Congrès des Femmes USS
Une nouvelle grève pour 2023
Quelque 220 syndicalistes déléguées et invitées ont participé au 14e congrès des femmes de l’USS sur le Gurten à Berne sous le mot d’ordre « Pour un syndicalisme féministe ». Durant le congrès de deux jours, il a été clairement dit que dans le monde du travail tout comme dans la société, de nombreux problèmes structurels liés à l’égalité doivent être résolus. Lucie Waser, responsable de l’égalité au SEV, s’exprime sur les thèmes de discussion et les décisions prises.
Lucie, comment as-tu vécu ces deux journées sur le Gurten et quel en a été le point fort ?
L’ambiance était parfaite. Il y a eu des discussions animées avec des participantes très motivées et nous avons très bien travaillé.
Le point fort du congrès des femmes de cette année était assurément l’adoption d’une charte qui fixe les bases du syndicalisme féministe sur les plans organisationnel et politique. Elle a été remise au président de l’USS Pierre-Yves Maillard. Un autre point fort de mon point de vue était la réorientation de notre travail liée également à un changement de nom. La commission des femmes de l’USS s’appellera à l’avenir Commission féministe. Elle se préoccupera surtout de l’inclusion de tous les êtres humains avec toutes leurs différences. Nous devons surmonter nos propres préjugés et stéréotypes et traiter avec respect toutes les identités. Grâce à la charte que nous avons adoptée, nous invitons tout le mouvement syndical à s’ouvrir encore plus aux minorités dans le monde du travail. Une politique suisse plus humaine pour les réfugié-e-s et les migrant-e-s en fait aussi partie. Nous devons avoir de meilleures conditions de travail pour les personnes sans statut de séjour régulier.
De quels autres thèmes importants avez-vous encore discuté ?
Il y en a eu beaucoup. Nous discutons toujours d’une société plus sociale, de remplacer la violence par la paix, de surmonter la pauvreté, ce qui est selon les statistiques un « problème » typiquement féminin. La réforme des rentes AVS21 était naturellement aussi un thème important. Nous demandons de meilleures rentes au lieu d’un relèvement de l’âge de la retraite.
Nous avons aussi relancé la discussion sur une réduction de la durée du travail hebdomadaire, un thème évoqué lors du 13e congrès des femmes. Sur le modèle néozélandais, nous voulons la semaine de 35 heures réparties sur 4 jours de travail, avec les mêmes salaires. Nous souhaitons une société dans laquelle le temps réservé au travail rémunéré laisse aussi la place aux tâches non rémunérées et au bénévolat, qui ne sont pas moins importants pour le bon fonctionnement de nos communautés.
On se demande assez vite qui va payer pour cela...
Nous devons tous discuter là-dessus. Il y a de l’argent en Suisse, mais il faut en revoir la répartition et c’est là que nous devons nous poser la question suivante : « Dans quel genre de société voulons-nous vivre ? ». Nous avons déposé plusieurs revendications pour lancer le débat...
Quelles mesures concrètes avez-vous définies ?
Le 14e congrès des femmes de l’USS demande que la Suisse ratifie la convention n° 190 de l’OIT pour que toute forme de violence et les harcèlements sexuels soient combattus en particulier sur le lieu de travail. Nous, les syndicats, avons un besoin urgent de telles conventions afin de mieux défendre les droits des travailleuses et des travailleurs et de pouvoir traiter ce problème encore plus activement. Il est aussi nécessaire d’avoir des campagnes de sensibilisation et une formation pour les employé-e-s et le personnel syndical intéressé. Et comme nos revendications du 13e congrès et des deux grèves féministes suisses ne sont toujours pas mises en oeuvre, le 14e congrès des femmes a décidé de préparer une nouvelle grève féministe de grande ampleur le 14 juin 2023.
Comment les choses vont-elles continuer au SEV sur ces thèmes ?
Au sein de la commission des femmes du SEV, nous allons maintenant analyser quels points du congrès sont significatifs pour la branche des transports publics et les présenter au prochain congrès SEV. Nous discuterons également de ces thèmes lors de la conférence des femmes de l’ETF à Budapest. Nous travaillons déjà étroitement avec l’ETF dans le cadre du projet Women in rail (voir l'interview de Sabine Trier et l'éditorial de Giorgio Tuti sur l'accord "Women in Rail").
Chantal Fischer