Mises au concours
Les appels d’offres dans le Jura mettent en danger les conditions de travail des conductrices et conducteurs
Le canton du Jura a mis au concours ses lignes de bus concessionnées. Il compte ainsi économiser environ 1 million de francs par an. Cette situation comporte de gros risques pour les conductrices et conducteurs concernés, car les directives et les bases légales appliquées ne protègent pas suffisamment leurs salaires, leurs conditions de travail et leurs emplois. En même temps, ils ne se sentent pas pris au sérieux par le gouvernement jurassien. C’est pourquoi ils interpellent maintenant la population avec le SEV et syndicom pour indiquer clairement qu’ils combattront la détérioration de leurs conditions de travail.
Lorsque le canton du Jura a annoncé vouloir mettre au concours toutes les lignes de bus concessionnées, les chauffeurs sont immédiatement devenus actifs. En décembre 2017, ils ont soumis au Parlement jurassien une pétition munie de 4´000 signatures pour exiger que les soumissionnaires concluent une CCT et, surtout, qu’ils respectent les salaires et les horaires de travail usuels dans le Jura. En janvier 2018, le Parlement jurassien a adopté une motion contenant ces revendications. Aujourd’hui, les chauffeurs constatent que le gouvernement a ignoré leurs revendications ou qu’il ne les a pas suffisamment prises en compte.
Une réponse du gouvernement jurassien confirme que ni les salaires moyens ni les CCT CarPostal et CJ en vigueur ne sont pris en considération dans les critères d’adjudication. En lieu et place, on se réfère au salaire minimum usuel dans la branche de 58´300 francs, qui est inférieur d’environ 25% au salaire moyen des chauffeurs dans le Jura. Cela ouvre la porte à la sous-enchère salariale et au dumping social. Pour Jean-Pierre Etique, secrétaire syndical SEV en charge des CJ, "il est impératif que les usages usuels dans la région soient respectés par l'entreprise qui soumissionne. C'est d'ailleurs ce que prévoit la Loi jurassienne sur les transports publics."
Les chauffeurs se défendront dans le Jura si les appels d’offres devaient déboucher sur une détérioration des conditions de travail ou même entraîner des licenciements parce qu’ils sont remplacés par du personnel meilleur marché venant de Suisse ou de l’étranger. Les chauffeurs concernés peuvent compter sur le soutien du SEV et de syndicom. De plus, ils comptent sur le soutien de la population, qui est habituée à un service public complet et de bonne qualité et qui ne souhaite pas le compromettre aux dépens des chauffeurs.