Grèves en France
SEV solidaire
La France connaît sa grève la plus longue depuis Mai 68. Exigeant le retrait de la réforme des retraites, cheminots de la SNCF et agents de la RATP vivent difficilement sans salaire depuis plus de 50 jours. Plus de 270 caisses de grève ont permis de collecter plus de 4,8 millions d’euros. Le SEV a versé 5000 francs à la caisse de solidarité de la cgt et nos collègues du SEV-tpg ont récolté 2000 francs remis aux cheminots grévistes du dépôt d’Annemasse. La lutte continue.
Les grèves et les manifestations en France contre le projet de réforme des retraites du gouvernement durent depuis plus de six semaines dans les métros, trains et, depuis quelques semaines aussi dans les ports, raffineries, hôpitaux, écoles, Banque de France, Radio France, opéra, centres de déchets et usines Vittel, Nestlé, Bonduelle. Une grande partie des cheminots de la SNCF et des agents de la RATP sont en grève totale depuis plus de 50 jours.
Après un mois et demi sans salaire, les conducteurs Unsa-RATP ont voté le 19 janvier la suspension de la grève, mais non l’arrêt de la lutte, pour reprendre des forces et se recaler sur les temps forts interprofessionnels. L’enjeu est de réussir à élargir le mouvement avec l’entrée en scène d’autres secteurs, notamment du privé et de se réinventer pour durer. La lutte prend une nouvelle forme avec des «Retraites aux flambeaux» en soirée et des journées massives de grève et manifestations comme le 24janvier alors que le projet de loi sur les retraites était examiné en Conseil des ministres.
Solidarité helvétique
Cette lutte d’une durée exceptionnelle ne laisse pas les syndicats suisses indifférents. Le 15janvier, le personnel du SEV à la centrale à Berne, a témoigné son soutien avec ce message: «Votre lutte, notre solidarité». Joignant le geste à la parole, le SEV a versé 5000 francs suisses à la caisse de solidarité de la cgt qui a la particularité d’être ouverte à tous les grévistes qui ont fait au moins 12 jours de grève et pas seulement ceux de la cgt.
Pour soutenir les cheminots grévistes français, nos collègues du SEV-tpg des transports publics genevois ont organisé une cagnotte solidaire qui a permis de récolter 2000 francs. Une délégation leur a remis cette somme le 30 décembre au dépôt d’Annemasse. Le SEV-tpg apporte «son soutien et sa solidarité aux luttes sociales menées en France par les travailleurs-euses, les organisations citoyennes et une grande partie de la jeunesse pour, conserver les conquis sociaux, faire plier un gouvernement qui dans sa logique d’économie libérale entraine les classes populaires vers toujours plus de soumission et de pauvreté. Partout dans le monde, rappelle-t-il, y compris en Suisse, les systèmes de retraite ou de pension par répartition sont la cible du capital financier et des gouvernements à leur solde.»
L’USS avait également exprimé le 10 décembre «toute sa solidarité envers les travailleurs et travailleuses en France ainsi qu’avec leurs syndicats dans leur mobilisation contre le projet de réforme des retraites» jugé «inacceptable». Elle leur a souhaité «courage, détermination et succès». En Suisse aussi, rappelle l’USS, «le mouvement syndical se bat avec véhémence contre une tendance croissante à la privatisation de la prévoyance vieillesse». Le 19 décembre, c’est l’assemblée des délégués de la Communauté genevoise d’action syndicale qui avait adressé son «message de soutien et de fraternité».
Tenir dans la durée
Ces dons et ces messages de soutien sont importants car la durée du conflit commence à peser sur les finances et le moral des grévistes. Sans compter les conséquences sur la vie de famille. Après tant de jours de grève, «on peut comprendre que certains réfléchissent à y retourner. Pour certains, la fiche de paie de janvier va être compliquée à vivre», explique Laurent, cadre grands travaux à la SNCF Normandie, syndiqué SUD rail, cité par Libération mi-janvier. Le gouvernement mise sur cette fatigue pour casser le mouvement. L’argent, c’est le nerf de la guerre dit-on. Il est aussi celui de la grève.
La solidarité des syndicats et des citoyens devient primordiale pour tenir dans la durée et tenter d’obtenir gain de cause. La collecte lancée par le syndicat Info’com de la CGT (sur caisse-solidarite.fr), a permis de récolter plus de 2,9millions d’euros (chiffres au 23 janvier). Au total, plus de 270 caisses de grève ont permis de collecter plus de 4,8 millions d’euros donnés par près de 72000 personnes (chiffres au 22 janvier). Vu le nombre de grévistes, si cela reste en partie symbolique d’un point de vue financier, c’est un soutien moral très important.
Le Gouvernement mise depuis le début sur l’usure des grévistes et le retournement de l’opinion publique. Ces dernières semaines, un véritable matraquage médiatique a été imposé autour de l’âge pivot. Le but était de scénariser une opposition, puis de pseudo-concessions, afin de pouvoir sonner la fin des négociations et dénoncer les «radicaux» qui ne se plient pas au compromis. Échec total. Tous les sondages de la mi-janvier montrent que le soutien aux grévistes reste très important, aux environs de 67%, et que le gouvernement n’a pas convaincu malgré l’annonce de son pseudo-retrait de l’âge pivot.
Le Gouvernement est contraint d’avouer que le système par points a pour finalité de faire travailler les salariés de plus en plus longtemps (âge pivot ou pas) en faisant varier les pensions à la baisse. Le «compromis» était donc un marché de dupes. Un «âge d’équilibre» évolutif reste même mentionné à l’article 10 du projet de loi! Face au démantèlement de la sécurité sociale et la volonté de passage en force, la lutte continue.
Yves Sancey
Impératif de la «règled’or»
Clé de voute de la réforme des retraites, l’article 55 indique le cadre à respecter: une «règle d’or» - 14% maximum de dépenses de retraite dans le PIB quel que soit le nombre de retraité-e-s - qui pose l’équilibre financier comme un impératif. Variables d’ajustement, les pensions ne peuvent que baisser. L’article 64 entend lui «renforcer l’attractivité de l’épargne retraite». Le but: siphonner l’épargne populaire vers les marchés financiers au bénéfice de gestionnaires de fonds de pension comme BlackRock ou d’assureurs. Briser les droits collectifs et valoriser l’individualisme. En plus des objectifs de baisse des pensions et du recul de l’âge de départ, le but est bien de forcer à l’épargne et donc à la capitalisation contre la répartition et la solidarité!
ysa
Commentaires
Matthias Krucker 11/02/2020 05:05:51
Der Streik der französischen Eisenbahner hat auch die Schweiz massiv betroffen. Verspätungen, Ausfälle, rote Köpfe, abgestellte Züge, wütende Kunden. Und das alles, weil an einer veralteten und ungerechten Situation festgehalten wird. Und unsere Gewerkschaft unterstützt dies mit den Geldern der Mitglieder. Für mich eine Frechheit!