Patrick Rouvinez, nouveau président de la section PV Valais
Une figure très connue au SEV
Patrick Rouvinez a plusieurs vies syndicales: contrôleur CFF et président de la section ZPV Genève, secrétaire syndical à Berne, responsable de l’agence SEV Assurances à Lausanne, traducteur et désormais président de la section PV Valais. Autant dire qu’il est connu comme le loup blanc au SEV.
Patrick, tu habites à Genolier, dans le canton de Vaud et tu présides désormais la section PV Valais? Drôle de choix, non ?
Patrick Rouvinez : J’ai toujours été très présent dans cette section, notamment en tant que secrétaire syndical SEV et en tant que responsable SEV Assurances. Et j’ai grandi à Brigue, de parents romands. Je suis totalement bilingue et cela aide beaucoup pour une section comme la PV Valais. De plus, j’ai un comité sur place qui se charge des affaires courantes. Mon vœu: que les baby-boomers restent solidaires, donc syndiqués.
Raconte-nous un peu ton parcours syndical. Quand t’es-tu engagé pour la première fois ?
A mon entrée en apprentissage, j’ai adhéré au syndicat. Mon père était cheminot et homme de confiance pour le SEV. C’est de lui que j’ai hérité cette fibre syndicale. A Genève, j’ai rapidement intégré le comité ZPV Genève et en suis devenu le président. Par la suite, j’ai fait partie du comité central et j’étais représentant d’arrondissement. Je suis devenu ensuite vice-président ZPV. Le président de la sous-fédération ZPV d’alors était Jakob Tribelhorn. Il a été mon guide dans ma carrière syndicale et a été un élément déterminant dans ma décision de devenir secrétaire syndical à Berne, en 1998.
Mais tu n’es pas resté longtemps au secrétariat central à Berne, n’est-ce pas ?
J’ai travaillé trois ans comme secrétaire syndical. Je m’occupais des sections TPG, Nyon-St-Cergue, BAM et j’étais dans le team salaires, entre autres. J’ai commencé à ce moment-là à faire des traductions simultanées. En 2002, on m’a proposé de reprendre la gestion de la filiale SEV Assurances de Lausanne. J’ai alors travaillé durant trois ans comme responsable de filiale et comme secrétaire syndical. Puis, en 2005, je me suis consacré à plein temps à SEV Assurances. Je gérais les conseillers et m’occupais du marketing ainsi que des traductions.
Te considérais-tu comme un assureur ?
Non. Je ne vendais quasi pas d’assurances mais m’occupais de la gestion du bureau. En plus, SEV Assurances n’était pas une assurance comme une autre, on ne vendait pas n’importe quoi. On proposait surtout des 3es piliers qui permettaient à nos membres de partir plus vite en retraite. Beaucoup nous ont remercié par la suite. Il y avait un aspect social important. On ne forçait pas la main, on conseillait les membres et on les aidait dans certaines démarches administratives.
Tu es un jeune retraité (ndlr: Patrick aura 61 ans en juin). Explique-nous la raison de cette retraite anticipée.
Oui, j’ai été retraité tôt, il y a deux ans déjà. A la reprise de SEV Assurances par Helvetia, j’ai travaillé quelques mois pour eux puis je suis tombé malade. J’ai eu un lymphome. C’est un cancer du système lymphatique. Après avoir subi un traitement très lourd, je suis actuellement en rémission. J’aimerais d’ailleurs faire passer un message à tous ceux qui sont touchés dans leur santé: ne baissez pas les bras et continuez à vous occuper: cela vous aidera à penser à autre chose. Moi par exemple, en plein traitement, en mai 2013, j’ai passé deux demi-journées dans les cabines de traduction du Congrès SEV. J’étais fatigué, j’avais perdu mes cheveux et beaucoup de kilos, mais je tenais à être là, présent, avec les membres.
Depuis 2015, je fais des traductions simultanées, surtout pour les sous-fédérations VPT et Travaux. Je suis assez régulièrement en route et je garde un contact très régulier avec les membres SEV, dont beaucoup sont devenus des amis.
Qu’est-ce qui t’a aidé durant la maladie ?
Mon moteur, ça a été mon fils Joël, qui a maintenant 6 ans. Je voulais le voir grandir, je sais qu’il a besoin de moi. Mon épouse a aussi été d’un grand soutien. Les membres SEV ont été présents, avec des courriers, des fleurs, des marques d’attention de toutes sortes. Cela m’a beaucoup aidé.
J’imagine que cela a changé ta façon de voir la vie. Qu’en retiens-tu ?
Après une épreuve comme ça, tu relativises beaucoup plus, tu vois la vie d’une autre manière et tu t’attardes moins sur des broutilles. Il ne faut surtout pas se poser la question : « Pourquoi moi ? Pourquoi j’ai un cancer ? » Il faut aller de l’avant, tout simplement.
A quoi occupes-tu tes journées de retraité ?
Je m’occupe de Joël, bien sûr. Et j’ai trois autres enfants, dont deux adultes d’un premier mariage. Je suis quatre fois grand-papa. Je suis aussi très impliqué dans la vie du village de Genolier : je viens d’entrer au Conseil communal (législatif) en ce début d’année 2017 et je m’occupe de l’école de foot du village. Je préside quelques associations au village et j’ai également mis sur pied un projet humanitaire au Togo, pays d’origine de mon épouse.
Nous avions présenté ce projet dans le journal il y a quelques années. Où en est-il maintenant ?
Les toits en paille ont été remplacés par des toits en tôle, pour l’élevage des agoutis, principal revenu des habitants du village où nous avons mis ce projet en place. Ces travaux ont été financés en grande partie par des collègues du SEV, notamment la section PV Valais et Travaux. Il y a d’ailleurs un quartier valaisan dans ce village togolais! Lorsque je m’y rends, les habitants n’oublient jamais de hisser le drapeau valaisan …
J’ai dû mettre le projet quelque peu en suspens durant ma maladie, mais nous lançons cet été la construction d’un ou deux puits. Ce qui est important à mes yeux dans ce genre d’initiative, c’est de faire participer les habitants, aux travaux bien sûr, mais aussi aux décisions. Il faut les impliquer. J’ai vu des puits construits par des ONG, flambant neufs mais non utilisés, car construits dans des endroits non adaptés. Pour moi, il est essentiel d’écouter les gens sur place et de savoir quels sont leurs besoins. J’aimerais encore remercier le SEV qui a mis à disposition une grande quantité de matériel (casquettes, tee-shirts, sacs), ce qui a été très apprécié par les Togolais.
Revenons au syndicat. Quel est ton souvenir le plus fort ?
J’ai eu la chance de participer aux premières négociations CCT en 1999–2000. Ce fut un moment inoubliable. Et une belle réussite.
Propos recueillis par Henriette Schaffter