Rede von Michel Béguelin, Rentner, alt Ständerat

[ Retour à vue de Manifestation: «contre l’arnaque envers les caisses de pensions» ]

Michel Béguelin

Chers collègues des transports publics,

Je m’exprime sous la double casquette, celle du « cheminot engagé» et celle du « retraité SEV actif ».

La bataille politique sur la caisse de pensions des CFF aura lieu l’année prochaine au parlement. Pour la branche des transports publics, les enjeux vont beaucoup plus loin qu’un simple assainissement comptable. En fait, il s’agit de la crédibilité du propriétaire « Confédération », propriétaire du réseau parmi les plus performants du monde, mais propriétaire qui refuse d’assumer pleinement ses anciennes responsabilités sociales. L’autre enjeu est le mauvais exemple que donne la Confédération. Il y a 20 ans, les caisses fédérales étaient au-dessus de la moyenne. Maintenant, la caisse CFF est tout en bas du classement. Non pas parce qu’elle a été subitement mal gérée, mais parce que la « Confédération » propriétaire n’a assumé qu’une partie de ses obligations, pressée qu’elle était de foncer dans la mode du libéralisme. La caisse CFF, parce qu’elle supporte le plus lourd héritage, est en fin de liste. Elle est donc la cible idéale de tous ceux qui attaquent l’Etat, les mêmes champions du libéralisme qui savent si bien obtenir l’aide massive de ce même Etat pour réparer leurs fautes. Voir l’UBS.

Je dénonce trois énormes contradictions du Conseil fédéral.

  • La première. D’un côté, le département Couchepin exige l’assainissement brutal de la caisse CFF; mais sans corriger son déséquilibre fondamental entre actifs et retraités. De l’autre, le département Merz qui, sachant qu’il devra payer quelque chose un jour, a multiplié les consultations et renvois avec le but délibéré de payer le moins possible, le plus tard possible.

  • Deuxième contradiction. Les différences de traitement. La Confédération a assaini depuis 5 ans, entre autres, les caisses de pensions de Swisscom, de la RUAG et de Skyguide, entreprises fédérales soumises à la concurrence internationale, mais elle refuse à faire de même avec la caisse CFF également soumise à la concurrence internationale (voir Cargo CFF et le trafic voyageurs). Pourquoi les cheminots sont-ils ainsi pénalisés par rapport aux employés de Swisscom, de la RUAG et de Skyguide ? Comment les CFF (et le BLS) peuvent-ils se battre à armes égales sur le marché international si le Conseil fédéral leur impose d’anciennes obligations que la Confédération ne veut plus assumer ?

  • Troisième contradiction. Le système des transports publics en Suisse est très performant, comme l’a voulu le peuple et comme le démontre l’évolution du trafic des voyageurs. Il est parmi les meilleurs du monde. Grâce au travail des cheminots. Et c’est au moment où l’on exige le plus des cheminots, que le Conseil fédéral prend le risque de casser la motivation des agents en imposant des baisses de salaires pour assainir la caisse de pensions ! C’est d’une totale irresponsabilité !

Maintenant, au titre de retraité cheminot, j’ai deux choses importantes à dire :

La caisse de retraite fait partie des conditions de travail fondamentales des CFF, au même titre que le salaire et la durée du travail. Ces trois éléments forment un tout, base même du contrat social, qui garantit finalement le standard de vie du début de la vie professionnelle jusqu’à la mort. Ce fait démontre que la distinction entre actifs et retraités n’a pas de sens. L’un ne va pas sans l’autre !

Les actuels retraités cheminots ont payé pleinement leur retraite conformément aux lois et règlements en vigueur lorsqu’ils étaient actifs. Ils n’ont rien volé ! Par ailleurs, depuis 2004, les retraités contribuent à l’assainissement de la caisse en ne touchant pas de compensation du renchérissement. Cette situation, dans la durée, jusqu’en 2019 au moins comme veut l’imposer le Conseil fédéral, aura obligatoirement des conséquences de plus en plus graves, à commencer pour les petits rentiers et les veuves de la caisse CFF. Ils arrivent lentement mais sûrement dans la zone de pauvreté. Mais ce n’est pas aux actifs actuels à supporter ces conséquences, c’est à la Confédération, l’employeur de l’époque, auquel les anciens cheminots avaient fait confiance !

Conclusions

Que voulons-nous ?

Comme elle l’a fait pour la Ruag et Skyguide, nous voulons que la Confédération honore pleinement ses engagements,

- à l’égard des cheminots CFF qui doivent pouvoir affronter avec succès la concurrence sur le marché des transports comme sur le marché du travail et

- à l’égard des anciens retraités CFF, y compris le maintien de leur pouvoir d’achat.

La solution existe: c’est la création d’une caisse séparée pour ces anciens retraités avec garantie fédérale. Par définition, cette caisse n’aurait qu’une durée limitée dans le temps.

Nous avons des atouts :

D’abord, la solidité de nos arguments et leur impact sur l’opinion publique et sur les clients des entreprises de transport.

Ensuite, notre UNITE. Tous les agents des transports publics sont concernés, les actifs comme les pensionnés, les CFF comme les privés. Je note avec plaisir que tous les syndicats des transports publics, y compris les associations de cadres, participent à la lutte. Nos adversaires, le conseil fédéral et la droite économique, sont les mêmes pour nous tous !

Enfin, nous avons des alliés, à commencer par nos collègues de l’USS dont les salaires et les retraites sont aussi attaqués. Et nous avons aussi comme alliés tous les citoyens et tous les clients qui veulent des transports publics performants et qui sont convaincus qu’il faut aussi des agents motivés pour faire rouler les trains à l’heure !

Ensemble, nous sommes près de 57.000 membres de la caisse CFF, actifs et retraités. Avec les collègues des autres entreprises de transport et ceux du secteur privé aussi engagés dans la lutte du maintien du pouvoir d’achat, cela fait beaucoup de monde…

Chers collègues, unis, nous gagnerons !