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Compagnie Générale de Navigation

Un chantier à rénover d’urgence

Les conditions de travail aux chantiers navals de la CGN laissent sérieusement à désirer. Les locaux sont vétustes, avec entre autres des douches en triste état, des vestiaires inadaptés et un système de chauffage au bout du rouleau.

Les douches datent de 1964 et n’ont jamais été modernisées.

On a jusqu’ici beaucoup évoqué la nécessité de rénover certains bateaux de la CGN, mais beaucoup moins celle de rénover les locaux du personnel. Leur lieu de travail, les chantiers navals de la CGN, à Ouchy, nécessite pourtant lui aussi de sérieux travaux.

Les bâtiments ont été construits à la va-vite, à l’occasion de l’Expo Nationale de 1964. Une partie d’entre eux n’a jamais connu la moindre rénovation depuis et certains locaux sont délabrés. « Des collègues qui sont dans d’autres entreprises ont été choqués de voir dans quelles conditions je travaille », explique Patrick Schaffner, président de la section VPT Lac Léman.

Une cantine trop petite

Les vestiaires sont franchement inadaptés, avec un seul casier par personne. Résultat, les habits de ville se retrouvent mélangés à des vêtements de travail imprégnés de cambouis, de pétrole et autres substances salissantes. La cantine juste à côté peut accueillir 25 personnes, ce qui est nettement insuffisant. Le jour de la visite de contact. sev par exemple, une quarantaine d’ouvriers ont mangé là, sur la centaine que compte le chantier naval. « C’était les chaises musicales. A peine quelqu’un se levait qu’un autre le remplaçait », commente Patrick Schaffner, qui travaille comme charpentier sur le chantier lorsqu’il ne navigue pas comme capitaine. Le fait d’avoir seulement quatre fours à micro-ondes implique aussi d’attendre avant de pouvoir réchauffer son repas. Quatre femmes travaillent sur le chantier et depuis 2007, la possibilité pour elles de se doucher sur leur lieu de travail n’est plus qu’un souvenir. Leur douche est hors d’usage. Elles doivent aussi se changer l’une après l’autre car le minuscule réduit qui tient lieu de vestiaire ne peut accueillir qu’une personne à la fois.

Les WC sont vieillots et ne correspondent plus aux normes actuelles. Il n’existe ainsi pas de toilettes pour personnes à mobilité réduite.

« Ces crédits sont des prêts, pas des dons »

Le budget nécessaire à la rénovation des chantiers navals de la CGN fait partie d’un paquet de crédits cantonaux, appelés EMPD (Exposé des motifs et projets de décrets). La plus grande partie de ces crédits est destinée à la rénovation de deux des bateaux de la CGN, pour 16,5 millions de francs environ, dont 12,5 millions pour le « Vevey », un des navires de la flotte historique. La rénovation des chantiers eux-mêmes est devisée à 4,5 millions. « Ces EMPD sont des prêts que la CGN rembourse ensuite. Pas des dons comme le croit souvent le public », précise Luc-Antoine Baehni, directeur général de la CGN. Le sort de ces crédits dépend avant tout du vote du Grand Conseil vaudois, étant donné que les activités de la CGN se déroulent à 70 % dans les eaux vaudoises.

Pour le chantier lui-même, l’acceptation de l’EMPD permettrait entre autres d’adapter les bâtiments aux normes écologiques actuelles en matière d’isolation et d’économies d’énergie. « Ces normes Minergie sont édictées par l’Etat », rappelle Luc-Antoine Baehni, qui évoque aussi la possibilité d’installer des panneaux solaires sur les toits.

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Chez les hommes, les douches sont totalement vétustes et les premiers doivent attendre 5 minutes avant d’avoir de l’eau chaude, avec en prime un énorme trou dans le mur qui donne sur un des vestiaires. Le chauffeeau et la chaudière à mazout sont également obsolètes et peuvent rendre l’âme d’un jour à l’autre.

Certains ateliers sont de toute façon inchauffables, tant ils sont mal isolés. C’est le cas de la halle de charpenterie, qui sert également à certains travaux de peinture, pour les bancs des bateaux. Outre l’inconfort, cela complique le travail dans la mesure où la peinture sèche beaucoup plus lentement à basse température. Dans l’idéal, il faudrait 15 à 20 °C. Dans un autre atelier, une chaufferette dévoreuse d’énergie sert de chauffage de fortune. « C’est un énorme gaspillage d’énergie », résume Patrick Schaffner. L’isolation défectueuse des bâtiments se chiffre en dizaines de milliers de litres de mazout supplémentaires chaque année, avec à la clé une lourde facture, à la fois sur le plan écologique et économique.

A cela s’ajoutent encore des problèmes de sécurité. A la menuiserie, le système d’évacuation des sciures ne répond plus aux normes ECA, d’où un danger d’incendie. A la serrurerie, le système d’aération amène de l’air de l’extérieur. Par contre, cet atelier est dépourvu d’extracteur d’air, alors qu’il en faudrait un pour évacuer les gaz dégagés par les travaux de soudure.

Les estacades installées le long des bateaux sont dépourvues d’éclairage, alors que des bateaux partent et arrivent au chantier naval de 4 h du matin à minuit, et même 24 heures sur 24 en été. Le goudron est constellé de trous, avec les risques de chute que cela implique.

Les bureaux aussi

« Le plus urgent est de refaire les douches, les vestiaires, le réfectoire et l’isolation des bâtiments », souligne Patrick Schaffner. Viennent ensuite divers problèmes plus ponctuels comme le manque d’établis dans certains ateliers. Le bâtiment administratif demande aussi de gros travaux d’isolation. A cela s’ajoute encore une perte de place au 2e étage, qui a nécessité d’installer quelques bureaux dans des Portakabin.

Hélène Koch