Assemblée des délégué-e-s LPV: «Non à la provocation»
Quelque 60 délégué-e-s se sont rencontré-e-s à l’hôtel Bern le 26 octobre pour l’assemblée des délégués de la LPV. Les mécaniciennes et mécaniciens de locs ont accueilli par une action le CEO CFF Vincent Ducrot qui était invité en tant qu’orateur. Et le nouveau président SEV Matthias Hartwich a rendu visite à l’assemblée.
On pouvait lire sur une banderole tenue par une douzaine de mécaniciennes et mécaniciens de locs « CFF : ça suffit avec les provocations ! » pendant que le CEO CFF Vincent Ducrot, invité en tant qu’orateur, avançait vers le podium. La protestation contre les mesures d’économies aux CFF l’a quelque peu irrité. Il a commencé par expliquer pourquoi, de son point de vue, les CFF ne pouvaient pas éviter de se serrer la ceinture dans les années à venir. « Si j’étais à la tête d’une entreprise privée, je dormirais très mal en ce moment. » Malgré de bons résultats et le soutien de la Confédération, le rail affiche toujours des pertes à cause de la pandémie de coronavirus. Et l’avenir n’est pas rose au vu de la guerre en Ukraine et des hausses des coûts énergétiques. S’y ajoutent le renchérissement et une récession menaçante. Ce ne sont pas les seuls problèmes auxquels est confronté l’entreprise a expliqué Vincent Ducrot. On a aussi des problèmes dans le réapprovisionnement en matériel roulant dont on a un urgent besoin. Mis à part la guerre en Ukraine, c’est la position de la Suisse en retrait de l’UE qui joue ici un rôle. En effet les grands fournisseurs comme par exemple Siemens livrent tout d’abord dans les pays européens comme l’Italie. Et la Suisse arrive en dernier !
Bout du tunnel
Cependant l’image dépeinte par Vincent Ducrot n’est pas toute noire. La recrudescence des voyages est positive. Il y a bien sûr moins de pendulaires à cause de la « découverte du télétravail» mais les voyages en train sont en augmentation dans le domaine touristique. Et pour les problèmes de sous-effectifs parmi le personnel des locs on voit également le bout du tunnel, a affirmé Vincent Ducrot, car actuellement beaucoup de monde est en formation. Le CEO des CFF a répété à plusieurs reprises qu’il a passé beaucoup de temps au Palais fédéral pour lutter auprès des instances politiques pour les besoins des CFF. Beaucoup de décisions ne dépendent pas de lui mais du Conseil fédéral et du Parlement. Pour conclure il a déclaré: « On ne dit pas assez merci aux CFF, alors je profite de l’occasion pour dire merci ! »
Des personnes ou des « ressources humaines » ?
Les délégué-e-s LPV ont un sentiment mitigé par rapport aux propos liés à la reconnaissance. Après les mesures d’économies annoncées, puis leur annulation partielle, il y a encore beaucoup d’interrogations dans l’air. La vice-présidente SEV Valérie Solano l’a demandé très directement : « Quelle est dans les faits la reconnaissance envers le personnel ? Est-ce que les employé-e-s des CFF sont des personnes, ou bien juste des ‹ ressources humaines › ? » Le membre du comité central LPV et mécanicien de locs RhB Patrick Cavelti a ajouté qu’au Chemin de fer rhétique également, on prononçait parfois de grandes paroles qui n’étaient pas suivies d’actes : « Il n’y a rien eu en période de vaches grasses alors en période de vaches maigres, bien sûr qu’il n’y a rien non plus. Toutefois il faudrait être généreux justement lorsque les temps sont durs ! »
Combatifs pour l’avenir
Malgré l’insatisfaction qui planait lorsque Vincent Ducrot, secondé par Claudio Pellettieri, chef Conduite des trains et Manoeuvre CFF, a quitté la salle de l’hôtel Berne, l’assemblée s’est poursuivie avec un bon élan sous la direction du président du jour Thomas Giedemann. La présidente centrale LPV Hanny Weissmüller a fait une rétrospective positive de ses deux premières années à la tête de la sous-fédération. Les délégué-e-s ont accepté le budget et les comptes à l’unanimité. Ils ont procédé à diverses élections et traité quelques propositions. En fin de journée, le successeur de Giorgio Tuti, Matthias Hartwich, a rendu visite au personnel des locs. Il s’est montré combatif et a posé des jalons importants pour l’avenir.
Michael Spahr