Stéphane Chevalier a présidé la section VPT MBC durant cinq ans
Le syndicalisme discret
Stéphane Chevalier a laissé sa place de président à Andrew Ringoir lors de la dernière assemblée générale du personnel MBC. Après 5 années, il se dit épuisé par la tâche, n’ayant peut-être pas su déléguer suffisamment. Portrait d’un homme discret, ne voulant pas faire de vagues.
Stéphane Chevalier n’aime pas être sur le devant de la scène. Les manifestations nationales, ce n’était pas vraiment sa tasse de thé. Cet ancien agent de train a présidé la section MBC durant un peu plus d’une période administrative, pour «rendre service aux collègues, puisqu’il n’y avait personne d’autre qui en voulait». Stéphane Chevalier ne se sentait pas vraiment fait pour le poste, «j’avais des craintes dès le départ», explique-t-il, lui qui s’était surtout intéressé au départ à la fonction de secrétaire, qu’il a exercé à peine une année. Bileux, il a au final mal vécu certaines accusations et un certain stress, et a décidé de quitter le navire l’automne dernier. Lorsqu’une fonction commence à empêcher de dormir, c’est qu’il est temps de changer....
Une entreprise qui va bien
Mais Stéphane quitte une section qui va bien. L’arrivée du nouveau directeur dans l’entreprise, François Gatabin, il y a plus de deux ans, a amené un souffle nouveau, bienvenu. La section a pu négocier une bonne convention collective de travail. Le secrétaire syndical SEV, Christian Fankhauser, se montre très présent et suit la section avec beaucoup de compétence, ce qui est fort agréable pour le président.
Des traits de caractère à avoir pour être syndicaliste?
Lui qui sait bien qu’il n’aime pas le conflit et qu’il est inquiet de nature, comment s’est il donc retrouvé à la tête d’une section syndicale, domaine à priori peu adéquat pour ce genre de personnalité? «J’ai été propulsé à ce poste sans l’avoir vraiment voulu. Les débuts ont été difficiles. J’ai trop pris les tâches à mon compte, je n’ai pas su déléguer et cela m’a épuisé. Il me semble avoir manqué de soutien. Une bonne partie de mon temps libre y passait. Alors que j’ai besoin de temps pour moi, de temps calme et de moments avec ma fille» explique-t-il. «Je ne me reconnais pas vraiment dans le syndicalisme à la française. Je suis plus pacifiste. Je me reconnais dans un syndicalisme moderne et pas vraiment dans ce qu’on appelle «la lutte ouvrière». Je ne suis pas un combatif et j’aime plutôt les situations win-win. Le fonds du problème est certes le même, la défense des travailleuses et travailleurs, mais c’est la façon de l’aborder qui est un peu différente. Au MBC, tout va assez bien, il faut aussi pouvoir le dire. Le président de section est désormais invité aux séances de cadres, trois à quatre fois par année. Certains trouvent cela inadéquat, moi je trouve au contraire que c’est utile. Avec la direction, on n’est pas toujours d’accord sur les résultats mais le directeur cherche le dialogue, ça me convient bien. Je suis pour une partenariat en toute quiétude avec la direction, moi qui supporte mal les conflits. Peut-être qu’effectivement, ça ne correspond pas à l’idée qu’on se fait du syndicalisme.»
Donc tu ne viseras jamais un poste de secrétaire syndical? «Oh non! Ce n’est vraiment pas fait pour moi, je n’en dormais plus!»explique-t-il.
Un regret: ne pas avoir été davantage sur le terrain
Il a cependant beaucoup apprécié les dernières négociations CCT, «un travail très enrichissant. J’ai appris à réfléchir aux conséquences possibles avant d’accepter quelque chose.» Lorsqu’il regarde en arrière, il regrette une chose, c’est de ne pas avoir eu le temps d’être davantage sur le terrain, notamment avec les conducteurs de bus de Tolochenaz. «J’imagine que le nouveau président aura l’occasion d’être plus présent à leurs côtés, de par son lieu de domicile notamment, ainsi que son lieu de service.»
C’en est fini du travail syndical pour toi alors? «J’assume encore la présidence du comité d’organisation de l’Assemblée VPT romande 2018 à Cossonay. Globalement, je ne regrette pas cette expérience, mais j’étais content de trouver quelqu’un qui reprenne la section. Cela m’a soulagé de pouvoir faire la transition. J’ai pu quitter sereinement, avec le sentiment du travail accompli.»
Henriette Schaffter
Stéphane Chevalier est âgé de 41 ans, il est marié et papa d’une petite fille de 7 ans. Il travaille à 100% comme mécanicien de locomotive au MBC.
Agent de train CFF de formation de base, il a quitté, alors qu’il adorait son travail, en raison du surcroît d’agressivité des passagers. «Je n’en dormais plus la nuit» raconte-t-il. Il est devenu mécano au LEB, puis a travaillé dans la Vente CFF (Lausanne, Brigue, Yverdon, Vallorbe, etc.). Il a passé ensuite une année à Travys puis une saison comme batelier à la CGN (un rêve qui se réalise...). Arrivé au MBC fin 2009, il conduit désormais les trains, ce qui correspond également à un de ses rêves de départ. «Tout ce que je voulais faire dans les transports publics, je l’ai fait» explique-t-il. Et je suis revenu aux sources, puisque j’habite maintenant à Cossonay, là où j’ai passé une bonne partie de mon enfance. Stéphane s’est engagé au niveau communal, au sein du législatif, durant trois législatures. Il vient d’arrêter son mandat, en automne 2016 mais reste membre de la formation «Cossentente». Il va d’ailleurs profiter de ce regain de temps libre pour «prendre le temps de ne rien faire». Il aime aussi se balader en montagne, s’occuper de sa fille et voyager. Il partira d’ailleurs à la découverte de la Corée du Sud l’été prochain.