Mardi 10 et mercredi 11 mai: les secrétaires syndicaux SEV et les CoPe à la rencontre du personnel des CFF
Arc jurassien : réorganisation insensée chez Cargo
L’action de terrain menée par le SEV la semaine dernière a permis d’aller notamment à la rencontre des collègues de l’Arc Jurassien, touchés par la énième réorganisation de Cargo qui se traduit par de la démotivation, de la colère et de l’incompréhension.
La réorganisation en cours à Cargo dans l’Arc jurassien a le mérite de faire l’unanimité contre elle. La vingtaine d’employés de Cornaux, Neuchâtel, Reuchenette et Delémont seraient tous centralisés à Bienne dès le changement d’horaires de décembre. Ils viennent d’en être informés par leur direction. Une décision à l’envers du bon sens pour le SEV et la CoPe qui ont rendu visite aux collègues le mardi 10 mai.
Premier gros problème:la langue
Les collègues francophones de la manœuvre et les contrôleurs techniques – les visiteurs – rencontrés sont unanimes : comment collaborer comme il se doit quand on ne parle pas la langue de l’autre ? Les équipes de travail prévues à Bienne seront bilingues. Ce qui peut être une richesse se transforme ici en handicap dangereux. « Il y a eu un accident sans conséquence dramatique récemment. Un de nos collègues a dû se coucher sous un véhicule pour ne pas y passer. Il y avait eu un problème de compréhension avec un collègue germanophone », raconte-t-on au local de pause. « Avec ce genre de situation, on va au boulot la boule au ventre », appuie Jean-Pierre Etique, secrétaire syndical SEV, chargé du dossier.
L’aspect sécuritaire n’est pas le seul à être pointé du doigt. D’un point de vue de l’attractivité professionnelle, ce n’est guère mieux. Sur les quatre sites concernés, les spécialistes RCP peuvent faire un travail varié. « Quand on sera à Bienne, je poserai juste des sabots, comme il y a 30 ans en arrière », souligne ce collègue expérimenté, entre colère et dépit.
Augmentation du temps improductif
Une réorganisation peu valorisante et démotivante pour le personnel qui peine à voir l’amélioration qu’apportera ce changement pour Cargo. « Surtout qu’on prendra notre service à Bienne pour ensuite rejoindre nos lieux actuels car c’est là qu’est le boulot ! » De Bienne à Delémont il y en a pour 40 minutes de trajet improductif à l’aller et autant au retour, rappelle Jean-Pierre Etique. Bienne-Cornaux, c’est 30minutes de trajet inutile, « alors qu’il y a entre 6000 et 11000 tonnes de marchandises qui y sont chargées chaque jour ». Proches des clients régionaux de Cargo, les collègues rencontrés ont eu vent de réactions d’incompréhension. « Cargo va perdre des clients, c’est certain », peut-on entendre. De son côté, Yannick Durand, président CoPe Trois-Lacs-Rhône-Tessin assure que la CoPe avait été avisée dans les grandes lignes de réorganisations chez Cargo. « A aucun moment, ni la CoPe, ni le SEV n’auraient accepté une telle réorganisation ! »
Ce changement a aussi pour objectif de rationnaliser les ressources. « La visite technique des trains de 300 mètres à Cornaux sera effectuée par un seul visiteur au lieu de deux jusqu’à ce jour. De plus, outre les contrôles techniques, les visiteurs devront aussi effectuer les tâches qui étaient attribuées aux spécialistes RCP, soit le contrôle au départ qui permet d’avoir la vision complète du train avec toutes les données relatives aux types de marchandises et à la charge exacte de ces derniers. Avec cette surcharge de travail, les visiteurs risquent d’être confrontés à des choix difficiles pour des agents qui souhaitent faire leur travail au plus près de leur conscience. Avec pour conséquence des retards sur l’horaire. La clientèle risque d’être fortement insatisfaite. Ou alors la pression liée à la ponctualité pourrait engendrer des conséquences dramatiques. On ne veut pas d’un deuxième Daillens », avertit Jean-Pierre Etique.
Vie privée prétéritée
Nombre de collègues verront leur temps de déplacement augmenter drastiquement pour rejoindre Bienne. Même si durant la première année, le surplus de temps est ajouté, ceux qui ne prévoient pas de déménager auront des conditions de vie nettement péjorées. Avec des 3/8, bonjour l’adéquation vie privée/vie professionnelle. Sans compter que la plupart des personnes touchées ont plus de 50 ans. Pour certains, le surplus de trajet ne pourrait être compensé que par l’achat d’une voiture. « Alors que ça fait des années qu’on perd en pouvoir d’achat. » « Il ne faut pas oublier non plus que certains n’ont pas de permis de conduire et que cette réorganisation les préoccupe au plus haut point. Pour des employés ayant plus de 30 ans de fidélité à l’entreprise et qui n’ont jamais choisi de travailler à Bienne, il sera certainement impossible d’accepter un tel déplacement, Il s’agit là d’une drôle de manière de remercier son personnel », renchérit Jean-Pierre Etique.
« En tout cas, si vous continuez à vous mobiliser, la direction devra vous entendre ! » Le coach des sections Baptiste Morier a transmis son énergie aux collègues.
Le SEV ne lâchera pas le morceau
Prochaine étape : une lettre au CEO Nicolas Perrin pour tenter d’inverser la tendance. La desserte régionale semble disparaître à vitesse grand V. Le chef de région aurait annoncé l’abandon de la desserte des gares de La Chaux-de-Fonds, des Hauts-Geneveys et du Col-des-Roches. Qu’en sera-t-il de la desserte de la ballastière flambant neuve de Delémont ?
La réorganisation de Cargo dans l’Arc jurassien pose cette question de fond : quel avenir pour Cargo s’il se coupe de ses petits clients et s’il démotive ses employés à coup de réorganisations insensées ? Mais aussi : les marchandises ont-elles un avenir sur le rail ? Le peuple avait pourtant fait son choix.
Vivian Bologna
Commentaires
Rolf Schenk 07/11/2019 08:01:31
Die SBB reorganisiert einmal hin und einmal her. Jeder neue Manager verkündet seine hehren Ziele, Missionen und Visionen, die bald wieder wie Seifenblasen platzen. Ein Ziel kann ich nach 30 Jahren in der Firma längst nicht mehr erkennen.