Assemblée romande de la VPT
La 13e rente AVS est nécessaire, possible et juste !
Plus de 120 personnes ont participé à cette assemblée de la VPT qui se tenait cette année à La Chaux-de-Fonds. 14 des 18 sections romandes étaient présentes. En dehors des questions de syndicalisation, de négociations salariales, des menaces libérale de l’UE, le plat de résistance était l’intervention de Pierre-Yves Maillard sur la votation cruciale à venir en mars sur la 13e rentes AVS pour combattre le virus néolibéral qui affaiblit la démocratie et précarise la population.
Les sections TPCV et TRN-rail ont organisé d’une main de maître cette très belle assemblée romande de la VPT (panorama de photos en bas de cet article). Les participant-e-s étaient accueillis par des flocons et guidés de la gare à la Maison du peuple de la Chaux-de-Fonds.
Laurent Juillerat, vice-président du comité d’organisation et coordinateur VPT, souhaita la bienvenue aux plus de 120 participant-e-s et rappela le passé syndical et politique de la région et du bâtiment inauguré en 1924. Il a rappelé que le frein à l’endettement décidé par le canton est une catastrophe pour les services publics en général et les transports publics en particulier : « On demande de faire plus avec moins mais, derrière les chiffres, il y a des gens » a-t-il rappelé.
Objectifs de syndicalisation atteints
Le président de la VPT Gilbert D’Alessandro prit ensuite la parole en se félicitant de la participation en hausse depuis la cassure du Covid. Les objectifs jugés comme un peu fous par certains en termes de syndicalisation sont néanmoins en passe d’être atteints s’est-il réjoui avec 684 personnes recrutées à fin octobre. La VPT peut s’enorgueillir de compter actuellement 10 500 membres soit entre 1 000 à 1 500 de plus qu’il y a trois ans. « La VPT est forte car tous les corps de métier y sont représentés. C’est ce qui nous lie les uns aux autres. La force de la VPT, c’est ses membres » a-t-il rappelé. Et cela tombe bien, car des luttes se profilent comme contre les coupes dans le transport régional de voyageurs.
Le vice-président du SEV Christian Fankhauser, pour sa dernière assemblée romande, a mis en lumière deux sujets qui lui tenaient à cœur. Après trois enquêtes sur la santé au travail des conducteurs et conductrices de bus, il a invité les collègues à réserver un bon accueil à la prochaine qui sera lancée en début d’année prochaine avec un suivi médical permettant d’affiner encore les liens entre le travail et les maladies. Nous en reparlerons tout prochainement dans ce journal. Les négociations salariales de cet automne étaient le second point de son intervention. Après avoir fait un tour d’horizon des situations contrastées selon les compagnies, il a rappelé que le but c’est la pleine compensation. « Il ne faut pas lâcher ! » a-t-il conclu, ovationné.
L’Europe en point de mire
« Les conflits deviennent de plus en plus durs en Suisse » a constaté le président du SEV Matthias Hartwich qui s’est exprimé dans un bon français. « Ils sont plus agressifs. Alors, comme dit la locution latine : Si vis pacem para bellum (si tu veux la paix, prépare la guerre) » a-t-il prévenu. Les attaques sur le financement des transports ou la baisse du pouvoir d’achat sont un manque de respect et de reconnaissance pour le travail de nos collègues. Il a également mis en garde contre les mauvaises solutions de libéralisation au niveau européen.
Jaurès et cheptel bovin
Président de l’USS, Pierre-Yves Maillard s’est félicité du discours combattif du président du SEV qui a cette forte capacité de mobilisation et de lutte, comme l’a démontré la grève aux tpg qui a eu un impact sur l’ensemble du mouvement syndical et le patronat. Pour lui aussi, « on sent un durcissement politique et patronal. Nous devons y répondre pour nous faire respecter ». Mis au défi de parler de Jean Jaurès et de cheptel bovin par le vice-président du SEV, Pierre-Yves a rappelé les conférences données à La Chaux-de-Fonds par le tribun français en 1907.
Sur l’agriculture, il a rappelé que le gouvernement, y compris les deux agrariens, est en train de se dire qu’avec ces négociations européennes, il pourrait faire passer toutes ses lubies et libéraliser tout ce qui est possible : les transports publics, le secteur électrique et le marché du travail. « Si vous regardez les programmes de l’UDC, c’est exactement ce qu’ils veulent, depuis longtemps. L’UDC devra bien sûr faire sembler de s’y opposer parce qu’ils sont contre l’Europe, mais en espérant, cette fois, perdre pour faire passer l’essentiel de leur programme économique de libéralisation intégrale. Voilà le piège qui est tendu devant nous. Et on demandera à la gauche de se plier devant l’intérêt supérieur de l’Europe. Il faudra être fort et ferme pour résister », résume-t-il, en ajoutant. « Un sujet n’est jamais mis dans les libéralisations : c’est le domaine agricole. Pour gagner les élections , la droite a décidé de protéger cette classe sociale populaire. »
Bataille des retraites et démocratie
Pour le président de l’USS, l’enjeu principal pour 2024 sera le système des retraites en Suisse. Exigé par la grève générale de 1918 et mis en place dans l’après-guerre, le système de retraite a permis pour la plus grande partie des travailleurs de sortir de la précarité et de la peur du lendemain, a-t-il rappelé. Jusque-là, un accident, une maladie, l’âge ou le chômage faisaient peser un risque existentiel sur la possibilité de se nourrir et de se loger, soi-même et sa famille. C’est ce qu’avait vécu son grand-père. Depuis 1948, un système de sécurité sociale s’est construit patiemment, pièce après pièce (retraite, assurance chômage, accident, etc.). Pourquoi cela a été possible ? « Parce que le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage », explique Pierre-Yves avec cette formule de Jaurès, assassiné en juillet 1914 pour que les appétits destructeurs européens s’entre-dévorent durant deux guerres mondiales. Parce qu’avec la crise 1929, la faim est apparue. Et quand les peuples ont faim, ils ne veulent plus de démocratie. C’est la base du nazisme. L’idée même de démocratie a survécu de peu à ces deux guerres. Pour cela, il fallait inventer une démocratie sociale. Il y avait alors un énorme consensus pour l’AVS. La démographie et les finances publiques n’étaient vraiment pas en bon état ! On nous dit qu’il y avait six actifs pour un rentier en 1948 et aujourd’hui, il n’y en aurait plus que trois. « Tout ça, ce sont des fadaises ! » explique Maillard. Quelle est la définition d’un « actif » ? Ce sont six adultes de 18 à 65 ans, pour un adulte de plus de 65 ans. Ces six adultes cotisaient-ils à l’AVS ? Non ! Sur les six, il y avait forcément trois femmes qui, la plupart (80%), travaillaient mais sans salaire. Donc en 1948, on avait 3,6 cotisants AVS pour 3,5 non cotisants qui dépendaient des premiers. Déjà en 1948, il y avait un emploi pour deux personnes adultes. Et c’est toujours comme ça aujourd’hui. « Ça change un peu la vision des choses. On est un peu moins déprimé, non ! » a-t-il lancé. « Cela explique que l’AVS continue de faire des bénéfices ! 1,6 milliard de bénéfice l’année passée ! L’AVS n’a pas de dette, mais 50 milliards de fortune ! Et pour l’année prochaine, le Conseil fédéral prévoit 3,5 milliards d’excédents. Ce qui paie déjà, à peu près, la 13e rente. On a donc les moyens de la financer !
Le consensus qu’on avait en 1948 avec les partis de droite pour protéger la démocratie, il est remis en cause aujourd’hui. C’est un choix politique lié à ce puissant virus : le néolibéralisme. Si on affaiblit la sécurité sociale et le service public, on affaiblit la démocratie tout court. C’est pourquoi la bataille sur les retraites que l’on va mener l’année prochaine n’est pas seulement une bataille pour les retraités mais nous concerne tous. C’est la question de la répartition des richesses qui est en jeu. Voilà la grande bataille que nous aurons à mener l’an prochain et on peut la gagner ! Les votations en mars sur la 13e rente et en juin sur le plafonnement des primes maladies seront aussi importantes que des élections fédérales, et même peut-être plus importantes. Pour la législature et le pays. C’est dire à quel point on a besoin de se mobiliser pour ces batailles et pour les gagner ! » a conclu Maillard.
Yves Sancey (texte et photos)
Commentaires
Pennella Markus 23/11/2023 13:49:13
Die 13 AHV-Rente, ist bitter nötig um ein normales Leben in der Schweiz weiter zu führen.
Jacques Müler 05/12/2023 03:37:16
Ausgerechnet das Parlament, wo sich dieses Jahr einen Teuerungsausgleich von ca. Fr. 4000.- ausbezahlen wollte, ist dagegen mit einer Jahresentschädigung von mehr als Fr. 130'000.- und das bei einem 50% Pensum Noch Fragen?