VMCV – riviera
Chauffeurs de bus : une crise profonde
Après avoir remis à la direction une pétition signée par 95 collègues dénonçant le licenciement non réglementaire du caissier de la section, le comité SEV-VMCV a rencontré le conseil d’administration pour évoquer les problèmes soulevés par les chauffeurs : management de la peur, mépris, planification, accessibilité et nombre de WC insatisfaisants. Le ras-le-bol est tangible et le comité attend maintenant de vrais changements urgents.
Le climat social se tend aux Transports publics Vevey-Montreux-Chillon-Villeneuve (VMCV). Le 19 septembre à Clarens (VD), une pétition a été remise au vice-directeur Olivier Richard par le comité de section SEV-VMCV. Munie de la signature de 95 collègues, elle dénonce le licenciement du caissier de la section, Massimiliano Zanti, qui n’a pas été fait selon les règles en vigueur dans la CCT cadre.
Elle demande aussi la réintégration de cet agent de dépôt actif depuis douze ans aux VMCV. En effet, le syndicat n’a pas pu vérifier si des motifs anti-syndicaux ont prévalus. Une rencontre a finalement eu lieu entre une délégation de la direction et une délégation du comité de section le 9 octobre pour discuter d’un possible retour au travail de M. Zanti. Le syndicat espère un geste fort.
Les deux dernières assemblées générales de la section SEV-VMCV ont fait remonter un profond malaise qui accable les chauffeurs de bus. Des voix s’élèvent parmi le personnel roulant pour faire part de souffrances professionnelles. Le jour de la remise de la pétition, une rencontre a eu lieu avec des membres du conseil d’administration (CA). Le comité, soutenu par la secrétaire syndicale en charge du dossier Patricia Alcaraz, a pu lui faire remonter tous les problèmes soulevés par les collègues depuis des mois concernant le fonctionnement de l’entreprise.
Manque de WC et de temps pour s’y rendre
Le comité a insisté sur le fait qu’il s’agit d’une question de santé publique. Il a récolté des témoignages de collègues souffrant d’infections liées à la déshydratation. « Nous demandons qu’il y ait des toilettes à tous les terminus et que les conducteurs aient le temps d’y aller. En pleine canicule, des collègues doivent s’interdire de boire pour éviter d’aller aux toilettes, c’est juste inadmissible » plaide Patricia Alcaraz. Pour le comité, il faut une sensibilisation des communes afin qu’elles mettent des infrastructures à disposition du personnel des VMCV. Le CA a proposé de fournir la liste des toilettes sur le réseau afin que le comité puisse pointer les endroits qui posent problème. Le comité s’est engagé à effectuer ce travail rapidement afin d’identifier les lieux problématiques.
Management de la peur
Le comité a informé sur la détérioration de l’ambiance de travail et la méfiance vis-à-vis de l’encadrement direct et supérieur. Il a dénoncé le fait que le personnel est sous pression constante, qu’il a le sentiment d’être sous surveillance de la part de l’encadrement direct et qu’il ne se sent pas soutenu dans les moments difficiles. La question de la confidentialité des entretiens disciplinaires pose également problème. « C’est plus une logique de répression et une forme d’infantilisation que de l’accompagnement » dénonce Alcaraz. Elle donne un exemple de ce flicage ridicule mais fréquent : « Cet été, en période de canicule, un conducteur chauve a été convoqué pour avoir porté une casquette, dénoncé par un collègue ».
Le Conseil d’administration a réaffirmé sa volonté d’instaurer un management fondé sur la reconnaissance et la bienveillance. Le comité demande, lui, qu’on prenne en considération l’expertise des conductrices et conducteurs et qu’on les considère comme des professionnels, aptes à émettre un avis sur leur pratique. Lors de sa rencontre avec le CA, le comité a en outre fait part du sentiment tenace que certains postes clés sont repourvus selon le principe du copinage et du manque de considération ressenti.
Planification
Le comité et le président de la Commission des tours de service (CTS) ont aussi évoqué la question centrale des horaires et de leur pénibilité. En cause, notamment, la « cadence infernale et les périodes de conduite effective trop longues. » Une fatigue chronique s’installe, faisant craindre pour la sécurité du personnel et des usagers, comme l’a démontré Bernard Decrey, conducteur VMCV, dans sa lettre ouverte qui a largement circulé. La CTS espère obtenir une planification annuelle assez tôt pour pouvoir l’étudier et y apporter les corrections nécessaires.
Le ras-le-bol est tangible et les problèmes identifiés. Après le dépôt de la pétition, de la rencontre avec le CA, des articles dans la presse et de la pression politique, le comité attend de vrais changements car il y a urgence. « Il ne demande pas la lune, mais des conditions de travail correctes et dignes pour pouvoir accomplir ce magnifique métier du transport public », conclut Alcaraz.
Yves Sancey