Renforcer l’AVS au lieu de l’affaiblir
Une prévoyance vieillesse
La bataille autour de l’aménagement futur de la prévoyance vieillesse fait rage. La réforme proposée, adoptée par le Conseil des Etats lors de la dernière session, passera bientôt devant le Conseil national, nouvellement élu. Bien qu’elle fasse un pas important en faveur des travailleurs et travailleuses en proposant de relever les rentes AVS, elle maintient tout de même des mesures négatives brutales, comme le relèvement de l’âge de la retraite des femmes et la baisse à 6% du taux de conversion LPP. Afin de dissiper les mythes répandus à propos de l’AVS, il est important pour l’USS d’opposer des fait, ce qu’elle a fait au travers d’une brochure publiée en août.
L’AVS est actuellement l’objet d’une violente lutte entre des opinions divergentes. Une partie du camp bourgeois et les employeurs ont surtout pour objectif de démanteler les prestations, en relevant l’âge de la retraite, en baissant le taux de conversion LPP et en introduisant un frein à l’endettement pour l’AVS. Cela fait des années que ces milieux dénigrent l’AVS et maintenant, ils combattent aussi la hausse de 70 francs des rentes AVS pour les personnes vivant seule et de 226 francs pour les couples.
Importante source de revenu
Mais l’AVS, l’assurance sociale la plus importante de Suisse, a parfaitement su faire face au vieillissement de la population qui n’a jamais cessé depuis sa création. Jamais, elle ne s’est effondrée contrairement à ce qui a été régulièrement annoncé. De plus, l’AVS est la principale source de revenu de la grande majorité des retraité(e)s et qu’elle constitue la prévoyance vieillesse la plus efficiente et la moins chère.
Renforcer l’AVS
Il est évident que l’on parvienne à réaliser une bonne réforme de la prévoyance vieillesse si on se base sur des faits, et non des mythes. De plus, il est manifeste qu’une telle réforme ne convaincra le souverain que si elle est aussi synonyme de progrès social. Cela, nous ne le savons pas seulement depuis la publication récente de l’étude réalisée par la professeure zurichoise de politologie Silja Häusermann, car toutes les réformes réussies de la prévoyance vieillesse suisse le montrent en effet aussi. Du point de vue des travailleurs et travailleuses, il est donc clair qu’au lieu d’affaiblir l’AVS, nous devons la renforcer.
AVS : une bonne affaire pour les jeunes
[bild hanna: Kein Bild mit tag:'grafik8-fr' gefunden]L’AVS offre aussi de nombreux avantages aux jeunes. Prétendre que ceux-ci doivent toujours payer plus pour les retraité-e-s pour ne recevoir demain qu’une petite rente AVS, c’est du pur alarmisme. Sans l’AVS, nous devrions bien plus organiser notre prévoyance vieillesse sur le plan privé. Mois après mois, nous devrions placer de l’argent dans des banques ou des assurances-vie pour toucher des intérêts. Des affaires juteuses pour celles-ci ! D’un seul coup, des millions de Suisses et Suissesses devraient acheter des solutions de prévoyance. Dirigeants et actionnaires des assurances et des banques s’en frotteraient les mains.
Plus d’argent grâce à l’AVS
Sans l’AVS, la prévoyance vieillesse de la grande majorité des gens serait beaucoup plus chère. Nous devrions payer davantage pour financer des rentes équivalentes. Chaque année, jusqu’à la retraite. Des montants impressionnants. Un couple qui gagnait 11 000 francs touche aujourd’hui une rente AVS de 3510 francs. Pour cela, il a, durant toute sa vie professionnelle, payé 460 000 francs de cotisations, de TVA, etc. Pour la même rente avec une prévoyance privée, il aurait dû économiser près de 350 000 francs de plus. Presque le double. N’y parviennent que ceux qui commencent très tôt à économiser. Une personne de 25 ans avec un salaire de 5000 francs devrait économiser 10 000 francs de plus par an : 4400 francs de plus que ce qu’elle paie aujourd’hui à l’AVS !
Solidaire et efficace
Le rapport prix/prestation de l’AVS est nettement meilleur pour les bas et moyens revenus parce que le financement de cette assurance est solidaire. Des cotisations sont perçues sur la totalité des salaires, bonus compris. Mais, pour une personne seule, la rente maximale est plafonnée à 2350 francs. Deux fois seulement la rente minimale. Les personnes à gros salaires paient ainsi plus que ce qu’elles reçoivent. Les salarié-e-s ordinaires y gagnent. De plus, l’AVS tient compte du travail familial pour calculer la rente, son administration est efficace et elle sert le bien commun. Au contraire des banques et des assurances privées qui tondent les assuré-e-s avec leurs frais de gestion. Cela, toujours afin de réaliser le plus de profits possible.
Beaucoup dénigrent l’AVS
Prédire l’effondrement de l’AVS, c’est soutenir les campagnes menées par les assurances et les banques. Avec les hauts salaires, celles-ci combattent une AVS trop forte. Par intérêt financier. Depuis la création de l’AVS, les banques et les assurances ont tout fait pour que ses rentes restent basses et ne permettent pas de couvrir le minimum vital. Ce qui pousse de fait à investir le plus possible dans la prévoyance professionnelle et privée. En effet, plus les rentes AVS sont basses, meilleures sont les perspectives d’affaires des banques et des assurances. La prévoyance vieillesse: une mine d’or pour les banques et les assurances. Les 40 milliards de recettes annuelles de l’AVS servent immédiatement à financer les rentes. Les excédents vont dans son fonds de compensation, qui fait office de matelas si les recettes fluctuent. Actuellement, ce fonds gère une fortune de 43 milliards. Peu à gagner ici pour la branche de la finance. La réalité est différente dans les 2e et 3e piliers. La fortune placée du 2e pilier représente la somme énorme de 891 milliards de francs. Sa gestion est une affaire importante pour la finance. Les frais de gestion de la fortune, les charges administratives et les gains se montaient, pour ce pilier, à 6,4 milliards de francs en 2013. Dix fois plus que pour toute la gestion de l’AVS (env. 600 millions).
Le 3e pilier : un outil pour économiser des impôts
Les banques et les assurances gagnent beaucoup aussi avec le 3e pilier, qui n’est pas une assurance sociale. Elles fixent elles-mêmes les taux d’intérêt et les émoluments. Raison pour laquelle les intérêts sont inférieurs et les coûts supérieurs à ceux du 2e pilier. Pas étonnant donc que les banques et les assureurs essaient de pousser les gens vers la prévoyance privée. Ceux qui défendent les intérêts des personnes à hauts salaires sont aussi opposés au développement de l’AVS et à des pour cent de salaire supplémentaires. Car celles-ci paient beaucoup plus à l’AVS qu’elles n’en recevront. Retraitées, elles n’ont pour la plupart pas besoin de l’AVS. C’est pourquoi, et aussi pour ne pas voir leurs traitements et bonus diminuer à cause de l’AVS, nombre de ces hauts salaires refusent le renforcement de l’AVS.
Ce dossier sur l’AVS se base sur une brochure publiée par l’USS en août. Les auteurs sont : Doris Bianchi, Daniel Lampart, Jasmin Aregger, David Gallusser et Thomas Zimmermann. La brochure explique, outre le fonctionnement de l’AVS, pourquoi le financement des rentes futures est assuré et qui en profite particulièrement. Le deuxième et troisième pilier y sont également abordés.
L’AVS : une aubaine pour les femmes
Beaucoup sous-estiment l’importance de l’AVS pour les femmes. Or l’AVS tient compte des activités éducatives et d’assistance dans le calcul de la rente. Le 2e pilier désavantage nombre de femmes. Un grand nombre de retraitées n’ont qu’un petit revenu. Sur 100, presque toutes touchent l’AVS, mais seules 58 ont un 2e pilier (hommes : 78). Et celles qui en ont un ne reçoivent pas grand-chose. Les rentes du 2e pilier des femmes, en moyenne 1390 francs par mois, sont deux fois inférieures à celles des hommes, trois fois pour les prestations en capital (50 000 fr.). Dans l’AVS, par contre, les rentes des hommes et des femmes sont quasi identiques. Pourquoi donc ?
La pierre d’achoppement du 2e pilier
Difficile pour les femmes d’économiser en vue d’une rente décente du 2e pilier. Si elles sont en majorité professionnellement actives, presqu’une sur cinq n’y est pas assurée, puisqu’elle gagne trop peu. Le 2e pilier est obligatoire seulement à partir d’un salaire annuel de 21 150 francs. Le montant du salaire assuré aussi est essentiel. Bien des femmes travaillent à temps partiel. À cause de la déduction de coordination, seule une petite partie de leur salaire est assurée. La discrimination salariale persistante et la concentration des femmes dans des professions mal rémunérées ont aussi une influence négative sur leur prévoyance. Leurs rentes inférieures justifient un âge de la retraite plus bas.
L’AVS : solidarité et respect de la famille
L’AVS est très avantageuse pour les femmes. Tout le monde y est assuré, que l’on travaille à plein temps, à temps partiel, ou pas du tout. Pour les couples mariés, les revenus acquis pendant le mariage sont cumulés dans le calcul de la rente et divisés par deux. Cela empêche qu’un des époux doive supporter seul les conséquences si lui, ou surtout elle, n’a pas toujours travaillé à 100% en raison d’obligations familiales. Pour le travail familial et d’assistance non rémunéré, l’AVS accorde des bonifications pour tâches éducatives et d’assistance qui influent positivement sur la rente. La formule du calcul de la rente, qui fait augmenter plus rapidement cette dernière pour les bas revenus, crée également un certain équilibre.