Assemblée VPT de la branche bus
La santé du personnel sous la loupe !
Les transports publics doivent faire face au glacial vent contraire de la libéralisation et traversent actuellement des temps difficiles.Le SEV va les défendre, comme il défend les intérêts du personnel. Il sonde la santé des conducteurs et conductrices. Participe !
Christian Fankhauser, secrétaire syndical et coordinateur des ETC a été très clair : « Le recrutement s’effectue sur la place de travail, en se préoccupant des conditions de travail. Nous savons très bien que de nos jours la pression sur le personnel s’est accentuée, les pauses sont souvent plus courtes et ces nouveaux rythmes ont évidemment un impact sur leur santé. » La santé, si précieuse pour chacun-e, est donc au centre d’un nouveau sondage. « Le sondage réalisé en 2010, a expliqué Christian Fankhauser lors de la journée de la branche bus – fut un succès, notamment parce qu’en Suisse il n’existe aucune statistique fiable sur la santé au travail. Si bien que les résultats avaient même traversé l’Atlantique et trouvé un écho positif au Québec. Les collègues canadiens nous avaient même signifié que les soucis étaient sensiblement les mêmes. » Huit ans plus tard, le SEV et la VPT ont donc décidé de revenir à la charge pour prendre le pouls du personnel. « Les questions sont les mêmes qu’en 2010 afin de pouvoir comparer les résultats et appréhender l’évolution de l’état de santé des conducteurs et conductrices de bus », a expliqué Christian Fankhauser. Avant l’analyse des résultats, il s’agit évidemment de diffuser largement le questionnaire anonymisé et entrer en contact avec les collègues pour les informer de l’importance d’y participer (ci-contre le lien pour le remplir en ligne). L’idéal serait de le compléter d’ici fin mai. Les résultats permettront donc de mieux comprendre l’état de santé du personnel roulant et de formuler de nouvelles revendications pour améliorer les conditions de travail.
Les résultats de 2010
Le sondage de 2010 avait mis en exergue que 80% des 798 participant-e-s souffraient après des journées de plus de 10 heures d’amplitude. 75% des sondés dénonçaient les difficiles conditions de circulation, toujours plus dense, et qui rend plus difficile le respect des horaires. Et pour ne rien arranger, il faut citer les chantiers qui entravent le trafic. Autre facteur de pénibilité, l’agressivité de certains usagers des transports ou de la route, cyclistes compris. Le confort du poste de conduite et la durée des tours de service influencent la santé des conducteurs et conductrices. Plus de la moitié des participant-e-s au sondage de 2010 se sont plaints de douleurs musculo-squelettiques et de stress professionnel. Un chiffre nettement supérieur à la moyenne (34%) constatée chez les travailleurs et travailleuses de notre pays. D’où l’importance de savoir comment se porte le personnel roulant aujourd’hui.
Pour participer au sondage anonyme le meilleur moyen consiste à le remplir en ligne avec le lien bit.ly/bus-fr
Les transports publics doivent faire face au glacial vent contraire de la libéralisation et traversent actuellement des temps difficiles. C’est ce qu’ont souligné d’une même voix Giorgio Tuti, président du SEV, et ses collègues de la branche Bus, réunis à Olten le 27 février pour l’assemblée de la branche. Le service public est sous pression, et le SEV entend prendre sa défense. L’Office fédéral des transports (OFT) a opté pour la voie de la libéralisation. L’attribution de concessions pour des lignes de bus longue distance, comme celle octroyée récemment à Domo Swiss Express, accroît la concurrence faite au rail. Or, le peuple suisse a mis à la disposition des transports ferroviaires des sommes considérables. Et ces bus bon marché, qui mettent l’environnement à rude épreuve, utilisent notre réseau routier avec des chauffeurs qui ne sont pas au bénéfice de CCT. Le SEV entend regarder de plus près les conditions dans lesquelles ils travaillent.
Lors de l’assemblée de la branche Bus du 27 février, le président de la VPT Gilbert D’Alessandro a carrément vu rouge. « La politique menée actuellement par l’OFT est fatale et contradictoire : d’un côté le peuple suisse vote en faveur du financement de l’extension du réseau et des infrastructures ferroviaires, de l’autre l’OFT crée les conditions favorables à la mise en concurrence des chemins de fer en octroyant des concessions pour les bus longue distance. J’ai vraiment l’impression que la direction de l’OFT déraille », a-t-il déclaré.
Comme si cela ne suffisait pas, le scandale CarPostal vient jeter un autre pavé dans la mare des transports publics. A vitesse accélérée, la droite du Parlement promeut des scénarios de libéralisation et de privatisation, comme s’il s’agissait là de la solution à tous les problèmes. « Au travers de ce scandale, on vise le service public, qui doit servir à tout le monde de la même manière, dans les centres urbains comme à la campagne », a ajouté Gilbert D’Alessandro. C’est la raison pour laquelle le service public doit être renforcé et protégé des attaques de plus en plus fréquentes dirigées contre lui. « Nous ne devons pas perdre de vue que les exigences accrues en matière de rentabilité des entreprises sont une pression qui se retourne contre nous. Quand on augmente la productivité, cela a un impact immédiat sur nos conditions de travail et sur notre santé », a-t-il poursuivi. Il a précisé que le service public était également le garant de la cohésion nationale et que la Suisse n’était pas le seul pays où le service public était mis à mal.
Le mantra de la privatisation
Giorgio Tuti, président du SEV, est également président de la branche Rail de l’ETF, la Fédération européenne des travailleurs des transports. C’est dire s’il est bien placé pour dresser un portrait de la situation générale en Europe. « En France, le président Macron entend mettre le service public sous pression. En Autriche, avec le virement politique vers la droite, les choses ne vont pas mieux. Et en Italie, l’air n’est certainement pas plus respirable », analyse-t-il. C’est pourquoi les mouvements syndicaux ont le devoir de protéger et de défendre le service public par tous les moyens (en mai, ce sera l’un des sujets abordés à l’assemblée des délégué-e-s de l’Union syndicale suisse). « Le scandale de CarPostal va provoquer d’énormes dégâts et faire renaître le mantra de la privatisation qui, dans tous les pays où on a opté pour elle, n’a pourtant essuyé que des échecs », a expliqué Giorgio Tuti. Partout on assiste au même scénario: d’abord tout est meilleur marché, puis la qualité commence à baisser, et au bout du compte il faut tout assainir. L’exemple de Flixbus en Allemagne est patent: pour casser les reins de la concurrence, l’entreprise a baissé ses prix de manière drastique. Puis, une fois Flixbus seul sur le marché, il les a augmentés de 30%. « Pour sauver le service public, nous devrions créer des alliances politiques et ériger un mur contre les assauts de la libéralisation, qui n’améliore ni la qualité, ni la sécurité », est persuadé Giorgio Tuti. « La libéralisation n’obéit qu’à la logique du marché et ne fait que remplir les poches de managers de plus en plus cupides. »
Soutien aux employés des CFF
Mais la défense du service public, avertit le président du SEV, passe également par le renouvellement de la CCT CFF et de la CCT CFF Cargo. « Comme vous le savez, les négociations sont d’une dureté inouïe, car nous nous trouvons devant un projet de démantèlement d’une ampleur sans précédent », déclare-t-il. Vice-président de la VPT, Peter Bernet n’y va pas non plus par quatre chemins. « La CCT CFF est le modèle, la référence pour les CCT de toutes les ETC. Une seule lézarde dans ce contrat phare, et ce sont les contrats de toutes les autres entreprises publiques de transport qui seraient mises en péril, tant ils sont souvent calqués sur la CCT CFF. C’est pourquoi, au sein de la VPT, nous devons nous montrer solidaires avec nos collègues des CFF et nous battre avec eux. »
Françoise Gehring
Commentaires
Martinez Jose Luis 19/03/2018 16:14:30
Je pense que cette année, le SEV doit se montrer ferme, quitte à faire moroiter la GREVE !
Car à un moment donné, on ne peut plus céder à touts les "caprices" de nos dirigeants !
Je suis certain, que si, certaines propositions de la direction sont acceptées, il y aura une vague de démissions au CFF et au SEV ! Enlever, indemnités de residence, garanties de salaire, indemnité travail de nuit, vacances, à ce taux là, n'importe quel emploi ailleurs, permettra d'avoir plus de week-ends libres, plus de présence avec nos familles, une qualité de vie meilleure en bref, donc notre cher employeur devrait réflechir, et notre cher syndicat avoir plus de cou..... , car lorsque ce seront des personnes sans connaissances spécifiques qui entretiendront tout le matériel ferroviaire, il faudra en assurer les conséquences !!