Mécanos CFF Cargo: un nouveau plan de carrière convaincant
Que pensent Danilo Tonina, mécanicien B100, et Beat Kieliger, mécanicien B, du résultat trouvé par le SEV avec Cargo concernant la classification des nouveaux profils professionnels. Il en résulte un nouveau modèle de carrière pour les mécanicien-ne-s de locomotives Cargo catégorie B100 à B.
En tant que président central de la sous-fédération du personnel de la manoeuvre (RPV), Danilo Tonina a suivi le processus de négociations dans le cadre d’un comité consultatif composé des représentant-e-s des sous-fédérations concernées, avec lesquels le secrétaire syndical Philipp Hadorn a discuté régulièrement à partir de février 2022 avant et après les neuf rondes de négociations. Philipp Hadorn représentait le SEV dans cette CN et dirigeait la délégation de négociations. En tant que chef de ressort Cargo de la sous-fédération du personnel des locs (LPV), Beat Kieliger faisait aussi partie du comité consultatif.
Comment tous deux ont-ils vécu les séances de ce comité qui se sont déroulées pour la plupart du temps par voie numérique ? « Philipp nous a toujours demandé quelles étaient nos idées. Nous avons régulièrement apporté notre contribution et veillé à ce que rien ne soit oublié », affirme Beat Kieliger. Selon lui, le comité consultatif a fait ses preuves. Il aurait cependant préféré pouvoir échanger en direct au lieu d’avoir recours à des visioconférences. Mais il reconnaît que cela s’est avéré pratique et lui a évité de longs déplacements. « L’ambiance était très bonne; les échanges ont été intenses et constructifs », résume Danilo Tonina
Quels ont été les principaux casse-têtes à résoudre pendant les négociations ? Le premier défi a été de convaincre la direction de Cargo de venir à la table des négociations, Beat Kieliger et Danilo Tonina sont unanimes sur ce point. En effet, du point de vue de l’employeur, la CN ne bénéficie que d’un droit de consultation concernant les profils professionnels et les descriptions de poste. Ce qui a aidé, c’est qu’en automne la direction de Cargo a eu besoin de l’accord de la CN pour reprendre le nouveau système salarial CFF. En contrepartie, celle-ci a obtenu de CFF Cargo l’assurance de mener des négociations sur de possibles prestations monétaires pour les nouveaux profils professionnels de la production (…), en particulier pour le profil professionnel des mécanicien-ne-s de locs Cargo B100 avec PWL.
Les deux collègues avaient comme objectif principal que les formations supplémentaires pour les fonctions de télécommande par radio (TCR), visite opérationnelle du train (VOT) et examinateur wagons et chargement (EWC) ne soient pas simplement reprises telles quelles dans le profil professionnel du personnel des locomotives, mais qu’elles soient reconnues financièrement par une indemnité annuelle récurrente ou une augmentation de salaire due à une classification plus élevée. « Car la polyvalence permet clairement d’augmenter la productivité », selon Danilo. Une indemnité récurrente pour la formation d’EWC est depuis longtemps un sujet de discorde. Diverses déclarations de responsables de Cargo ont semé la confusion et l’incertitude - le résultat des négociations a maintenant clarifié les choses. Au début, il semblait extrêmement difficile de trouver une solution pour indemniser les formations complémentaires, car les spécialistes RH des CFF considéraient qu’un niveau d’exigences (NE) supplémentaire ne se justifiait pas pour le personnel des locs B100 : « Ils sont arrivés à la conclusion l’automne passé que la fonction B100, même avec les fonctions additionnelles TCR, VOT et EWC, ne suffisait tout juste pas pour atteindre le NE G, explique Beat. Même CFF Cargo en a été surpris ! »
Niveau d’exigences supplémentaire pour les mécanicien-ne-s B100
La CN a alors demandé que les classifications soient réexaminées et qu’ils puissent accéder au NE G. La direction de Cargo a finalement été d’accord, car elle préférait rémunérer les formations complémentaires par le biais du salaire plutôt que par des allocations. Elle a accepté le nouveau profil professionnel pour les mécanicien-ne-s de locomotives Cargo en attribuant pour la catégorie B100 niveau 2 le NE F; cat. B100 niveau 3 (avec la « triade ») le NE G et cat. B niveau 4 le NE H. Même si, d’après les RH, ces deux dernières catégories font partie des NE F et G selon les critères du système ToCo.
Danilo Tonina est « très » satisfait de cette solution: « Après tant d’années, les B100 auront enfin une augmentation de salaire. Et ceux qui n’ont pas la « triade » mais bien la formation EWC recevront un versement annuel de 1500 francs, également les catégories de personnel de la manoeuvre A 40 et Ai 40. A l’heure actuelle, une telle amélioration financière ne va pas de soi ! Et un employé de la manoeuvre peut maintenant évoluer de B100 jusqu’à mécanicien B. Le fait que les spécialistes RCP B100 avec compétence de conduite s’appellent nouvellement mécanicien-ne-s de locomotives B100 est un détail, mais a un caractère symbolique non négligeable. J’espère que ce résultat sera considéré comme un succès, malgré le passage du modèle de retraite anticipée Valida à Priora. Il ne serait en effet pas adéquat de parler de dégradation. »
Retraite anticipée avec Priora
Le passage de Valida au modèle Priora est dû au passage dans une classe supérieure. « Priora est également un modèle intéressant, malheureusement encore peu connu, affirme Philipp Hadorn. Il peut y avoir des inconvénients si l’on est proche de la retraite, après de nombreuses années passées chez Valida. Il se pourrait que certains collègues doivent de ce fait travailler plus longtemps que prévu. Mais il y a des versements à la Caisse de pensions en passant dans Priora et une réglementation sur les cas de rigueur. Les personnes qui ne sont pas considérées comme des cas de rigueur et qui se trouvent dans une situation inacceptable peuvent s’adresser à la protection juridique du SEV. »
Beat Kieliger est lui aussi satisfait du résultat obtenu pour les mécanicien-ne-s B100 : « Grâce au soutien du SEV pendant ces négociations, je trouve une très bonne chose que les mécanicien-ne-s B100 qui ont la ’ triade ’ atteignent le NE G et que ceux et celles qui n’ont que la formation EWC perçoivent 1500 francs chaque année, également les RCP A 40 et Ai 40. Il était très important pour moi que les personnes qui ont fait des formations complémentaires soient récompensées pour cela. » Pour lui, il était aussi primordial d’éviter le risque de dumping salarial, dû à l’engagement de mécanicien-ne-s B100 sur les locomotives de ligne. Cela a réussi grâce à la réduction de l’écart salarial par rapport aux mécanicien-ne-s B. « En tant que représentant des mécanicien-nes-s de la catégorie B, je trouve dommage que pour nous s’ajoutent les formations complémentaires selon la ’ triade ’ mais que le salaire maximum n’augmente que de 312 francs par année », précise Beat. En effet, malgré le passage de l’ancien NE G selon la « courbe des mécaniciens de locomotives » au NE H selon l’échelle salariale normale, le salaire des mécanicien-nes-s de la catégorie B n’augmente que faiblement. Beat ajoute que depuis l’âge de 58 ans les nouveaux cours sont facultatifs et que Cargo garantit la progression salariale des mécanicien-nes-s de la catégorie B sur dix ans au lieu de vingt ans. « Ils sont ainsi mis sur un pied d’égalité avec leurs collègues du trafic voyageurs », souligne Hanny Weissmüller, présidente centrale de la LPV et qui a également participé au comité consultatif.
Beat Kieliger est aussi satisfait que la direction de Cargo ait renoncé à n’accorder que le NE G à une partie des jeunes mécanicien-ne-s B - à savoir ceux qui ont été engagés directement comme mécaniciens B ces derniers temps, bien que le concept de formation prévoie d’abord un engagement de deux ans comme B100 avant l’examen de mécanicien B. Cela n’a pas toujours été possible pour des raisons d’organisation. Pour Beat, il est primordial que tous les mécanien-ne-s B100 qui veulent faire les examens pour la catégorie B aient la possibilité de le faire après un engagement de deux ans en tant que B100.
Markus Fischer