René Tschantz quitte la présidence de la section VPT TRN Rail
De chef de gare à croque-mort
Après avoir servi une trentaine d’années le chemin de fer et le syndicalisme, René Tschantz, 55 ans, a décidé de changer totalement de profession.
« Je reconnais que c’est paradoxal et un peu difficile à comprendre, mais je quitte un métier et une entreprise que j’aime beaucoup. J’ai toujours eu du plaisir à travailler comme chef de gare ici aux Ponts-de-Martel et à exercer les responsabilités syndicales que l’on m’a confiées au sein du SEV. Mais voilà, j’avais une opportunité unique, je l’ai choisie. A 55 ans c’est la dernière qui sonne pour changer d’orientation professionnelle … » René Tschantz arbore un large sourire et ne fait pas durer le suspense trop longtemps : « … Je vais travailler dans une entreprise de pompes funèbres. »
Centralisation de la gestion du trafic
Le René s’amuse de l’étonnement provoqué par l’annonce de son futur métier. Il s’explique. « Mon entreprise transN a décidé de centraliser la gestion du trafic ferroviaire à Neuchâtel. Du coup, mon poste ici aux Ponts-de-Martel sera remis en question. La possibilité de travailler au sein d’une entreprise de pompes funèbres bien établie à La Chaux-de-Fonds s’est présentée. Je n’ai pas voulu laisser passer cette occasion. J’ai déjà donné des coups de main à un ami croque-mort. Je ne me lance donc pas dans un métier qui m’est inconnu. »
Une forte empathie naturelle
Mais qu’est-ce qui peut bien attirer le chef de gare des Ponts-de-Martel et président de la section VPT TRN Rail à vouloir devenir croque-mort alors que son entreprise, les transN, aurait bien aimé pouvoir encore bénéficier de ses compétences ? « Je ne voudrais pas paraître prétentieux, mais je pense que j’ai tout naturellement de l’empathie envers les personnes que je côtoie. Pour la famille et les proches d’une personne décédée, je crois que c’est très important d’avoir affaire, aux premières heures de deuil, à une personne qui possède cette empathie. » Est-ce que René Tschantz a fait ce choix pour des motifs religieux ? « Mais pas du tout, je n’ai pas la moindre idée de ce qui peut bien survenir après la mort et je ne suis pas pratiquant. Tout ce que je sais, c’est que pour la famille et les proches qui restent, la séparation d’un être cher est souvent une épreuve difficile à surmonter. Non, mon empathie je l’ai probablement héritée de mes parents qui étaient des gens modestes et bienveillants. »
Alberto Cherubini
René Tschantz préside la section VPT TRN Rail depuis 2006 et il préside au niveau national la branche rail de la sous-fédération VPT depuis 2012.
Quel est ton meilleur souvenir de syndicaliste?
La signature de la CCT transN après 13 séances de négociations. Cela a été le couronnement d’un partenariat social que j’estime réussi.
Qu’est-ce qu’il y a à l’origine de ton engagement syndical?
J’ai toujours eu horreur de l’injustice. Dans le monde du travail, le syndicalisme est la meilleure arme pour combattre l’injustice. Et à mon avis le syndicat doit mener ce combat avant tout par le dialogue.
Tu t’apprêtes à quitter le monde du rail et par conséquent tes responsabilités syndicales. Que retiens-tu de ton engagement ?
Je vais en effet quitter mes responsabilités syndicales, mais je tiens à dire que je reste membre à titre individuel du SEV. Le syndicat m’a beaucoup apporté. Il a été formateur. J’ai appris à mener des assemblées, à gérer des conflits. J’ai surtout appris que c’est grâce à l’action collective que propose le syndicalisme que nous réussissons à faire avancer les choses. AC
René Tschantz est né le 15 janvier 1962 à La Chaux-de-Fonds. Après sa scolarité il travaille quelques années dans le commerce de détail. Puis il apprend et exerce la profession de douanier. En 1988il se marie et entre dans l’univers des transports publics. Il a commencé comme conducteur de train et remplaçant de bureau sur la ligne Le Locle – Les Brenets. En 1992 il est nommé chef de la gare des Ponts-de-Martel. «A l’époque les lignes Le Locle – Les Brenets et La Chaux-de-Fonds – Les Ponts-de-Martel faisaient partie de la compagnie des Chemins de fer des Montagnes neuchâteloises (CMN) qui a par la suite fusionné en 1999 avec les Transports Régionaux Neuchâtelois (TRN). Et c’est le 1er janvier 2012 que les TRN ont à leur tour fusionné avec les Transports publics du Littoral neuchâtelois pour donner naissance à la compagnie cantonale transN. » Voilà pour l’histoire. Le couple Tschantz a un fille qui est officier d’état civil. «Ma fille m’a déjà averti que pour rien au monde elle ne viendra m’aider à faire le croque-mort...» lance René sans se départir de son sourire.