TransN
Le blues des chauffeurs à La Tchô
Les plaintes se multiplient chez le personnel de conduite des Transports publics neuchâtelois (transN) à la Chaux-de-Fonds face à une direction qui devrait se rappeler qu’il est important de tenir compte du bonheur au travail des conducteurs·trices de bus grâce à des horaires pas trop fatigants permettant de concilier vie privée et professionnelle.
« Or, c’est l’inverse qui se passe », constate Jean-Pierre Etique, secrétaire syndical SEV chargé des transN. Nos collègues ont des horaires fatigants avec de grandes amplitudes de douze heures et des pauses au milieu des tours, non payées. Etique montre le dilemme pour certains chauffeurs : « Pour des tours de service, ils se demandent si cela vaut vraiment la peine de venir travailler pour conduire de cinq à dix heures. La journée est fichue, car il faut se lever très tôt, entre 3 h 30 et 4 h, pour un nombre d’heures de travail effectif très faible. Dans cet exemple, le collègue travaille cinq heures contre huit en moyenne. L’idéal serait d’avoir des tours qui respecteraient au minimum cette moyenne théorique journalière. Ou, s’il n’y a plus de prestations, on pourrait mettre ces collègues en réserve pour qu’ils puissent combler les vides laissés par la pénurie de personnel, évitant ainsi de supprimer des courses. »
Par ailleurs, les horaires se dégradent depuis quelques années. « Le SEV l’avait pourtant signalé à plusieurs reprises à la direction, notamment via un sondage de satisfaction en septembre 2022 où la grosse problématique était La Chaux-de-Fonds » souligne Etique. Ce dernier dénonçait alors la diminution des jours de récupération, la pénibilité des horaires, le sous-effectif qui ampute les périodes de repos et le taux d’absentéisme spécialement haut (plus de 15 %) chez transN.
« La direction nous a promis qu’elle allait faire mieux. Nous attendons toujours », constate Etique. Jusqu’à ce jour, elle aurait tendance à ne pas vraiment écouter les représentant·es du personnel ou les rendre responsables des choix des tours de service mis en place. Elle met la faute sur les commissions des tours de service parce qu’elles ont accepté ces horaires. « Or, déplore Etique, elles (ou ils) doivent choisir entre deux variantes dont aucune n’est bonne et elles ne sont pas entendues quand elles font de meilleures propositions. Si l’on écoute la direction, elle ne serait pas pressée par le budget. Dans les faits, on a l’impression que c’est tout le contraire et qu’elle essaie juste d’augmenter le taux de rendement des conducteur·trices au détriment de leur santé et de leur fatigue », dénonce-t-il.
Ce dernier doit malheureusement constater que cela débouche sur un taux d’absentéisme de plus de 15 %. Pour Etique, « la direction devrait se poser les bonnes questions pour avoir plus de personnel qui travaille et qui a du plaisir à le faire, fidèle et moins souvent malade. Avec l’argent que coûte l’absentéisme, on pourrait engager suffisamment de monde et payer les réserves pour soulager les collègues. En diminuant les taux de rendement, ils seraient moins fatigués et plus présents. C’est la clé de la situation. »
Mettre des personnes en réserve « chaude » permettrait d’assurer les services commandés par les commanditaires. S’il y a des employé·es malades, il y aurait là des collègues prêt·es à pallier ces manques. Ils doivent être au travail et être payé·es dans cette éventualité. Cette demande est du reste cœur des préoccupations du SEV dans de nombreuses entreprises de transport public.
Dans un courrier adressé au SEV le 9 février, la direction dit avoir « bien compris les difficultés exprimées » et « les attentes concernant une modification des tours de services et répartitions visant à améliorer les conditions de travail (du) personnel de conduite de La Chaux-de-Fonds par des tours plus compacts et d’une amplitude réduite. » Le SEV et les employé·es prennent note de cet engagement et espèrent vivement que ces paroles se traduiront rapidement en actes. Il y a urgence.
Yves Sancey
Commentaires
Legendre Cédric 08/03/2024 10:57:17
Oui oui on a bien compris diront les dirigeants mais au final , quelles solutions seront mises en place pour effectivement équilibrer vie professionnelle et vie privée ??
Être en pleine forme pour faire un travail correct
Être reposé pour répondre aux exigences du métier
Avoir et être écouté par des gens compétents qui mettent en place un système adapté au métier et aux risques lié à ce métier !!
Cela fait des années que ça dure et on nous chante toujours la même chanson.... On va faire ceci ,on va faire cela ,on vous a bien entendu, toujours où il s'aperçoive que les gars qui ont été embauchés il y a quelques années ils sont presque tous partis ou en maladie ou aigri.
Bref, quand on parle dans le vent, les paroles s'envolent.