Présidence de la ZPV Fribourg
Passage de témoin
Un changement de présidence, c’est l’occasion de remercier Daniel pour son engagement, de faire un bilan et de regarder avec Jordi les défis.
A 61 ans, figure du SEV, Daniel Mollard a passé 45 ans aux CFF et 43 au SEV où il aura cumulé 18 ans de présidence de la ZPV Fribourg entre 1993 et 1997 puis entre 2005 et 2018, après un détour par Berne quand le dépôt a été menacé de fermeture. Son métier il l’a un peu choisi par hasard. A l’époque, les CFF engageaient des apprentis contrôleurs à 16 ans. Après un stage qui lui a plu, il s’est inscrit à l’examen et a commencé en 1973. Le «venin syndical» lui est venu dans une ZPV Genève très active. Daniel a rapidement repris le secrétariat de la section puis est arrivé en 1982 à Fribourg où il s’est rapidement retrouvé six ans à la vice-présidence et caissier. Il se souvient de la lutte de 1980 quand 1400 agents de train ont défilé lors d’une grande manif nationale pour l’amélioration des salaires. Son combat le plus dur a été celui pour la sauvegarde des places de travail et du dépôt d’agents de train de Fribourg menacé depuis 1993. Les CFF nous considéraient un peu «comme du bétail. Si on ne s’était pas battu, nous n’aurions plus notre place de travail ici», souligne-t-il. A côté de son travail de chef de train, il fait encore de la politique communale, de la montagne et du bûcheronnage. De ces années de présidence, Daniel retire une grande confiance en lui et une grande fierté pour ce qui a été obtenu pour les collègues et leurs conditions de travail. «Mais je m’inquiète du fait que beaucoup de jeunes ne se sentent pas concernés alors que des menaces planent.»
Bonne nouvelle dans ce contexte puisque c’est le jeune Jordi D’Alessandro, qui reprend la présidence! «Si un jeune parle à un jeune, le contact passe beaucoup mieux» confie cet agent de train de 24 ans. «Même si je dois constater que la mentalité ‹Je paie donc j’ai le droit› est très présente et que les jeunes ne comptent pas forcément rester. Moi, j’ai envie de rester, mais il faut que les CFF mettent les moyens et nous donnent envie de rester!» Ce bagout syndical, Jordi l’a hérité en partie de son père très actif syndicalement au SEV, mais, et c’est important à ses yeux, il l’a acquis en suivant son propre chemin et en faisant ses propres expériences. Il s’est d’abord lancé dans un CFC de constructeur métallique mais s’est rendu compte que le contact avec les gens lui manque dans ce métier. Suivent deux ans dans le service où les conditions de travail ne lui conviennent pas. L’idée d’agent de train- où le service-client est important - lui plaît et il se lance. Son engagement lui vient de loin puisqu’il a intégré la Jeunesse socialiste fribourgeoise à 15 ans déjà. Son travail l’oriente vers le syndicalisme qui lui semble plus propice à l’action et il siège à la commission Jeunesse SEV où il fait ses premières armes. Daniel et Jordi étant collègues, le passage de témoin se fera donc en douceur et en toute complicité.
Yves Sancey