de garanties quand ils avaient déjà atteint la valeur maximum. Le transfert s’est aussi fait au même niveau du nouveau système salarial.

– Valeur maximum de EF 1 (avec évaluation du personnel de niveau C) = 59 036 CHF, valeur maximum de NE A = 56 666 CHF. Garantie 2011 = 2370 CHF
– Valeur maximum de EF 2 (avec évaluation C) = 61 308 CHF, valeur maximum de NE B = 61 058 CHF. Garantie 2011 = 250 CHF
– Valeur maximum de EF 3 (avec évaluation C) = 63 668 CHF, valeur maximum de NE B = 61 058 CHF. Garantie 2011 = 2610 CHF, etc.

Sont concernés les EF 2,4, 6 et les EF impairs jusqu’à 19.

Le SEV a accepté à contrecoeur en décembre des valeurs maximales plus basses pour les niveaux d’exigences de A à G. Cela afin d’éviter que le personnel CFF soit divisé en plusieurs branches, où les salaires auraient subi une pression encore plus extrême. Le SEV a obtenu au préalable une augmentation de 1% pour les valeurs maximum et minimum. Le SEV est derrière ce résultat de négociations.

Le SEV a cependant de grandes réserves sur la multiplication frappante des classifications plus basses dans certains domaines et métiers CFF. C’est pourquoi il a fait des requêtes collectives pour vérifier les classifications de 80 fonctions.

Fi/hk

Des RH dépassées

Il semble aussi dans une certaine mesure qu’il manque aux RH tout simplement du personnel ou des compétences spécialisées. Un délégué a exprimé de façon claire et nette son écoeurement face à ces résultats jusqu’ici défaillants, sous des applaudissements vigoureux. Le président SEV Giorgio Tuti a rappelé que les gens des RH ont traversé une réorganisation qui n’aide bien sûr pas les responsables concernés.

L’attention a été attirée plusieurs fois sur la proportion particulièrement élevée des cas de garantie dans certains domaines – par exemple à la division Infrastructure pour les travaux, dans les postes d’aiguillage ou les gares marchandises ainsi que dans les ateliers industriels de la division voyageurs.

Il y a maintenant là des jeunes ouvriers de 25 à 30 ans qui sont déjà au maximum salarial ou au-dessus dans leur niveau d’exigence, a rapporté un collègue d’un atelier industriel. « Beaucoup sont déçus à cause de ça ! » Car dans un tel cas, seules des primes ponctuelles pour des prestations particulières ou des hausses générales de salaires permettent d’obtenir une augmentation de revenu – du reste pour ce dernier point c’est uniquement grâce au nouvel accord qui fait profiter les travailleurs avec garantie de la moitié des hausses de salaire.

Il y a des collaborateurs avec garanties de salaire qui gagnent 9000 francs de plus que le maximum de leur niveau d’exigence, a rapporté un délégué. « Ces gens n’ont absolument plus aucune perspective de salaire ! » Beaucoup resteraient même sous garantie s’ils passaient dans le niveau d’exigences supérieur, et cela pourrait mettre en péril leurs chances de promotion en cas de changement de fonction volontaire. Ceux qui acceptent une augmentation du taux d’activité sur demande de l’entreprise, et qui veulent ensuite à nouveau le réduire risquent également de voir la garantie tomber.

Ce dernier point n’est pas exact, a expliqué le secrétaire syndical SEV Philipp Hadorn, la garantie de salaire est assurée pour le taux d’activité en vigueur. Il en va autrement d’un changement volontaire de fonction. Dans ces cas il vaut la peine d’être prudent, et de consulter la protection juridique SEV avant de signer quoi que ce soit.

Problèmes de motivation

Comment les collaborateurs seront-ils motivés à prendre une charge plus lourde avec des tâches supplémentaires, sans aucune forme de compensation ? Philipp Hadorn voit cela comme un problème auquel les CFF doivent trouver des solutions concrètes maintenant.

Celles-ci sont également nécessaires dans les secteurs où les 29 échelons de fonction ont été réduits à 15 niveaux d’exigence, suite aux voeux des CFF. La conséquence est que davantage de gens des anciens domaines d’activités sont maintenant classés au même niveau. Peu importe s’ils accomplissent des tâches supplémentaires et s’ils ont acquis les compétences nécessaires ou non, par exemple dans la vente.

Plusieurs collègues ont exprimé le soupçon que les CFF pourraient tout simplement rayer les garanties 2011 quand la CCT expirera en 2014. On ne peut pas faire un tel procès d’intention aux CFF, ont rassuré Philipp Hadorn, Manuel Avallone et Giorgio Tuti. Jusqu’ici les garanties de salaire des CFF ont toujours été illimitées, les garanties 2011 expressément aussi, et au cas où les CFF voudraient soudain les appliquer autrement, le SEV saura se défendre.

Des classifications à corriger !

Nous sommes d’accord que la mise en oeuvre de Toco se fait de manière tout sauf idéale. Les CFF doivent maintenant prouver que les classifications se font partout avec des descriptions de postes actuelles et correspondant à la réalité, ainsi que la chaîne de fonction et les modèles de description qui s’y rapportent », résume Manuel Avallone. Il esquisse les étapes suivantes : à côté des demandes individuelles, le SEV a fait des requêtes collectives pour 80 fonctions, parce qu’il nourrit le soupçon tout à fait fondé que celles-ci ne sont pas classées correctement. Les CFF doivent maintenant démontrer lors de séances communes avec le SEV comment ils en sont arrivés à ces classifications et corriger les erreurs de classements. Les requêtes concernent des milliers de collaborateurs et ceux qui reçoivent un avertissement des RH CFF malgré le dépôt d’une requête (comme ceux qui n’ont pas réagi au délai du 15 septembre sur la lettre d’information des CFF de fin mai) doivent s’annoncer au SEV.

Exposé de Giorgio Tuti

Giorgio Tuti a esquissé dans un exposé le tableau du difficile environnement économique actuel et il a établi, en vue des futures négociations salariales, que le domaine des TP n’est pas touché par le franc fort – excepté pour les chemins de fer touristiques, les diminutions de capital des caisses de pensions et les pertes déplorées à Cargo, que les CFF ont cependant pu compenser jusqu’ici par des achats plus avantageux.

La commission CCT a aussi traité du sujet des négociations salariales, en siégeant après la conférence CCT. Celle-ci a d’abord confirmé les 20 membres de la commission CCT proposés par les sous-fédérations et les commissions.

Fi/hk