Women in Rail: Accord au niveau européen
Depuis bientôt deux ans, la Fédération européenne des travailleurs des transports (ETF) et la Communauté européenne du rail et des Compagnies d’infrastructure (CER) négocient sur des mesures contraignantes visant à rendre les conditions de travail plus attrayantes pour les femmes dans les entreprises de chemins de fer européennes. En effet, la part des femmes reste très basse parmi le personnel ferroviaire européen: elle se monte à seulement 21% en moyenne. Le 30 juin il a été possible de parvenir à un accord.
Le président SEV Giorgio Tuti a participé activement aux négociations en tant que président de la section Rail de l’ETF. Interview.
Pourquoi l’ETF et la CER ont-elles entamé des négociations en octobre 2019 sur un accord intitulé Women-in-Rail ? De quoi s’agit-il ?
Giorgio Tuti: Il s’agit d’améliorer de manière durable les conditions de travail et d’engagement des femmes dans les entreprises ferroviaires et de les rendre plus attrayantes, de manière à ce qu’un plus grand nombre de femmes aient envie de travailler dans les chemins de fer. Les entreprises auront bientôt besoin de ce personnel car d’ici quelques années, les enfants du babyboom partiront à la retraite. Dans les chemins de fer le besoin en personnel se fera particulièrement ressentir car, espérons-le, en tant que moyen de transport écologique ils transporteront encore plus de passagers et de marchandises. C’est pourquoi il faut augmenter les effectifs, surtout parmi le personnel en contact direct avec la clientèle. Selon les derniers sondages dans toute l’Europe*, en 2018 il y avait parmi 1,5 million d’employé-e-s des chemins de fer seulement 21% de femmes et ces dernières années, ce taux n’a augmenté que de 1,1% par année au maximum. Avec un tel tempo, il faudrait attendre encore plusieurs décennies avant que les femmes ne soient représentées de manière adéquate dans le système ferroviaire. Cela nous montre l’urgence d’avoir un accord contraignant conclu entre les partenaires sociaux obligeant les entreprises ferroviaires à apporter des améliorations pour les femmes dans le sens d’une égalité de traitement.
Quelles sont les mesures prévues par l’accord ?
Des objectifs sont fixés pour permettre de recruter plus de femmes. D’autres mesures concernent la conciliation entre profession et famille. Et nous nous sommes concentrés aussi sur les promotions et l’évolution dans la carrière, l’égalité salariale, la protection de la santé, la sécurité sur la place de travail et la lutte contre les agressions sexuelles et le sexisme. Nous, les syndicats, allons garder un oeil sur la manière dont seront appliquées ces mesures.
L’accord du 30 juin est seulement «provisoire», comme le précise le communiqué de presse de l’ETF et de la CER. Que faut-il comprendre ?
Les partenaires sociaux se sont mis d’accord sur le principe, mais nous devons encore affiner certains termes de l’accord. Et les organes dirigeants de la CER et de l’ETF doivent encore l’accepter officiellement. L’assemblée générale de la CER qui se déroulera le 20 septembre votera probablement sur ce sujet, et la section Rail de l’ETF se prononcera au plus tard en octobre. Donc la signature et la célébration pourront se dérouler en novembre à Bruxelles.
Comment se sont passées ces négociations pour toi ?
Les négociations resteront toujours des négociations. Au niveau européen elles ne sont pas plus faciles qu’en Suisse. Et elles sont encore compliquées par le multilinguisme et les diverses sensibilités et cultures des parties engagées. Vers la fin des négociations les choses se sont corsées et le ton s’est parfois durci,. Cela fait partie du jeu. Car l’enjeu est de taille : le résultat doit être appliqué dans toute la branche ferroviaire et dans l’Europe entière. Il est normal que les esprits s’échauffent. Mais nous sommes tous satisfaits du résultat obtenu.
* Selon le rapport 2019 de l’ETF et de la CER sur Women-in-Rail, les chemins de fer suédois affichaient en 2018 le taux de femmes le plus élevé avec 40,0 %. La Suisse à 17,5 % (CFF et CFF Cargo) se situait derrière l’Allemagne (Groupe DB) à 24,5 % et la France (SNCF) à 20,5 %, mais devant l’Autriche (ÖBB) à 12,8 %.
Markus Fischer