Conférence des sections 2022
Priorités, échangeset bataille des retraites
Le 15 février a eu lieu la traditionnelle Conférence romande des sections, en ligne. Lors de ce moment riche en échanges ont été présentées et discutées les priorités du SEV. Pierre-Yves Maillard, président de l’USS, a ensuite expliqué avec pédagogie les enjeux du « combat de la décennie » autour des retraites.
Après la pause de 2021 due à la pandémie, la Conférence romande des sections 2022 a été appréciée et vécue comme un moment riche d’échanges selon les échos recueillis auprès d’une partie de la cinquantaine de participant-e-s en ligne. Pour sa première intervention en Romandie en tant que vice-présidente SEV, Valérie Solano a présenté les trois temps forts du SEV en 2022 : les cinq Conférences de sections sur toute la Suisse, les Journées de branches au printemps et le Congrès le 27 octobre.
Politique sociale
Les retraites étant au cœur de l’intervention de l’invité, le président Giorgio Tuti a rappelé rapidement que les enjeux ne vont pas manquer sur ce thème. Après l’aboutissement du référendum contre AVS21, Tuti espère que le SEV sera à la pointe également pour la récolte de signatures pour l’initiative « Renforcer l’AVS avec les bénéfices de la Banque nationale » et dans la campagne qui s’annonce pour obtenir une 13e rente AVS. « On me pose beaucoup la question de savoir comment financer ce qui n’est pas un luxe mais une nécessité. L’apport de la BNS serait largement suffisant ! » explique Tuti.
Recruter et se renforcer
Le vice-président SEV Christian Fankhauser a insisté pour sa part sur la nécessité de penser le recrutement comme un outil pour se renforcer. « C’est indispensable de conserver, voire d’améliorer notre taux d’organisation : cela permet de négocier avec les employeurs dans un meilleur rapport de force, insiste-t-il. Avec le départ prochainement à la retraite de la génération du babyboom, il est d’autant plus important de syndiquer les jeunes collègues. La bonne nouvelle, c’est qu’en 2021 on a cassé la tendance à la baisse », jubile-t-il. Le SEV a recruté 1618 nouveaux membres l’année dernière, le chiffre le plus élevé depuis 2014. Fankhauser a également informé de l’importance de renforcer les représentations des travailleurs dans les caisses de pensions pour y combattre les baisses des taux. « Dans les ETC aussi, il faut développer davantage de modèles de retraite anticipée », a-t-il souligné. Il a aussi rappelé l’effort mis par le SEV pour trouver des solutions de branche pour des reconversions professionnelles en lien avec la digitalisation ou une incapacité de travail. Le long combat pour convaincre les entreprises se poursuit. Valérie Solano a évoqué la poursuite de la politique CCT du SEV, qui est un succès, mais a mis en garde : « Nous ne devons pas nous reposer sur nos lauriers, mais continuer à nous battre, montrer que tout le monde est concerné et capable de se mobiliser. » En ce sens, le SEV prévoit une forte présence sur le terrain auprès des membres CFF en juin en Suisse allemande et en septembre en Suisse romande.
Politique des transports
Daniela Lehmann, coordinatrice de la politique des transports du SEV, a expliqué dans un très bon français que « le SEV peut être fier du fait que le Conseil fédéral l’a suivi sur de nombreux points ces dernières années. La crise du Covid a aussi montré clairement que la coopération doit être au premier plan dans les transports publics, plutôt que la concurrence. » De même, en ce qui concerne le changement climatique, presque tout le monde a compris entre-temps que les transports publics font partie de la solution. Là aussi, la politique est appelée à mettre en place les conditions-cadres appropriées, par exemple pour le transfert des marchandises de la route vers le rail. Giorgio Tuti a ajouté qu’au niveau européen aussi, « nous allons y booster la coopération et, en ce sens, la Suisse est un modèle à exporter ». Il a aussi fait part de son annonce au dernier Comité de ne plus se mettre à disposition pour un nouveau mandat de président du SEV: « J’imaginais l’annonce de mon départ de façon différente. Mais on va se revoir au Congrès.» Les participant-e-s l’ont chaleureusement applaudi (photo) pour toutes ces années au service du SEV et des membres.
« Combat de la décennie »
Le président de l’USS Pierre-Yves Maillard a ensuite fait une présentation très appréciée en vulgarisant le thème-clé de la prévoyance vieillesse. « Nous sommes engagés dans un combat qui peut être considéré comme celui de la décennie » a-t-il prévenu. « Que ce soit de manière défensive pour lutter contre les projets de démantèlement de la droite ou de manière offensive avec nos propositions, la thématique va être très présente ces prochaines années. »
La bataille se joue en grande partie sur une idée simple que la droite essaie d’imposer : l’augmentation de l’espérance de vie conduit forcément à une élévation de l’âge de la retraite. Maillard nous invite à une bataille centrale contre cette perspective trompeuse : « La Suisse est plus riche que jamais. Dès lors, nous devons sortir de la question démographique qui nous pollue l’esprit, a-t-il insisté. La situation est absurde puisque d’un côté on nous dit qu’on ne peut plus se payer ce système de retraite et, de l’autre côté, la BNS stocke 100 milliards d’argent public en tant que réserve pour distribution ! D’où la question à 100 milliards : à quoi dépenser cet argent ? Il doit revenir à la population et une petite partie suffit déjà à régler les problèmes de l’AVS, comme le propose l’initiative que vient de lancer l’USS.» Cette intervention a permis d’aérer l’esprit pour se décontaminer des discours alarmistes. Informer et faire réfléchir, le but de cette Conférence a donc été complètement atteint.
Yves Sancey