VPT
Ambiance combative à la journée VPT romande
Après trois ans d’absence, la journée VPT a repris ses droits le 13 novembre à Baulmes. Une journée organisée de manière impeccable par la section VPT-Travys. Le ton des discours était résolument combatif!
Jean-Claude Pellissier a dirigé avec brio les débats et dès les premières prises de paroles, le ton était donné.
« C’est la dernière fois qu’une journée syndicale se déroule de cette manière. Les prochaines, dès 2023, mettront davantage l’accent sur les problèmes syndicaux, a relevé Laurent Juillerat, membre de la Commission centrale VPT. Nous ne souhaitons plus donner une tribune aux directeurs d’entreprise pour nous concentrer sur les thèmes syndicaux ! Quant aux politiciens, ils ne connaissent que très peu notre réalité. Il n’y a donc pas beaucoup d’intérêt à leur accorder du temps de parole dans nos assemblées ! » Laurent Juillerat a aussi critiqué vertement le fait que malgré la crise, « nos riches s’enrichissent toujours plus. Ils doivent payer davantage d’impôts qui financent nos entreprises. L’optimisation fiscale met d’ailleurs une pression insupportable sur nous les travailleurs.»
Le directeur de Travys Daniel Reymond a rebondi avec le sourire: « J’ai donc l’honneur d’être le dernier directeur à m’exprimer devant vous. J’espère que vous changerez d’avis car ces échanges entre partenaires sociaux sont importants.» Il a notamment relevé que Travys a réagi rapidement pendant la pandémie et assuré le paiement à 100% aux 250 employé-e-s. Il a aussi évoqué l’avenir avec les opportunités qu’offre la crise climatique et le développement de la mobilité pour l’extension des transports publics. Le partenariat social est indispensable pour répondre aux défis.»
La branche doit être attractive
Le président du SEV Giorgio Tuti lui a donné raison et rappelé qu’à l’échelon européen on a conscience de cette chance pour les transports publics par rapport aux défis climatiques: « Mais pour se développer, la branche doit aussi pouvoir trouver le personnel nécessaire. Lorsqu’on sait que 40% du personnel sera parti en retraite en 2035, il faut être attractif pour attirer du personnel. Les femmes en particulier ne représentent même pas 20% du personnel.»
Giorgio a aussi relevé qu’à l’échelon européen, la formation du personnel de locomotive oscille entre 24 heures et 600 heures, ce qui pose évidemment la question de la sécurité, tout comme l’enregistrement du temps de travail par tachygraphe qui n’existe ni en Europe ni en Suisse, avec le risque de dumping que cela comporte: « En Europe, on peut entendre que des mécanos peuvent rouler 18-19 heures sans pause. Il faut combattre ce genre de situations pour que la branche soit intéressante pour attirer les jeunes et les femmes.»
Giorgio Tuti a aussi relevé d’autres points syndicaux prioritaires: la question des retraites notamment avec la réforme AVS21, mais aussi le projet évoqué par l’ancien président du PLR Fulvio Pelli qui voudrait baisser les rentes actuelles: « Comme syndicats, nous sommes actifs pour la 13e rente AVS et combattons la baisse des taux de conversion dans le 2e pilier.»
Il est aussi revenu sur la politique contractuelle et les négociations dans les entreprises qui pour certaines veulent faire des économies sur le dos des conditions d’engagement: « Nous ne lâcherons pas sur ces points. Pendant la pandémie, le SEV a cherché et trouvé sur le plan politique des moyens pour la branche et vous avez garanti que le système fonctionne. Ce n’est donc pas au personnel de payer le prix de la pandémie.»
Cette assemblée a été marquée par d’autres paroles très fortes. Le président de la section Travys, organisatrice de l’événement, n’a pas manqué de plaider pour des sections actives et aussi représentatives que possible: «Je suis très heureux d’être là. Enfin, on se retrouve!, s’est réjoui Julien Magnanou. Allez voir vos membres. C’est important que chaque secteur ait un membre au comité. C’est fondamental pour avoir une visibilité globale de la situation dans l’entreprise.»
« Le nombre d’actifs augmente »
Le président central VPT Gilbert D’Alessandro était aux anges de pouvoir revoir les membres. Il a insisté sur l’importance du recrutement: « Cette année, la VPT a déjà convaincu 500 nouveaux membres. L’une des meilleures années depuis 10 ans ! Ce qui est particulièrement réjouissant, c’est que le nombre d’actifs est en constante augmentation. Ce n’est pas un hasard. Avec Christian Fankhauser, nous oeuvrons pour que l’appareil syndical soutienne les actions des sections. Le temps des négociations calmes est révolu. Regardons par exemple ce qu’il se passe aux tpf ! » Chez les retraité-e-s, la situation est moins réjouissante. « Nous devons convaincre ceux et celles qui partent en retraite de rester. Ils et elles bénéficient des mêmes prestations que durant la vie active. Les conseils juridiques du SEV sont toujours utiles sur les questions concernant les caisses de pensions, l’AVS ou les prestations complémentaires. Les rabais individuels sont nombreux alors que la cotisation est réduite de moitié. Enfin, il est important de rester par solidarité: les retraités actuels ont construit le SEV d’aujourd’hui. On est forts que si on est nombreux ! »
La santé au travail se dégrade
Le vice-président du SEV Christian Fankhauser était le dernier orateur invité : il a rappelé les éléments des dernières enquêtes sur la santé au travail dans la branche bus: « Nos enquêtes montrent que la santé se dégrade. Les facteurs externes impactent la conduite des conducteurs. En 2008, le stress était au-dessus de la moyenne nationale. Ce stress a diminué en 2018. Il n’a pas disparu, mais il est intégré, banalisé. On le constate par la hausse flagrantes des troubles du sommeil et des troubles digestifs. Notre enquête a suscité l’intérêt de l’uni de Lausanne qui veut en refaire une avec nous en suivant des conducteurs sur l’entier de la carrière. » Il a aussi évoqué la table ronde avec les entreprises (voir ci-dessus).
Deux prises de parole des participants ont mis un terme à la matinée: l’un pour critiquer vertement la suppression du Régional des Brenets, qui sera remplacé par un bus électrique. « On utilise le fonds d’infrastructure ferroviaire pour un projet routier...» Le mot de la fin est d’un jeune mécano des tl: « Je vous suis reconnaissant pour nos conditions de travail. Oeuvrons pour que nous soyons toujours une grande famille, celle des cheminots »
Vivian Bologna et Yves Sancey
Gallerie de photos (Grégoire Bolle, Vivian Bologna, Yves Sancey)