Texte d’orientation «syndicat»
Congrès 2019: textes d’orientation et résolutions
Le congrès SEV a la tâche de déterminer les positions de notre syndicat sur différents domaines dans des "textes d'orientation". Voici un résumé des six textes approuvés par le congrès 2019 (les textes complets se trouvent ICI). Lors de la discussion des six thèmes, les délégués ont également approuvé quatre résolutions (textes complets ICI). Et avec une action (photo), ils ont lancé la mobilisation pour la participation du personnel des CFF au bénéfice 2018 de 568 millions.
1. Texte d’orientation Syndicat
Garder ses membres et en gagner
Markus Fischer «Un syndicat disposant d’un faible degré d’organisation n’est pas pris au sérieux, n’est pas en mesure de mobiliser valablement ses troupes et n’obtient pas de bons résultats, ce qui rend difficile le recrutement de nouveaux membres», a averti Manuel Avallone, vice-président du SEV. Pour ne pas se laisser entraîner dans cette spirale descendante, le SEV entend redoubler d’efforts pour recruter de nouveaux membres, surtout parmi les jeunes collègues. Le syndicat continue de miser sur le principe « un membre recrute un membre » et sur un solide réseau de personnes de confiance, mais également sur le soutien professionnel des sections, sur des campagnes ciblées et sur des actions de terrain comme ce sera le cas le 10 septembre prochain. « Nous devons aussi nous approcher des collègues qui, de plus en plus, travaillent quelque part sur leur ordinateur portable, pas forcément dans un bâtiment ou un bureau précis », a poursuivi Manuel Avallone. Il convient aussi de tout faire pour conserver ceux qui sont déjà membres. Comme évoqué déjà en 2017, il est nécessaire de coopérer avec d’autres syndicats, (comme, depuis 2017, dans l’alliance Fairlog avec Unia et Syndicom pour la logistique), ou encore, sur le plan national, avec l’USS, voire, à l’échelle européenne, avec l’ETF..
«Resolution pour protéger les FVP»
Ueli Müller, président de la VPT STI, a présenté la résolution de sa section : au vu de l’attaque médiatique contre les FVP le 10 mars contre une branche des transports publics qui « offrirait » à son personnel un cadeau de 380 millions de francs par année et au vu de l’enquête en cours menée par l’OFT qui doit procéder à un décompte détaillé des courses effectuées avec l’AG FVP, la résolution demande : 1) que le SEV accompagne cette enquête ; 2) que le SEV informe l’OFT que les employé-e-s des TP au bénéfice de l’AG FVP sont tenus de le déclarer à l’autorité fiscale en tant que prestation salariale accessoire ; que les employés utilisent l’AG pour des déplacements de service, ce qui relativise son utilisation à des fins privées ; que ce genre de rabais est courant également dans d’autres branches, (places de stationnement, voitures de service, etc), et enfin 3) que le SEV entend faire tout ce qui est en son pouvoir pour que ces FVP soient maintenues. La résolution a été approuvée par acclamations.
2. Texte d'orientation Politique contractuelle
Garder le cap
Fi Depuis le congrès de 2017, le SEV est parvenu à atténuer toutes les détériorations nées de la révision de la LDT pour les 76 CCT ou de branche. Il a aussi obtenu certaines améliorations, comme le droit de ne pas être joignable (voir ci-dessus) aux CFF. Le SEV entend thématiser davantage les problèmes liés à la maladie et à l’incapacité de travail. De même, il s’agira de négocier des mesures susceptibles d’atténuer l’érosion des rentes de la caisse de pensions. Il convient aussi de poursuivre la stratégie qui consiste à conclure des CCT dans les domaines où le SEV compte peu de membres, comme Fairlog..
3. Texte d’orientation Protection de la santé et sécurité au travail
Le fonds de l’amiante
Elisa Lanthaler La protection de la santé et la sécurité au travail figurent encore et toujours parmi les premières préoccupations du SEV. Vincent Brodard, secrétaire syndical, souligne: la fondation Fonds d’indemnisation des victimes de l’amiante (EFA) a mis à disposition 6 millions de francs pour indemniser les victimes survivantes de l’amiante et les proches de personnes décédées d’asbestose. Désormais, les personnes atteintes d’un cancer des poumons provoqué par l’amiante peuvent également bénéficier d’une indemnisation, pour autant que ce cancer ait été reconnu comme maladie professionnelle. A l’avenir, même les personnes chez qui un mésothéliome a été diagnostiqué sans lien direct avec une activité professionnelle, pourront toucher une indemnisation de ce Fonds. Il s’agit par exemple de personnes qui s’occupaient du nettoyage de vêtements contaminés. Brodard exhorte la hiérarchie à sensibiliser le personnel à ce problème et à l’informer de l’existence et des prestations de cette fondation. Les transports publics sont l’un des secteurs où, ces prochaines années, on devrait enregistrer le plus de décès dus à des maladies liées à l’amiante.
Parallèlement, il importe de repousser avec force l’assaut mené par les milieux politiques contre la loi sur le travail (LTr). Des principes fondamentaux seraient en effet directement menacés, comme la durée maximale du temps de travail et la saisie du temps de travail pour 1,4 million de salarié-e-s. Ce serait la porte ouverte au travail gratuit et au burnout. Si d’aventure le Parlement devait décréter un démantèlement de la LTr, l’USS et le SEV s’y opposeraient par référendum..
4. Texte d'orientation Politique sociale
Renforcer l’AVS par la 13e rente
Fi Selon la Constitution, l’AVS et la prévoyance professionnelle doivent permettre à l’assuré de maintenir de manière appropriée son niveau de vie antérieur. Aujourd’hui, pour beaucoup de retraités ce n’est déjà plus le cas, car d’une part les primes d’assurance-maladie augmentent sans cesse et plus fortement que les rentes AVS, d’autre part les nouvelles rentes des caisses de pensions diminuent depuis des années, bien que les primes soient en hausse. Il faudrait injecter plus d’argent dans les caisses de la prévoyance vieillesse, ou alors augmenter l’âge de la retraite, ce qui n’aurait guère de sens à une époque où les plus de cinquante ans sont nombreux, aujourd’hui déjà, à ne pas trouver d’autre emploi une fois qu’ils ont perdu le leur. C’est pourquoi l’USS et le SEV plébiscitent le renforcement de l’AVS par un financement solide et solidaire. De plus, l’USS prépare d’ores et déjà une initiative populaire pour l’introduction d’une 13e rente AVS..
Le congrès a également adopté la résolution "Pour des rentes dignes" de la VPT TPG.
5. Texte d'orientation Politique des transports suisse et européenne
L’OFT doit revoir sa Vision 2030
Fi Die Daniela Lehmann, coordinatrice de la politique des transports, a expliqué que l’UE a poussé à la concurrence, négligeant honteusement la protection qu’elle doit aux salariés, aux entreprises et aux citoyen-ne-s. Le SEV lutte aux côtés de l’ETF contre le dumping aussi bien salarial que social. « En Suisse, les transports publics demeurent une réussite exemplaire : notre réseau ferroviaire est en effet utilisé de manière intensive comme nulle part ailleurs. Les piliers de notre système de TP sont : le transport de voyageurs à longue distance non privatisé, le financement solide de chemins de fer intégrés, la concertation de tous les acteurs plutôt que l’affrontement, l’entretien systématique du matériel roulant, l’horaire cadencé jusque dans les régions périphériques, et enfin un personnel bien formé, correctement payé et en nombre suffisant », a-t-elle précisé.
Hélas, l’Office fédéral des transports (OFT) veut mettre en œuvre sa « Vision 2030 », qui implique justement davantage de concurrence, un accès accru au marché pour des entreprises privées exclusivement orientées sur le profit et une hausse des instruments fondés sur l’économie de marché. « Ce ne sont certainement pas 800 passagers de plus par jour dans les bus qui vont anéantir notre système de transports publics, qui est bien équilibré. Mais si on ajoute à cela tous les autres changements déjà décidés ou en passe de l’être, comme la répartition de la concession du trafic longue distance ou la suppression de l’interdiction de cabotage pour le transport transfrontalier de personnes, l’équilibre de ce système est soumis à un bouleversement inutile», a averti Daniela Lehmann. Raison pour laquelle le SEV réclame un changement de cap. Le SEV entend également mettre un frein à la « déshumanisation » des TP.
Résolution concernant CFF Cargo
Dans une résolution soumise par la LPV, le congrès exige de CFF Cargo un « changement de cap vers une politique qui prévoit des investissements susceptibles de fournir dans tout le pays un service public qui profite à la clientèle et permet de conserver les emplois». Et il demande au Conseil national et au Conseil des Etats « de s’investir en faveur du service public et de la protection de l’environnement, par conséquent de soutenir avec plus de fermeté le trafic de marchandises par voie ferroviaire sur le territoire suisse ».
6. Texte d'orientation Numérisation de la mobilité
Les humains au centre
Elisa Lanthaler La numérisation transforme la société et l’économie. Le trafic des voyageurs et des marchandises n’échappe pas à de profondes mutations : les transports publics et les transports individuels se mélangent, avec pour conséquence un surcroît de chaînes de mobilité. Dans les transports publics s’implantent désormais des entreprises plates-formes au sein desquelles la situation de l’emploi est parfois d’une extrême précarité. Ces évolutions soulèvent des questions concernant les régulations, les rapports de propriété et la répartition des profits.
« La numérisation rend beaucoup de choses possibles. Mais tout ce qui est possible n’est pas forcément judicieux », a expliqué Daniela Lehmann, secrétaire syndicale. Le SEV considère la numérisation comme une opportunité à saisir, mais ne l’approuve pas sans réserve et participe activement aux débats. Ainsi, le SEV s’est fixé pour objectif de réguler au sein des CCT les effets pervers de la numérisation. Dans la nouvelle CCT CFF/CFF Cargo, le SEV a d’ores et déjà obtenu deux ou trois choses, notamment le droit à la déconnexion durant le temps libre et à un état des lieux sur la situation professionnelle. De nouveaux profils professionnels voient le jour, d’autres subissent des transformations ou disparaissent. La responsabilité incombe ici aux entreprises d’habiliter leurs employés à suivre le rythme de cette évolution. « Pour le SEV, c’est l’humain et rien d’autre qui doit se trouver au centre des préoccupations », a conclu Daniela Lehmann.