20 avril 2023 | Actualité / journal SEV

Retraites

LPP 21 : signez le référendum !

Le 17 mars, la majorité de droite du parlement a adopté le projet LPP 21, qui se traduira par une baisse des rentes versées par le deuxième pilier. Conseil fédéral, droites et milieux patronaux continuent leurs attaques contre le système des retraites. Le 31 mars, syndicats et partis de gauche ont lancé le référendum encarté dans ce numéro. À vos stylos !

Au cœur de la réforme de la prévoyance professionnelle (LPP 21), on trouve la baisse du taux de conversion. Celui-ci est appliqué au capital de retraite épargné dans une caisse de pension. Il permet de calculer le montant de la rente LPP versée à la retraite. Le parlement a décidé de le faire passer de 6,8 % à 6 %. En d’autres termes, pour 100 000 francs de capital de prévoyance, la rente versée chaque année ne s’élèvera plus qu’à 6000 francs, contre 6800 francs actuellement. Conséquence immédiate : Le capital constitué par un rentier durant son activité professionnelle aboutira à une rente plus petite. Selon les calculs de l’Union syndicale suisse (USS), la baisse pourra atteindre 3240 francs par an. Un montant auquel s’ajouteront les pertes de pouvoir d’achat dues à la hausse constante des primes d’assurance maladie et à l’absence de compensation du renchérissement dans le 2e pilier, souligne la faîtière syndicale. Cette attaque contre le pouvoir d’achat des salariés et retraités est d’autant plus inacceptable que l’argument principal brandi par ses partisans de droite vient de tomber à l’eau. Longtemps, la réduction a surtout été justifiée par le fait qu’il y avait trop peu de possibilités de placement sûres et rentables pour garantir des rentes si élevées. Avec le retournement des taux d’intérêt, cela n’a plus lieu d’être.

Compensations à la baisse

Au parlement, les discussions ont notamment porté sur les compensations nécessaires pour faire accepter la baisse du taux de conversion. En lien avec un projet concocté par l’USS et l’Union patronale suisse, le Conseil fédéral a proposé de compenser ces baisses pour l’ensemble des assuré-e·s et sans limitation dans le temps, via une cotisation de solidarité de 0,5 % touchant aussi les très hauts salaires. Les élus fédéraux ont fortement revu le mécanisme à la baisse. Finalement, seule la moitié de la « génération transitoire », soit les quinze premières années qui suivront l’entrée en vigueur de la réforme, touchera une compensation. Celle-ci se montera à 200 francs au maximum (pour les personnes ayant accumulé un capital inférieur ou égal à 215 000 francs ; au-dessus, le montant sera plus bas) et sera dégressive. Au-delà de la période transitoire, il n’y aura plus aucune compensation pour les personnes n’appartenant tout juste plus à la génération transitoire. Dans cette catégorie d’âge, ceux dont le revenu mensuel est supérieur à environ 4500 francs verront leurs rentes baisser, ce qui représente environ la moitié des femmes et trois quarts des hommes.

Cotisations à la hausse

Autre point fort de la révision : la baisse de la déduction de coordination, cette part du salaire sur laquelle employeurs et employés ne paient pas de cotisations LPP. Fixé à 25 725 francs aujourd’hui, son montant représentera désormais les 20 % du gain. Ce système se traduira par une augmentation des cotisations – puis des rentes – pour les personnes touchant de bas salaires et les temps partiels. Cet élément explique les réticences de certains secteurs patronaux, notamment l’Union suisse des paysans et Gastrosuisse, opposés à LPP 21.

Selon les exemples de calcul de l’USS, les rentes s’amélioreraient dans quelques décennies uniquement pour les personnes à très bas revenu ou travaillant à temps partiel. Toutefois, leurs rentes n’augmenteront réellement que si leur épargne dans le 2e pilier ne perd pas de sa valeur à cause de l’inflation. Ce qui est sûr, c’est qu’elles verront une baisse immédiate de leur revenu net avec des cotisations qui augmenteront massivement. En revanche, le revenu net de nombre de ces assurés ne va pas grossir à la retraite, car ils continueront de dépendre des prestations complémentaires (PC).

Payer plus, toucher moins

En résumé, pour les assurés à bas revenu et touchant des petites rentes, la situation se dégradera : leur salaire net baissera alors que les PC seront allégées. Où est passée la promesse d’améliorer les rentes pour les femmes et des personnes à bas revenus ? Oubliée ! Après le relèvement de l’âge de la retraite, voilà que les femmes seraient touchées de plein fouet par la baisse du taux de conversion minimal et l’augmentation des déductions salariales.

Enfin, le seuil d’accès au 2e pilier sera abaissé. Au lieu de toucher 22 000 francs par an pour cotiser à la LPP, il faudra désormais gagner au moins 19 800 francs pour pouvoir assurer au moins 100 000 personnes supplémentaires.

Le référendum est lancé

Pour l’Union syndicale suisse, LPP 21 se traduira par un recul net : « Les personnes proches de la retraite ne toucheront qu’un quart de la compensation intégrale des réductions de rentes. Ceux qui sont hors de la génération de transition devront payer plus pour toucher moins de rentes. Même les très jeunes salariés.» Le président de l’USS, Pierre-Yves Maillard, dénonce de son côté les manœuvres des partis bourgeois, pour lesquels « il est simplement insupportable que les plus riches soient un peu plus solidaires ».

La LPP 21 « illustre à quel point la majorité bourgeoise a abandonné la promesse de garantir une retraite décente pour tous les salariés, allègrement soutenue par les lobbyistes du secteur de la finance et des assureurs », résume l’USS. Pour contrer cette attaque antisociale, il est indispensable de signer et faire signer le formulaire référendaire encarté dans ce journal !

Yves Sancey