CCT-TL: Le SEV enterre le mérite
La conférence CCT TL a pris ses responsabilités lundi 18 mai et envoyé un nouveau signal clair à la direction: 110 personnes ont dit NON au salaire au mérite lors d’une assemblée où la fréquentation a battu tous les records.
«Ça fait plaisir de vous voir aussi nombreux! Plus les négociations avancent, plus vous êtes nombreux. Merci aux TL d’avoir fait du tapage pour notre assemblée», a ironisé le secrétaire syndical Christian Fankhauser. Une affluence record avec 111 personnes ayant le droit de vote. Et un vote d’une limpidité cristalline: 110 NON et une abstention pour le système salarial au mérite. Après le sondage de novembre et ses 93% de refus et la conférence CCT de février, c’est la 3e fois que le projet de la direction prend l’eau. «Cette fois, la contribution individuelle de la direction est définitivement enterrée. Si la direction maintient son projet, la CCT sera refusée lors du vote des syndiqués», analyse Christian Fankhauser.
Les chiffres des augmentations liées à la contribution collective pour les conducteurs et individuelle pour le personnel hors conduite ont sonné le glas du système: «Pour un conducteur, il faut compter 44 ans pour atteindre le sommet de la classe si l’on est ultra performant chaque année. Le maximum est atteint en 58 ans si l’on est «juste» performant», explique encore le chef de la délégation syndicale.
L’assemblée ne s’y est pas trompée en refusant le système puisque celui-ci ne peut être alimenté que si l’entreprise met les moyens à disposition, ce qui n’est garanti que pour les trois prochaines années. «On a vu que dans le canton de Zurich un système au mérite a eu pour conséquence le gel des hausses de salaires depuis 2010», a rappelé un salarié. En théorie, un tel scénario serait déjà possible aujourd’hui «mais ce n’est jamais arrivé depuis que je m’occupe des TL. Aujourd’hui, la direction doit venir demander la négociation d’un renoncement alors qu’avec la nouvelle mouture elle pourrait juste dire que les moyens font défaut. On n’est pas dans la même logique», relève Christian Fankhauser. Autre motif d’insatisfaction: «Pourquoi dans le 3e tiers de la classe 2, la contribution vaut-elle 40 fr. et l’ancienneté 29 fr.?» s’interrogé Christian Fankhauser. C’est simple. Il est impossible que tous reçoivent la contribution individuelle de 40 fr. Seule une infime minorité l’obtiendrait sinon la masse salariale exploserait.»
La conférence a bien vu l’inégalité, l’opacité et l’arbitraire du système. Elle a aussi dit tout le mal qu’elle pensait de l’enclassement, suscitant au passage des tensions entre différents secteurs, les uns s’estimant mal enclassés par rapport à d’autres... «On connaît les critères d’évaluation qui ont conduit à l’enclassement, mais pas leur pondération», a expliqué le président de la section Carmelo Scuderi.
Le SEV a donc reçu le mandat de poursuivre les négociations en refusant l’évaluation individuelle liée au salaire et en recevant le mandat de négocier à nouveau l’enclassement.
La direction va-t-elle entendre le message? On en saura plus après les négociations des 1er et 9 juin. Des actions syndicales sont d’ores et déjà prévues après le 10 juin en cas de surdité managériale prolongée. Vivian Bologna