Renouvellement des voies ferrées
Répartition des responsabilités et savoir-faire: le SEV s’interroge
Pour le renouvellement des voies ferrées, les CFF prévoient «des collaborations avec des partenaires dans le cadre d’un nouveau modèle de coopération». Ainsi les CFF «préservent et développent le savoir-faire ferroviaire interne» et remettent plus de responsabilités et de compétences à des entreprises tierces.
La première à avoir obtenu le marché est l’entreprise Sersa. Le SEV ne connait pas le contenu exact du mandat. Nous avons été informés à court terme le jour de l’annonce, le 27 novembre , et cette «information» a soulevé beaucoup de questions encore sans réponses.
En octobre 2018 déjà, le SEV a confronté les CFF à leurs desseins d’externalisation des tâches de maintenance à des entreprises privées et il a fait appel aux médias. Les CFF ont alors relativisé leurs projets. Mais voici maintenant que le modèle de coopération communiqué officiellement a confirmé nos craintes. Comme si rien ne s’était passé...
Aujourd’hui, ce qui nous choque ce sont les paroles vides de sens telles que «les CFF se concentrent sur le renforcement du savoir-faire ferroviaire interne et cherchent à l’étendre». Le SEV se demande sérieusement dans quel monde vivent les auteurs de ces lignes. Car chaque jour, le savoir-faire des CFF dans des domaines importants s’évapore. Les CFF admettent également que les entreprises partenaires doivent tout d’abord développer leurs compétences afin de correspondre au modèle. Mais d’où peuvent bien venir les spécialistes? Assurément des CFF.
Le SEV prévient depuis longtemps déjà des répercussions de ce genre de coopérations. Si les entreprises privées acquièrent ce savoir-faire les CFF le perdront, et ils seront vraiment tributaires de ces entreprises qui, aujourd’hui déjà, disposent quasiment d’une position de monopole. Le SEV craint que cela ne crée une dépendance totale aux entreprises partenaires qui ne vont pas se gêner pour dicter leurs prix et leurs conditions.
Le SEV a des doutes concernant cette première mise au concours et attribution selon le nouveau modèle, car tout le monde savait bien sûr que seule Sersa obtiendrait le mandat. Pour le SEV, il s’agit donc là d’une pseudo mise au concours, afin de donner les moyens au nouveau «modèle de coopération» de prendre un bon départ. Sersa paraît intouchable aujourd’hui déjà. Nous nous demandons si cela pourra s’améliorer avec le nouveau modèle.
Le SEV a l’impression que certains niveaux de direction des CFF ne prennent pas leurs responsabilités, ou ne veulent pas ou ne peuvent pas les prendre. La «solution» envisagée avec cette externalisation n’en est pas vraiment une, mais plutôt une capitulation ou un rejet des responsabilités. Après l’information directe des responsables des CFF, nous nous sommes trouvés devant de grandes contradictions. Par exemple lorsque les CFF disent vouloir «renforcer la capacité d’intervention des équipes régionales» : simultanément, à l’Infrastructure on a pulvérisé les teams de la maintenance dans le projet NORS. (Projet heureusement réexaminé grâce au SEV.)
Le SEV reste extrêmement critique et suivra les intentions des CFF avec grande attention, surtout les questions de sécurité, de responsabilité et des entreprises partenaires qui se permettent de choisir en faisant la fine bouche. Concernant l’entreprise, nous prenons les CFF au mot : la création de savoir-faire interne doit recevoir la priorité absolue. Mais nous serions déjà très satisfaits de savoir que le savoir-faire actuel peut être conservé.
Urs Huber, team SEV CFF Infrastructure