Transports publics genevois
Pas d’accord bâclé aux TPG
Genève, 14 septembre. Deux assemblées bien fournies ont voté à l’unanimité une résolution pour activer les moyens nécessaires pour obtenir un certain nombre d’améliorations. Cela semble avoir déjà fait bouger les choses. Mais les négociations butent encore sur la question des horaires.
Le vent souffle fort et la pluie tombe à grosses gouttes devant le dépôt du Bachet des TPG. L’automne est arrivé d’un coup. Pour leur assemblée générale, les travailleurs et leurs représentants syndicaux se déplacent alors dans le grand atelier des réparations. La plupart des collègues sont en bleu de travail. Divers métiers sont là : carrosserie, sérigraphie, sellerie, menuiserie et électricité notamment. Des chauffeurs aussi.
Il est midi. On pousse les tables pour poser les sandwichs et les boissons. Les pas et les voix résonnent dans ce hangar aux structures métalliques imposantes violettes et jaunes. Environ nonante personnes se mettent en arc de cercle et écoutent avec attention les délégués syndicaux. Les visages sont tendus et attentifs. Les paroles de Vincent Leggiero, président de la section SEV TPG, font mouche. Chacun se retrouve dans son énoncé des problèmes. D’autres collègues s’expriment également.
Pénibilité et souffrance au travail
Les conditions de travail sont dures. La direction tarde à prendre au sérieux la pénibilité et la souffrance au travail. « Un moment, on n’en pourra plus. Il y a urgence », lance un mécanicien. Les maladies de longue durée sont en augmentation et le taux d’absentéisme, indicateur des dysfonctionnements de l’organisation du travail aux TPG, est aussi en hausse. Et cela a aussi un coût important pour les travailleurs et l’entreprise. Le fait que la direction n’ait pas invité les salariés pour fêter les 40 ans des TPG en octobre démontre le peu de reconnaissance pour le travail accompli au jour le jour. Cet oubli trahit une légèreté et une maladresse envers le personnel à la limite du mépris de classe.
L’heure est donc à la mobilisation pour se faire entendre. Sans surprise, les collègues votent à l’unanimité la résolution qui leur est soumise. Celle-ci articule un certain nombre d’exigences sectorielles (voire notre dernière édition) et l’accélération de l’embauche. L’assemblée mandate ses représentants syndicaux « pour activer les mesures nécessaires ».
Un pas en avant et deux pas en arrière
Une heure plus tard, c’est au tour des conducteurs au dépôt de la Jonction de se prononcer. A l’intérieur du hangar, les trolleybus sont sagement alignés. La discussion, elle, s’anime après la présentation des revendications. On y critique aussi «cette politique d’un pas en avant et deux pas en arrière» de la direction. Les voltigeurs se plaignent d’être les bouche-trous des plannings. « La direction comprend notre situation … et pourtant rien ne bouge » se plaint un chauffeur. Une septantaine de personnes votent également la résolution à l’unanimité.
Ces deux assemblées semblent avoir déjà fait bouger les choses. Ainsi, les demandes syndicales de ne pas traiter toutes les négociations en cours dans un même projet d’accord ont été finalement entendues par la direction. Si un accord peut être trouvé sur les grandes questions, les propositions concrètes sur les conditions de travail à la conduite (5 minutes de terminus, tranches de travail de 4h maximum, modèles de temps partiel, J-8 pour les voltigeurs) ne sont pas acceptables en l’état des négociations. Les rencontres se poursuivent avec pour objectif, de part et d’autre, une application à l’étape de décembre. Le Front syndical ne laissera cependant pas ce délai entamer la qualité d’un accord.
Les horaires, ça coïnce
Sur des points d’importance, comme la réouverture de la négociation du statut du personnel pour des articles précis devenus obsolètes, le Front syndical s’est dit prêt à chercher des solutions. Néanmoins, dans le domaine des horaires, les propositions actuelles de la direction ne sont pas acceptables et c’est sur ces points que la négociation bute depuis des mois.
« Les modèles de temps partiel proposés par la direction sont intéressants, mais aucun ne prend pas en compte les contraintes des parents d’enfants en bas âge, qui sont des priorités pour le Front syndical », déplore Valérie Solano, secrétaire du SEV, principal syndicat actif aux Transports publics genevois. De plus, les modèles proposés prévoient le placement d’une partie des jours de compensation par la planification, sans accord du conducteur et cela le Front syndical ne l’autorise pas. Pour les voltigeurs, l’entreprise a entendu le besoin de plus de prévisibilité (J-8). Cependant, certaines conditions, comme la confirmation des horaires le soir précédent la prise de service ne sont pas acceptables pour le Front syndical.
Enfin, concernant le temps de terminus de 5 minutes pour toutes les mains, l’équilibrage et la durée des pièces, les projets de la direction ne satisfont pas les revendications des conducteurs. Les discussions se poursuivent.
Mécanisme pour combler les déficits voté
Le Grand Conseil genevois a adopté le 21 septembre un projet visant à instaurer un mécanisme afin de combler le déficit des TPG. En jeu une somme estimée entre 20 et 25 millions de francs par les TPG pour revenir au niveau de prestation en transports publics de 2014, avant la diminution des prix. Selon Le Courrier, « ce vote devrait certainement augmenter le montant de la subvention publique lors de l’élaboration du prochain contrat de prestation des TPG ». Les effets concrets de ce vote seront observés de très près.
Yves Sancey