Série CCT : dernier chapitre
L’avenir sera digital, social, familial
Conciliation entre profession et famille, accompagnement dans le monde digital et modèles de retraite pour les professions avec une grande charge physique : voici les revendications du personnel des transports pour les CCT du futur.
Les conventions collectives de travail protègent le personnel mais les perspectives sont brouillées par le coronavirus et cela prendra quelques années pour retrouver le niveau d’avant la pandémie. Le vice-président de la LPV Marjan Klatt l’exprime lui-aussi : « En ces temps de crise, une CCT solide est un peu comme un roc dans la tourmente, elle représente une bonne protection dans une entreprise et garantit les conditions de travail et d’engagement, elle est inestimable pour les employées et les employés. »
Qu’attendent les syndicalistes dans un proche avenir ? Une enquête réalisée auprès des sous-fédérations fait ressortir certains points. La sécurité de l’emploi reste primordiale, aux CFF elle est garantie par le Contrat social mais dans les entreprises privées, elle fait toujours partie des revendications. Le président central VPT Gilbert D’Alessandro le dit clairement : « Nous avons besoin d’une protection contre le licenciement solide et de réelles possibilités de réinsertion dans l’entreprise en cas de problèmes de santé. » Les sous-fédérations qui comptent uniquement des professions ferroviaires mettent aussi ce thème parmi les points forts. Ralph Kessler de la ZPV le souligne : « Les professions de monopole n’ont que très peu de chances sur le marché de l’emploi et ces travailleurs n’ont que peu ou pas de possibilités de trouver un nouveau poste. » Hanspeter Eggenberger de la RPV abonde: « La protection contre le licenciement pour des raisons économiques n’est pas négociable pour le personnel de la manoeuvre. Sans cela, il n’y a plus de CCT ! »
De manière peu étonnante, les points forts sont tout autres pour la Commission de jeunesse. Köbi Rüegg l’explique : « J’attends de la CCT qu’elle s’adapte au changement sociétal, qu’elle propose des modèles de travail flexibles et qu’elle encourage le temps partiel. » Sa collègue Nina Grimm, qui représente la jeunesse au comité SEV, ajoute : « Les conditions d’engagement doivent rester attrayantes afin que les jeunes aient envie de venir travailler dans les chemins de fer. » Les syndicalistes sont tous d’accord sur le fait que le développement professionnel occupe une place importante. Peter Käppler, président central de la sous-fédération AS, confirme que « la conciliation entre famille, formation continue et profession est centrale. Pour cela il faut introduire des modèles de temps partiel pour le personnel et les cadres. »
La fin de la vie professionnelle constitue un autre thème important. Jan Weber, président central de la sous-fédération Bau affirme que « le maintien des modèles de retraite anticipée est essentiel pour les travailleurs avec une grande charge de travail. » Il est soutenu par Ralph Kessler : « Nous voulons que les modèles de retraite et d’avenir ‹ Priora › et ‹ Valida › soient conservés. Des modèles similaires doivent être en outre créés dans les diverses entreprises privées de transport. » Cela tient à coeur à Gilbert D’Alessandro qui va plus loin: « Nous exigeons la création d’un fonds commun pour financer les retraites anticipées des gens qui désirent partir à 60 ou 62 ans comme dans le domaine de la construction. »
Les collaboratrices et collaborateurs de CFF Cargo regardent vers l’avenir avec une certaine inquiétude. Leur CCT aussi a été prolongée à cause de la pandémie mais seulement jusqu’en 2023. Entretemps, une CCT différente de celle des CFF devra être négociée. Sandro Kälin, président central TS, pense que « chez CFF Cargo, des tâches difficiles nous attendent. Il est extrêmement important de pouvoir négocier aussi avec CFF Cargo une bonne CCT, avec de bonnes conditions d’engagement, ou de prolonger encore la CCT actuelle. »
Les chemins de fer restent un monde dominé par les hommes. La responsable de l’égalité du SEV Lucie Waser donne cependant une bonne note aux CFF en ce qui concerne les conditions-cadre : « La CCT CFF est exemplaire en ce qui concerne la diversité et l’inclusion. » Elle mentionne également un fait dont on ne parle pas très souvent : « Les CFF encouragent l’engagement dans les syndicats en distribuant des chèques-congé. Cela permet aussi aux femmes de s’engager politiquement car sinon elles n’en auraient pas le temps ni les moyens. » Toutefois elle constate un point sur lequel il est nécessaire d’agir : « Il faut un changement de la culture professionnelle et un climat de travail plus respectueux afin que les ‹ personnalités toxiques › puissent être vaincues, pour le bien de tous. »
Peter Moor
Les 20 ans de la convention collective de travail CFF – une série du Journal SEV
Le partenariat social reste indispensable
La pandémie de coronavirus a changé le monde du travail, en particulier elle a accéléré la transformation numérique. Mais indépendamment de cela, le partenariat social reste indispensable. Maintes études sont d’accord sur ce fait, même si des adaptations à ce nouveau monde du travail sont nécessaires.
Le nouveau fonds de numérisation des CFF, qui est dirigé paritairement par les partenaires sociaux, a donné mandat de rédiger un rapport sur le thème « Monde du travail de demain ». Les auteurs de l’entreprise de consultants PwC y consacrent un chapitre sur le partenariat social. « Les partenaires sociaux s’engagent pour des conditions de travail modernes et compétitives, ainsi que pour le maintien des chances sur le marché du travail, ce qui signifie une sécurité sociale pour tous les travailleurs. Ils veillent à ce que beaucoup de métiers continuent d’être proposés si possible à l’intérieur des CFF et s’ouvrent à de nouvelles branches et formes de travail (par ex. les freelancer, les crowdworker). »
Il s’agit de créer les conditions-cadres juridiques correspondantes. L’étude cite quatre points : la modularisation de la CCT, un accès garanti à la formation et la formation continue, une application flexible des nouvelles formes d’engagement et l’extension du partenariat social au personnel externe.