Trafic grandes lignes
Départ sans autorisation: ne pas jouer avec le feu
CFF Voyageurs a ordonné en août un essai-pilote sur la ligne Interregio 13 Coire–St-Gall–Zurich afin de tester le départ sans autorisation comme dans les RER. Pour des raisons de sécurité, le SEV exige l’arrêt immédiat de ce projet à courte vue et mal réfléchi.
L’essai-pilote a eu lieu du 10 au 23 août et devait montrer si le passage de l’ «autorisation de départ par le personnel d’Assistance clientèle» au «départ sans autorisation» permet de gagner du temps et d’améliorer la situation insatisfaisante des correspondances à Sargans.
Les sous-fédérations SEV du personnel des trains et du personnel des locomotives «rejettent catégoriquement» le départ sans autorisation en trafic grandes lignes, comme elles l’ont écrit chacune dans une résolution.
Résolution de la sous-fédération LPV
Résolution de la sous-fédération ZPV (PDF)
Résolution de la section ZPV Säntis-Bodensee (PDF, en allemand)
Ils développent les arguments suivants:
Le départ sans autorisation signifie que le personnel de l’Assistance clientèle n’est plus intégré dans le processus de départ et de fermeture des portes, bien qu’il doive marquer sa présence dans les gares d’arrêt et aider au besoin les passagers. Il en résulte une augmentation du risque d’accidents pour les voyageurs et pour le personnel lors du débarquement et de l’embarquement, avant tout dans les gares où la visibilité est mauvaise ou en cas de brouillard, etc. Dans de tels cas, l’autorisation de départ donnée par les assistant-e-s clientèle contribuent à plus de sécurité. Cela vaut aussi pour le chargement des vélos, en forte augmentation. La LPV s’est aussi «toujours engagée en faveur de l’accompagnement des trains car le principe du double contrôle garantit plus de sécurité pour l’exploitation ferroviaire et pour la clientèle», comme elle le mentionne dans sa résolution. L’accident mortel d’un assistant clientèle le 4 août 2019 à Baden a montré à l’évidence qu’on ne peut pas toujours se fier à la technique. Malgré cela, les CFF misent sur la technique au lieu de l’homme avec le départ sans autorisation. De plus, cette méthode remet en question tous les efforts faits depuis cet accident en faveur d’un processus de départ sûr et éprouvé.
Essayer le départ sans autorisation en trafic grandes lignes est d’autant plus irresponsable que les résultats de l’enquête sur l’accident de Baden ont montré que la fonctionnalité du mécanisme de fermeture des portes est très instable.
Le personnel des locs s’est entretemps habitué aux trains régionaux et aux RER sans personnel d’accompagnement, ainsi qu’à un accompagnement clairement défini pour un numéro de train, avec autorisation de départ. « Nous ne voulons pas devoir déterminer nous-mêmes une autre méthode d’exploitation sur la base du matériel roulant, du tronçon ou d’une combinaison des deux ni rouler dans de telles conditions. Les changements dans l’engagement du matériel roulant sont fréquents et ne faciliteraient pas le projet», écrit la LPV.
Ecarter les assistant-e-s clientèle du processus de départ et de fermeture des portières aurait des conséquences drastiques pour le profil professionnel, des modules de formation importants seraient supprimés.
Les problèmes de correspondance à Sargans ne doivent pas être cherchés en premier lieu dans la méthode de départ mais dans la planification de l’horaire et dans les problèmes techniques liés au type de train (FV-Dosto). S’agit-il d’un prétexte pour introduire le départ sans autorisation par la petite porte après que la tentative de le faire dans le cadre du nouveau profil professionnel ait échoué?
Les essais-pilote aux CFF conduisent souvent à une introduction définitive. La mise en œuvre généralisée du départ sans autorisation en grandes lignes dans toute la Suisse est une menace.
Le SEV très critique
Le secrétaire syndical SEV Jürg Hurni partage entièrement les critiques et les inquiétudes du personnel. Il a transmis sans tarder les trois résolutions à la Direction Assistance clientèle & Cleaning. Le 4 septembre, les CFF ont répondu qu’ils veulent analyser ces prochaines semaines les mesures et observations qu’ils ont faites lors de l’essai afin de voir si le départ sans autorisation «a permis d’obtenir les effets souhaités sur les temps de parcours pour une amélioration des correspondances sur cette ligne» et quelle influence le départ sans autorisation a sur la sécurité de l’exploitation. Ils veulent ensuite «discuter des résultats et de la suite à donner» avec les CoPe respectives.
Jürg Hurni s’étonne que les CFF ne veuillent pas intégrer leur partenaire social SEV dans l’évaluation de l’essai. Le SEV n’a pas été informé dans les formes usuelles avant cet essai-pilote. «Surtout les CFF, dans leur réponse, rendent à nouveau le personnel des trains responsable des retards à Sargans. Ces deux éléments ne contribuent pas à trouver une solution au problème. Dans ces conditions, le SEV combattra vigoureusement l’introduction du départ sans autorisation en trafic grandes lignes.»
Markus Fischer