Consultation aux TPG
Score sans appel de 94%: préavis de grève déposé
Une grève reconductible se dessine aux transports publics genevois (tpg) pour le 31 janvier. C’est en effet avec le score sans appel de 94 % de oui et une très forte participation à la consultation à laquelle elle était conviée que la base a confié le mandat au comité SEV-tpg de déposer un préavis de grève. La date du 31 janvier a été décidée en assemblée des délégué·e·s le 18 janvier. Au cœur des revendication se trouvent non seulement l’indexation et le maintien du pouvoir d’achat (+2,5 % au total) mais aussi des questions de conditions de travail.
Depuis plusieurs mois, le SEV-tpg se mobilise afin d’obtenir des améliorations des conditions de travail ainsi que le maintien du pouvoir d’achat des collègues des tpg. Les avancées obtenues ont été le fruit d’une confrontation quasi quotidienne avec la direction de l’entreprise. Il a fallu recourir à plusieurs reprises à la Chambre des relations collectives de travail (CRCT) pour que la direction des tpg consente à respecter la loi (notamment le retrait des lettres de menace antisyndicales) et ouvre des négociations sur l’indexation et les conditions de travail à la conduite. Il a fallu aussi entrer en conflit pour obtenir ce qui revenait légitimement aux travailleuses et travailleurs de l’entreprise, soit l’indexation pleine et entière pour l’année 2022.
« Malgré la grève historique et victorieuse d’octobre 2022, la direction des tpg a maintenu sa position autoritaire et déconnectée de la réalité du terrain » déplore Aurélie Lelong, secrétaire syndicale SEV en charge des tpg. « Cette gestion a des conséquences néfastes sur le bien-être du personnel de l’entreprise. La preuve en est l’absentéisme critique à la conduite mais aussi dans d’autres services comme celui des ressources humaines » précise-t-elle.
Pour la syndicaliste, la liste des problèmes est longue : « Le dialogue n’existe plus. La direction fait fi du Statut du personnel (SP) qui légifère le partenariat social. Elle passe en force, ne respectant pas le processus de consultation du personnel via leurs représentants et cherche à supprimer des acquis. Ainsi, malgré l’opposition unanime de l’ensemble des organisations représentatives du personnel, la direction a imposé la modification de l’article qui traite de l’indexation des salaires. Elle ne prend pas en considération l’avis des employé·e·s comme c’est aussi le cas au sujet des horaires. S’il y a négociations, elles n’aboutissent qu’à des améliorations mineures. Pendant ce temps, la souffrance du personnel continue d’augmenter. »
La présidente adjointe de la CRCT et les juges de la chambre de céans ont reconnu ces atteintes au partenariat social. Le ministre de tutelle a demandé que les propositions des organisations représentatives du personnel soient mieux prises en considération. Malgré cela, selon Aurélie Lelong, la direction des tpg maintient sa position antisyndicale et rejette massivement les revendications des organisations syndicales et associations du personnel. Le Conseil d’administration ainsi que le magistrat en charge de la mobilité ont été prévenu que le syndicat se trouvait dans une impasse, avec l’impossibilité de répondre à la souffrance du personnel ou d’obtenir des améliorations salariales pour maintenir le pouvoir d’achat.
Toutes les voies ayant été utilisées en vain, le seul moyen d’être entendu par la direction est la mise en place d’un rapport de force solidaire et fort. C’est pourquoi la consultation a été lancée pour que les membres du SEV se prononcent sur le dépôt d’un préavis de grève. La participation a été massive et, au moment du dépouillement des résultats le 17 janvier, l’appel à la grève est écrasant avec plus de 94 % de oui pour obtenir les revendications suivantes :
Parking : + 120 francs nets par mois de salaire
Selon le plan de stationnement cantonal, les administrations et régies publiques ne peuvent plus offrir de parkings gratuits à leur personnel. Alors que les charges ne font qu’augmenter, ce nouveau règlement des parkings crée un poste de dépense supplémentaire pour les employé·e·s de l’entreprise qui représentera des centaines de francs par an. Afin que cette nouvelle charge ne vienne pas grever encore plus le budget du personnel des tpg, le SEV demande une augmentation salariale de 120 francs nets par mois pour chaque employé·e.
Indexation et maintien du pouvoir d’achat : + 2,5 % d’augmentation des salaires
L’IPC genevois sur lequel se base l’indexation des salaires ne reflète pas, ou pas correctement, les augmentations du coût de la vie, en particulier celle des primes d’assurance maladie ou des loyers. Ces dernières années, la direction a proposé des indexations partielles, quand elles ne sont pas nulles. Pour l’année 2024, elle argumente que ses résultats financiers ne permettent pas une indexation complète et que le personnel aurait contracté une dette. Pour ce dernier argument, elle s’appuie sur le nouvel article statutaire relatif à l’indexation, rejeté par l’ensemble des organisations représentatives du personnel.
La mobilisation des collègues a déjà commencé à porter ses fruits puisque la direction de l’entreprise a été poussée à faire une nouvelle proposition : une indexation 2024 de 1 % (chiffre ipc genevois de novembre 2023 : 1,1 %) avec suppression de la « dette » et réécriture de l’article statutaire problématique. La revendication du maintien du pouvoir d’achat tient toujours, soit +1,5 % de revalorisation salariale.
Au sujet des conditions de travail à la conduite :
77 postes à la réserve, soit 57 de plus qu’actuellement
D’après le service des horaires, 57 voltigeurs J-1 étaient nécessaires, en plus des 20 réservistes actuels, afin d’offrir une visibilité à J-8. Plutôt que cette « réserve voltige », le SEV demande une véritable réserve capable de remplacer les absents, d’intervenir rapidement sur le réseau, d’écourter les tranches trop longues par des relèves intermédiaires.
Des tranches de 4 h de conduite maximum
Cette revendication doit maintenant être appliquée. Dépasser 4 h de conduite par tranche est fatigant et dangereux. Ces pièces doivent être réduites, quitte à organiser des relèves en cours de tranche par des réservistes.
Réduction de l’amplitude des plages voltiges par la création d’une 4e plage
L’amplitude des plages actuelles est trop grande et crée trop d’irrégularités pour les voltigeur·se·s. Les plages doivent être réduites afin de permettre une meilleure conciliation entre vie privée et vie professionnelle.
L’assemblée des délégué·e·s du personnel des tpg, a décidé le 18 janvier de la date du 31 janvier pour déposer le préavis de grève reconductible. La direction a été avertie dans la foulée de la date de grève annoncée. Elle a réagi au dépôt du préavis de grève en convoquant une série de négociations allant du 24 au 30 janvier. Le SEV participera à ces négociations, sans suspendre le préavis de grève. « La direction a eu de multiples occasions de négocier, seuls des engagements fermes de sa part sur les revendications du personnel pourraient amener à la suspension du préavis de grève ! » conclut Lelong.
Yves Sancey
Commentaires
Jean-Michel PANTET 25/01/2024 12:46:07
Bravo ! au collègue Vincenzo Leggero pour sa lutte syndicale. La direction des TPG n'a pas comprit que nous avons besoin du plein renchérissement et du pouvoir d'achat. et de la 13ème rente pour les retraités, pour les collègues activent et actifs lorsqu'ils seront aussi pensionné-e-s. Donc à bas "les œillères"