| Actualité / journal SEV, Politique européenne des transports

Chemins de fer allemands

Deutsche Bahn : Investir plutôt que scissionner !

Banderoles du syndicat EVG le 1er mai à Coblence. Photo : EVG.

Lorsqu’elle est arrivée au pouvoir à l’automne 2021, la coalition SPD, Verts et FDP voulait inscrire dans l’accord de coalition une scission de la Deutsche Bahn (DB) entre les infrastructures et l’exploitation. Le syndicat des cheminots et des transports (EVG) s’est mobilisé contre ce projet. Finalement, la coalition a convenu d’une fusion des deux sociétés d’infrastructure DB en une « infrastructure axée sur le bien commun ». Pour cette réorganisation encore floue, EVG a récemment défini des lignes rouges, pour éviter une scission par des moyens détournés. Il exige un financement suffisant pour des aménagements ferroviaires urgents.

Bien que la DB soit divisée en plusieurs sociétés individuelles, elle fonctionne toujours selon le principe du « chemin de fer intégré ». Cela signifie que la construction et l’entretien du réseau ainsi que son exploitation sont dans une seule main, par un groupe commun – bien que la Commission européenne, avec une foi inébranlable dans les bienfaits de la concurrence, exige de séparer strictement les opérations ferroviaires de l’infrastructure. Lorsque la « coalition tricolore » est arrivée au pouvoir à l’automne 2021, outre le FDP, les Verts aussi voulaient au départ scinder la DB. Mais le syndicat EVG s’y est opposé et a organisé le 16 novembre à Berlin une grande manifestation – voir «La Deutsche Bahn menacée de scission» dans le Journal SEV no 14/2021.

Après cela, les partis au pouvoir ont reconnu, dans l’accord de coalition, le groupe DB intégré, tout en déclarant leur intention de fusionner DB Netz AG (le réseau) et DB Station & Service AG (gares et services) dans une nouvelle « Division Infrastructure axée sur le bien commun ». Cette orientation signifie aussi qu’il est renoncé à exiger de maximiser les profits. EVG écrit à ce sujet : « Si l’infrastructure ferroviaire doit être orientée vers le bien commun au lieu de générer des profits, alors c’est à la fois une opportunité et un défi, car il faut avant tout clarifier à quoi ressemble le financement durable des installations et de leur maintenance. »

Réorganisation pas encore claire

Susanne Henckel du Ministère fédéral du numérique et des transports a mentionné, en novembre 2022, quatre priorités pour la nouvelle société d’infrastructure « InfraGo » : l’infrastructure dans une seule main par la fusion de DB Netz et Station & Service ; un financement durable et plus facile ; un contrôle par le gouvernement fédéral et une plus grande transparence grâce au monitoring ; une approche axée sur les solutions grâce à des changements rapides dans la législation. Mais beaucoup de choses sont restées floues jusqu’ici. En avril dernier, la Commission des monopoles, un organisme consultatif indépendant auprès du gouvernement, a critiqué le projet, disant qu’une séparation complète de l’infrastructure et du transport serait plus avantageuse. Les partis CDU et CSU appellent également à la séparation du réseau et de l’exploitation. Bref, la scission n’est pas encore politiquement exclue.

Revendications du Syndicat EVG

Le 26 avril, le Comité fédéral de la CED a adopté les « lignes rouges » suivantes sur le « secteur des infrastructures orienté vers le bien commun » :

1. À long terme, plus de fonds doivent être dégagés pour l’infrastructure ferroviaire et l’ensemble du système ferroviaire.

2. Pas de résiliation des accords dits de maîtrise et de transfert de profits et pertes, car ils garantissent que le groupe DB peut agir de manière intégrée, tant sur le plan opérationnel que financier. Cela offre de nombreux avantages pour le système ferroviaire dans son ensemble, comme un marché du travail à l’échelle du groupe extrêmement important en période de pénurie de travailleurs qualifiés.

3. Les deux sociétés d’infrastructure, DB Netz AG et DB Station & Service AG, doivent être transférées à la nouvelle Division infrastructure dans leur structure actuelle, et maintenues en tant qu’entités commerciales indépendantes.

4. Les sociétés de services DB d’aujourd’hui doivent être préservées et continuer à faire partie du groupe intégré. Elles et leur savoir-faire sont indispensables pour l’exploitation ferroviaire et la maintenance des infrastructures.

5. Pas de restriction de la cogestion et préservation de la structure des organes de cogestion.

Des milliards manquent encore

EVG note : « Une chose est claire : l’infrastructure ferroviaire est désespérément sous-financée depuis des décennies. Elle est surchargée et en partie désuète ». La coalition tricolore a bien annoncé en mars des mesures pour la promotion du rail à la hauteur de 45 milliards d’euros supplémentaires jusqu’en 2027, mais il n’y a que 20 milliards qui sont financés par l’augmentation et l’extension de la taxe poids lourds annoncée également. « Les départements sont maintenant appelés à mettre en œuvre la volonté des dirigeants de la coalition sans compromis », a souligné Martin Burkert, dirigeant d’EVG.

Sont prévus en particulier des fonds supplémentaires destinés à l’aménagement des infrastructures et à l’extension des services de transport régional après l’introduction du Deutschlandticket à 49 €, ainsi qu’à la promotion du transport par wagon complet et du transport combiné, notamment par une nouvelle réduction du prix des tracés.

Markus Fischer
Enable JavaScript to view protected content.

Le conflit salarial

EVG négocie de nouvelles CCT pour env. 230 000 employé-e-s, dont 180 000, travaillent à DB. Le 26 avril, il a rompu le 3e cycle de négociations. « Cela peut signifier qu’il y aura de nouvelles grèves », a déclaré Kristian Loroch, responsable EVG. Le 21 avril, une grève d’avertissement de huit heures, menée par EVG, a paralysé les trains dans tout le pays, tout comme la 1re grève du 27 mars. EVG revendique au moins 650 euros de plus par mois pour tout le monde et que le salaire minimum sans les indemnités atteigne au moins 12 euros de l’heure.