Votations du 3 mars
Augmentons les rentes, pas l’âge de la retraite !
Le 3 mars, nous voterons sur deux objets qui concernent l’avenir de l’AVS. Le SEV dit oui à la 13e rente AVS et non à l’initiative libérale dite « sur les rentes » qui conduirait à une retraite à 67 ans. Les deux projets suivent deux approches totalement différentes
Les opposants à la 13e rente AVS sont de plus en plus nerveux, car les sondages en faveur de l’initiative sont élevés. C’est pourquoi ils la combattent avec des arguments fallacieux. Le camp bourgeois est si effrayé à l’idée que l’USS et la gauche puissent faire passer leur texte que cinq anciens conseillers fédéraux sont sortis de leur réserve … pour saper la 13e rente alors qu’ils touchent … 20 000 francs par mois ! Derrière cette lettre ouverte, on trouve l’alliance de droite, soutenue par le lobby patronal Economiesuisse, qui dispose d’un budget de près de 4 millions de francs pour faire échouer l’initiative.
Arguments fallacieux
Les opposants à la 13e rente AVS prétendent que les retraité·es se portent bien et que seule une minorité d’entre eux dépendent de l’AVS. Les faits donnent une autre image : la dernière enquête complète sur la situation économique des retraité·es date de 2015. Elle montre qu’il y a presque dix ans, seuls quatre ménages de retraités sur dix vivaient dans une situation financière solide. Près d’un quart de ces ménages se trouvaient dans une situation financière précaire. Ils tiraient presque exclusivement leur revenu du 1er pilier et n’avaient pratiquement pas de rentes de la caisse de pension. Pour les couples mariés, la rente de couple est limitée à 150 % de la rente individuelle maximale. Une 13e rente AVS, qui profite à tout le monde, serait pour eux qui ont du mal à joindre les deux bouts un premier soulagement avant de s’occuper de ce problème de plafonnement.
En Suisse, le pouvoir d’achat des retraité·es est en baisse. L’explosion des primes d’assurance-maladie, les augmentations de loyer – ces deux éléments n’étant pas comptabilisés dans l’indice des prix à la consommation ! – et le renchérissement ont englouti l’équivalent d’une rente mensuelle. Cette évolution affecte les retrait·es actuels et futurs. Les rentes des caisses de pensions ont déjà chuté de 13 %, et les perspectives sont sombres. D’où un revenu manquant en Suisse.
Le poids du lobby financier
Les banques et les assurances exploitent le problème du revenu manquant à la retraite dans leur publicité pour leurs produits de prévoyance du 3e pilier. Les mêmes qui torpillent l’initiative sont ceux qui font leur beurre sur les marchés des 2e et 3e piliers. Les syndicats proposent par contre d’augmenter les rentes AVS. En effet, selon les calculs de l’USS, le rapport qualité/prix offert par l’AVS est bien meilleur que dans la prévoyance privée individuelle.
Prestations complémentaires
L’un des arguments du Conseil fédéral et de la majorité du parlement contre la 13e rente AVS est qu’il faudrait plutôt aider de manière ciblée les retraités aux revenus modestes, par exemple avec des prestations complémentaires (PC). C’est hypocrite, car le parlement a fait exactement le contraire lors de la réforme des PC qui sont en baisse depuis le 1er janvier 2024. Les personnes bénéficiant actuellement des PC sont inquiètes de savoir si elles seront impactées en cas de oui à l’initiative. Ce souci a été anticipé. Le texte précise, noir sur blanc, que « La loi garantit que le supplément annuel n’entraîne ni la réduction des prestations complémentaires ni la perte du droit à ces prestations. »
Initiative libérale dangereuse
L’argument principal des opposants à la 13e rente AVS est la capacité de financement. Une question du reste qu’ils ne se posent pas quand on augmente le budget de l’armée de 5 milliards. On parle souvent de la faillite de l’AVS. Les opposants l’ont déjà fait lors de l’introduction de l’AVS. C’est le contraire qui est vrai. L’AVS est solide et, d’ici 2030, sa fortune atteindra près de 70 milliards de francs. Malgré cela, les jeunes libéraux-radicaux, le PLR et l’UDC affirment qu’il faut augmenter l’âge de la retraite pour sauver la prévoyance vieillesse. Avec leur initiative sur les rentes, ils veulent d’abord relever l’âge de la retraite à 66 ans, puis le lier à l’espérance de vie. Il passera alors à 67 ans et plus encore.
C’est pourquoi nous devrons dire non à l’initiative libérale sur les retraites avec autant de conviction que nous voterons oui à la 13e rente AVS.
Michael Spahr, Yves Sancey / USS