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Carte blanche à Valérie Solanco

Femmes et transport

comme nous parlions de la grève des femmes, une jeune conductrice me faisait remarquer: « Mon salaire c’est pas le problème. Là où il faudrait changer les choses, c’est dans les conditions de travail, parce que les horaires et la garde de jeunes enfants, alors là, ça craint ! » En Suisse, les femmes représentent plus ou moins 10% des effectifs dans les transports publics. Les entreprises sont encore bien loin de chercher des solutions pour leurs conductrices. Mais face à un problème de recrutement, les femmes deviennent une potentielle main-d’œuvre.

Parce que les femmes ont des besoins différents en termes d’horaires et de conditions de travail, leur arrivée est une chance pour la profession. En effet, en remettant en cause ce qui parait intangible – la structuration des horaires, la pénibilité, la fatigue - la féminisation des métiers des transports a un effet bénéfique sur les conditions de travail… des hommes ! Car le changement, ce n’est pas tant les décisions du management « de promouvoir l’emploi des femmes » que des aspects pratico-pratiques qui modifient comportements et les manières de faire.
Concrètement, le premier effet de la féminisation du métier, c’est l’amélioration des installations et le renforcement des dispositions en matière d’hygiène, comme l’aménagement de toilettes le long et à l’extrémité des lignes ; les changements dans l’ergonomie, avec des sièges ou des uniformes plus adaptés à la morphologie de chacune et chacun.

L’organisation particulière du travail dans les transports publics urbains pose des obstacles aux femmes non seulement à l’embauche mais tout au long de la carrière. Les spécificités de la production constituent en effet une épreuve pour concilier vie professionnelle et vie privée : travail en rotation, horaires irréguliers et atypiques, travail le soir et le week-end. Pour permettre aux femmes d’envisager avec intérêt les emplois dans les transports publics, il faudra rapidement des modèles de travail à temps partiel, des possibilités de flexibilité négociées, des mesures pour les interruptions de carrière, des modalités pour des congés parentaux, des solutions pour le partage d’emploi, la mise en place de solutions de garde en cas de maladie d’enfant. C’est d’autant plus ambitieux que les directives concernant la maternité et les congés allaitement ne sont pas encore appliquées - voire parfois ignorées - dans nombre d’entreprises et les femmes osent à peine les mentionner.

Et finalement, quand ces éléments seront inclus dans les CCT, les stéréotypes et les discriminations quant à la soi-disant nature des femmes qui empêcherait ceci ou cela, et qui sont les plus complexes à changer, auront l’air de dater d’un âge préhistorique. Ce qui est bien le cas !

Valérie Solano, Secrétaire syndicale

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