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Jura

Mise au concours: «On pensait les TP intouchables»

L’appel d’offres des lignes de bus jurassiennes se termine le 28 novembre. A quelques jours de la date butoir, Jean-Charles Froidevaux témoigne. Conducteur de bus aux Chemins de fer du Jura (CJ), il évoque sans détours ce dossier: «Lors de l’annonce de la volonté de mettre les lignes au concours, mes collègues et moi on n’a pas forcément réagi. On a eu des difficultés à voir le danger qui guettait. On pensait que les transports publics étaient intouchables. D’ailleurs, dans la population nombre de personnes que j’ai rencontrées ne voyaient pas vraiment le problème et estimaient qu’on ne risquait rien du tout.» C’était en été 2017. De l’eau a coulé sous les ponts depuis. Aux CJ depuis deux ans et demi, il a travaillé auparavant une année durant chez CarPostal après que la Poste eut externalisé son service de livraison de courrier par camion où Jean-Charles était employé.

«Aujourd’hui, on voit bien où est le danger. Qu’on travaille aux CJ ou à CarPostal on est soumis à des CCT de valeur comparable. Si une entreprise étrangère obtient le marché, il n’y a aucune garantie de bénéficier d’une CCT. Le gouvernement jurassien a trahi la volonté populaire. 4000 personnes ont signé la pétition demandant le respect des CCT existantes, des CJ et de CarPostal. Et le gouvernement balaie d’un revers de la main la volonté du Parlement qui a voté une motion allant dans le même sens que la pétition! Le canton se cache derrière des arguments juridiques pour ne respecter la volonté parlementaire.» Une péjoration des conditions d’engagement est bien réelle si le personnel doit changer d’employeur. «Et je n’ai pas envie de changer de boîte. Je suis attaché à mon employeur», souligne le citoyen de Saignelégier.

Le dumping que favorise le canton du Jura aura au moins réussi à fédérer les conducteurs de CarPostal et ceux des CJ. Unis derrière une même lutte pour défendre leurs CCT. Le canton aurait pu les inscrire dans l’appel d’offres comme conditions pour soumissionner - comme il a d’ailleurs inscrit la CCT cadre bernoise pour les lignes transcantonales - mais il ne l’a pas fait.

Les conducteurs et conductrices ne relâchent pas la pression et préparent déjà la prochaine action symbolique.

Vivian Bologna