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La grève aux TPG a permis de trouver un accord

«Nous avons gagné!»

La grève des TPG a été couronnée de succès. Après deux jours de négociations les 2 et 3 décembre, le personnel a obtenu tout ce qu’il demandait. Entretien avec le président de la section, Vincent Leggiero.

Le 4 décembre tôt le matin, avant la sortie des bus et des trams, Vincent Leggiero, président de la section SEV-TPG, dirige l'assemblée du personnel au dépôt du Bachet, tout en étant relié avec les collègues rassemblés au dépôt de la Jonction. (Photo: Pierre Albouy)

Le 3 décembre, un accord a été trouvé entre les TPG et les syndicats: aucun licenciement, respect de la progression salariale, maintien des postes jusqu’à fin 2015 en tout cas, acquis des retraités sauvegardés - voir communiqué SEV du 4 décembre. 

Le 4 décembre à 3h15, avant la sortie des premiers véhicules, une assemblée générale du personnel est tenue en dublex aux dépots du Bachet et de la Jonction. Après la lecture du texte de l'accord par Valérie Solano, secrétaire syndicale SEV, l'accord est adopté par l'assemblée. Soulagés, les employés acceptent de renoncer à la deuxième grève annoncée pour le jour-même, où le Grand Conseil doit se prononcer sur le contrat de prestations 2015-2018 des TPG.

«Chers camarades, parce que véritablement, aujourd’hui, on peut s’appeler camarades», dit Vincent Leggiero, président de la section SEV-TPG, «je sais que parmi vous certains vont aller travailler, que certains sont fatigués. Une chose est sûre: c’est que vous allez prendre vos volants, vos manettes, vos outils, vos marteaux... et j’espère que vous aurez le torse bombé de fierté. Il faut que vous soyez fiers de ce qui a été fait. Le personnel a fait un pas extrêmement important pour la défense des services publics. En tout cas bravo. Nous avons gagné!»

Après ce succès dû à une grève qualifiée d’exemplaire un peu partout dans le monde syndical, devenue nécessaire face au mépris affiché par le ministre de tutelle des TPG, penchons-nous sur cette victoire avec Vincent Leggiero. L’heure est à l’analyse, mais aussi au repos. Quoique, pas trop. C’est pas le genre de la maison.

«J’ai vu de la fierté et de la dignité dans leurs yeux»

contact.sev: Alors Vincent, après cette lutte mémorable que beaucoup de monde vous envie, qu’as-tu vu dans le regard de ceux que tu nommes désormais «camarades»?
Vincent Leggiero: Une chose est certaine: il y a un avant et un après 19 novembre. Sans cette grève, rien n’aurait été possible. Désormais, les choses ont changé aux TPG. Ce que les collègues ont montré, ça a marqué les esprits à Genève et bien audelà des frontières de la République.
Dimanche (réd.: le 7 décembre), nous avons eu notre traditionnelle fête de fin d’année, le Sapin de Noël. Un collègue conducteur, que je connaissais sans pour autant être particulièrement proche, m’enlasse et me dit: «Merci, vraiment!» C’est un moment très fort, même si un peu dérangeant. Mes collègues du comité et moi ne sommes en fin de compte que les porte-paroles de nos collègues.
Cette victoire est donc la leur. J’ai vu une magnifique cohésion et j’ai vu dans leurs yeux de la fierté et de la dignité...

L’accord que les syndicats ont obtenu est-il en tous points extraordinaire ou l’un ou l’autre d’entre eux te reste-t-il en travers de la gorge?
Je suis particulièrement satisfait parce que toutes nos revendications ont été entendues, que ce soit le maintien des mécanismes salariaux, le maintien des effectifs, l’absence de licenciements et les remerciements aux retraités. Et surtout, nous avons pu placer la question de l’amélioration des horaires de travail des conducteurs dans ce protocole d’accord. Ce combat, nous le menons depuis des années et il figure désormais noir sur blanc sur papier. Le seul petit bémol réside dans la question restée ouverte du paiement du jour de grève. Il n’y aura pas de retenue salariale au moins d’ici juin 2015. Il s’agira donc de négocier ce point.

Il y a aussi la négociation d’un service minimum...
Une chose est certaine: nous n’accepterons pas que les droits constitutionnels de la grève et de liberté d’association soient affaiblis! Il n’est pas question qu’il y ait des contraintes à la liberté de choisir de faire grève ou non.

Après cette année riche en émotions et en luttes, les collègues du comité SEV-TPG peuvent souffler un peu, non?
Oui et non. Tout dépend de l’échéancier politique. L’initiative du PLR demandant de revoir à la hausse la sous-traitance, de 10 % à 20 % des lignes des TPG, a été discutée à la Commission des transports le 9 décembre. Si cet objet passe devant le plénum avant les Fêtes, il s’agira de se mobiliser face à une idée que nous avons déjà combattue avec succès à deux reprises.
Et il y a un autre objet qui est au centre des réflexions: le référendum contre le contrat de prestations des TPG. Le groupe unitaire qui a soutenu notre mouvement de lutte avait promis d’attaquer le contrat de prestations si le Grand Conseil rabotait les subventions aux TPG. Si le référendum ne devait pas être lancé, le message implicite serait: «Un accord a été trouvé entre syndicats et employeur, donc le référendum n’est pas nécessaire.» Avec le risque de laisser entendre que la grève était une grève de corporatistes. Or, elle visait évidemment aussi à défendre le service public. Les partis qui défendent la mobilité douce et le service public peuvent-ils assister à la baisse des moyens des TPG sans réagir?

Vivian Bologna