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Fin de la consultation

Préavis de grève réactivé aux tpg

Déplorant le manque de prise en compte de sa souffrance au travail par la direction, le personnel des tpg a décidé en consultation de réactiver le préavis de grève déposé en janvier. La grève pourrait avoir lieu fin avril comme en 2022.

À 76,2 %, les membres SEV ont donné mandat au comité de la section tpg de rejeter les propositions de la direction et de réactiver le préavis de grève suspendu. Alors que les négociations en cours visaient à répondre aux revendications du personnel – notamment réduire sa souffrance au travail – les propositions ont été jugées insuffisantes, en particulier car l’une d’entre elles demandait en contrepartie, une augmentation du temps de travail à la conduite. Sans avancées substantielles d’ici là, la grève aura lieu fin avril.

À la suite d’un sondage auprès de ses membres, le comité SEV-tpg avait décidé de suspendre le préavis de grève déposé pour la journée du 31 janvier. Le conseiller d’État chargé de la mobilité avait en effet proposé un nouveau cadre de négociation du 1er février au 24 mars chapeauté par la présidente du Conseil d’administration (CA) des transports publics genevois (tpg) et s’était engagé sur certaines revendications déposées par le personnel avec ces propositions.

« Malgré ce nouveau cadre de négociation plus bénéfique aux échanges que précédemment, nous avons de nouveau eu le sentiment de ne pas être vraiment entendu sur l’urgence de nos revendications », regrette Aurélie Lelong, secrétaire syndicale SEV en charge des tpg.

Ni entendus ni pris au sérieux

« Pour les collègues, les propositions qui ont été faites par la direction n’ont clairement pas répondu à leurs revendications, notamment de réduire la souffrance au travail du personnel de conduite. Les deux variantes proposées par le CA ont donc été balayées par le personnel qui s’est prononcé clairement », ajoute-t-elle.

À la question « quel mandat donnez-vous au comité SEV-tpg ? », 76,2 % des votant·es ont demandé de rejeter les propositions et de réactiver le préavis de grève suspendu (18,6 % ont demandé d’accepter une des propositions, 5,2 % des bulletins étant nuls). Le désaveu est total pour la direction, car elle a reçu des résultats identiques à sa propre consultation. Alors que le taux du personnel syndiqué aux tpg approche les 70 %, la direction des tpg a voulu, pour la première fois, organiser sa propre consultation, remettant ainsi en cause la légitimité et la représentativité des organisations représentatives du personnel, et en particulier du SEV, le syndicat majoritaire. « Si elle cherchait à remettre en cause les résultats de notre consultation en faisant valoir les siens, c’est un échec puisque les résultats sont identiques. Le rejet est unanime ! » remarque Aurélie Lelong. La syndicaliste identifie une raison très claire à ce rejet : « Une fois de plus, ils ont sous-estimé le mal-être de leurs employé·es. Il faut amener des solutions plutôt que de charger encore plus la barque », fustige-t-elle.

Pourquoi un tel désaveu des tpg ?

Comment explique-t-on ce désaveu de la direction et du CA des tpg ? « En voulant traiter autre chose que les causes de la souffrance du personnel et en mêlant nos revendications au futur contrat de prestation, ils ont manqué d’apporter des solutions concrètes et rapides. Cela est d’autant plus désolant que le CA s’est entêté dans ce mélange des genres malgré les nombreux avertissements de la délégation SEV. Plutôt que de réduire la pénibilité, comme demandé, ils en rajoutent une couche ! » résume Aurélie Lelong.

Plan quadriennal avant la santé ?

Tout au long des discussions, il a semblé que l’inquiétude première de l’entreprise et de son conseil d’administration était d’assurer le développement de l’offre prévue par le plan quadriennal (+29 % en 2029 par rapport à l’offre actuelle). Malgré le fait que la préservation de la santé physique et psychique de son personnel fait partie des prérogatives de l’entreprise, tout comme la recherche constante d’améliorations des conditions de travail, ce sujet est passé au second rang de ses préoccupations. Cela s’est illustré par le fait que la présidente du CA a placé en contrepartie aux revendications du personnel l’augmentation du temps de travail de deux heures hebdomadaires pour les conducteur·rices. « Et cela alors que l’offre actuelle n’est pas assurée en raison d’un absentéisme très élevé qui reflète la péjoration des conditions de travail du personnel roulant et par une difficulté à recruter due à un manque d’attractivité des métiers de la conduite », déplore Aurélie Lelong. Pour elle, « ce n’est pourtant pas en exigeant davantage d’un personnel au bout du rouleau que se trouve la solution, mais dans l’amélioration des conditions de travail qui attirera un nouveau personnel de conduite ».

Améliorer les conditions de travail

Cela passe, comme le demande le personnel, par une baisse des amplitudes des plages voltiges, une baisse de la durée du temps passé derrière le volant (suppression des tranches de conduite supérieures à 4 heures), la création de postes à la réserve permettant de vrais repos et la reconnaissance salariale de la pénibilité du travail par une prise en compte de l’augmentation réelle du coût de la vie.

Le 11 avril, au lendemain du dépouillement du vote, une séance était agendée entre la présidente du CA, les tpg, le Département de la mobilité et les organisations représentatives du personnel au sujet des résultats des différentes consultations. À cette occasion, le SEV a transmis à la direction et au CA les résultats de sa consultation en les informant que le résultat clair du vote impliquait la réactivation du préavis de grève. Les revendications du personnel ont été rappelées ainsi que l’obligation de ne pas les lier à une quelconque contrepartie. L’urgence des réponses concrètes a été signifiée. Dans ce sens, la présidente du CA a renoncé à demander toute contrepartie et a convoqué une séance mardi 16 avril. Celle-ci a eu lieu après le bouclage de ce numéro et donc l'écriture de cet article - vous trouverez une actualisation ci-dessous - et constituait la séance de la dernière chance. Sans réponse concrète aux revendications du personnel et sans leur mise en place rapide, la grève aura lieu avant la fin avril.

Yves Sancey

ACTUALISATION 

Ultimatum fixé au 24 avril 2024 pour éviter la grève aux tpg. En cas de non-accord, la grève aura lieu dans les jours suivants. 

Une réunion de la « dernière chance » a eu lieu mardi 16 avril suite à la réactivation du préavis de grève. Si la direction a fait de nouvelles propositions qui semblent aller dans le sens des revendications du personnel, le compte n’y est pas encore. La date du mercredi 24 avril a été fixée comme date butoir. Si aucun accord n’est trouvé, la grève aura lieu dans les jours suivants.

La réactivation du préavis de grève a déjà produit des effets. La direction des tpg s’est engagée à n’exiger aucune contrepartie face aux revendications du personnel. Les 30 postes à la réserve sont garantis au 1er juillet 2024. Et un plan ambitieux d’embauches est lancé pour recruter 200 conducteur-rices avant la fin de l’année.
La présidente du CA s’engage à revaloriser les salaires de 1% dès signature d’un accord si celui-ci est trouvé. Le moratoire sur la question des parkings est prolongé. Les discussions n’auraient lieu qu’en 2025 pour une mise en place éventuelle en 2026. Les pièces de conduite de plus de 4h30 seront supprimées au 19 août 2024 et une refonte totale des horaires pour faire disparaître les facteurs de pénibilités a déjà été entreprise et sera mise en œuvre avec l’accord du personnel au plus tard à l’étape de décembre 2025.
Au vu des délais pour mener à bien la refonte des horaires, l’entreprise souhaite reconnaître immédiatement la pénibilité du travail à la conduite. En identifiant un certain nombre de facteurs de pénibilité (tranche de conduite de plus de 4h15, attribution d’horaires hors de la plage de préférence, temps de battement réel insuffisant, etc.), un système de compensation serait mis en place qui se traduirait prioritairement par des jours de repos supplémentaires garantis, ou alors par de l’argent si cela est le souhait.
Cette proposition doit être définie précisément lors d’une séance agendée jeudi matin, pour savoir si elle serait acceptable. Comme les autres propositions de la direction qui seront discutées elles le lundi 22 avril, elle sera évidemment soumise à l’avis de nos membres. Aucun accord ne sera signé sans leur aval. Car au SEV, ce sont nos membres qui décident !


(Extrait du SEV-Info du 17.4.2024)


 

Commentaires

  • D'Alessandro Gilbert

    D'Alessandro Gilbert 21/04/2024 07:48:11

    Voilà la voie à suivre, elle va dans le sens de la proposition faite par la VPT lors du congrès. les conditions de travail est l’élément essentiel pour améliorer la qualité de vie. Mes collègues camarades des TPG font preuve de courage, ils méritent toute notre considération et solidarité.