USS
Offensives syndicales en 2023 pour des salaires plus élevés et pour plus d’égalité
Comme le montre le nouveau rapport sur la répartition publié par l’USS, les écarts de salaire et de revenu continuent à se creuser. Pour les syndicats, la priorité va donc à de nouvelles hausses de salaire, dans une optique de rattrapage salarial. En réponse au retour de l’inflation, l’USS appelle aussi à réintroduire la compensation automatique du renchérissement. Comme par ailleurs, les primes des caisses-maladies sont devenues trop chères pour bien des gens, il faut encore augmenter les réductions de primes. Enfin, une inversion de tendance s’impose au niveau du temps de travail : au lieu de réclamer constamment de nouvelles exceptions aux dispositions légales relatives à la durée du travail et du repos, les employeurs feraient bien de s’engager à nouveau sur le terrain de la réduction du temps de travail, afin d’améliorer la protection de la santé ainsi que la vie familiale des travailleuses et travailleurs.
Avec l’explosion des primes-maladie et le renchérissement persistant, la crise du pouvoir d’achat frappe de plein fouet nombre de travailleuses et travailleurs. Il leur reste toujours moins d’argent pour vivre. Les syndicats ont obtenu dans différentes branches d’activité que les salaires augmentent substantiellement en ce début d’année, grâce à une campagne salariale très engagée et en négociant à chaque fois d’arrache-pied. Mais des hausses des salaires réels ainsi que la réintroduction de la compensation automatique du renchérissement restent indispensables en 2023. Daniel Lampart, économiste en chef de l’USS, est formel : « Un salaire doit permettre de vivre. Concrètement, il ne doit pas y avoir de salaire inférieur à 5000 francs pour les titulaires d’un CFC, et à 4500 francs pour tout le monde. »
Le rapport sur la répartition, publié aujourd’hui par l’USS (voir l’étude complète annexée), confirme que les écarts salariaux ont recommencé à se creuser. Les salaires n’ont pas assez augmenté pour compenser le renchérissement et rattraper les retards en matière de rémunération. Ainsi, les personnes à bas ou moyens revenus gagnent actuellement moins qu’en 2016, en termes réels. Par contre, les 10 % qui gagnent déjà le plus ont bénéficié de généreuses augmentations. À cela s’ajoute la hausse massive des primes des caisses-maladie (+6,6 %), à nouveau bien supérieure aux hausses de salaire et à l’augmentation des réductions de primes. En 2023, un couple avec deux enfants devra pour la première fois payer plus de 1000 francs par mois de primes-maladie.
Des améliorations pour les travailleuses et les travailleurs, grâce au travail syndical
Un peu partout dans le monde, de bonnes conventions collectives de travail (CCT) et des syndicats actifs veillent à une répartition plus équilibrée des salaires. Bien des cas de sous-enchère et de discriminations salariales peuvent ainsi être évités. De récentes recherches économiques prouvent encore que ces améliorations en matière de salaire ne font généralement pas grimper le chômage, comme le confirme une autre analyse publiée aujourd’hui par l’USS. En plus d’empêcher les brebis galeuses de gagner des parts de marché au détriment des employeurs corrects, les CCT prévoient souvent des offres de formation de base ou continue et d’autres avantages encore, et par là contribuent à la qualité du travail ainsi qu’aux gains de productivité. Pierre-Yves Maillard, président de l’USS, appelle donc à poursuivre dans cette voie : « Sans le travail accompli par les syndicats ici comme ailleurs, la seule réponse à l’inflation actuelle aurait été le tour de vis des banques centrales, qui alimente la récession. Or les travailleuses et travailleurs attendent à juste titre une autre réponse à cette situation, à savoir le renforcement de leur pouvoir d’achat. »
Stress au travail
Les employeurs réclament toujours plus d’exceptions aux dispositions légales relatives à la durée du travail et du repos – aux dépens des travailleuses et travailleurs, de leur santé et de leur vie familiale. À leurs yeux, la main-d’œuvre devrait être disponible à toute heure et coûter le moins cher possible. La protection de la santé ainsi que des horaires de travails adaptés à la vie de famille ne devraient toutefois pas être réservés à une minorité privilégiée. Il faut donc que les employeurs s’engagent à nouveau sur le terrain de la réduction du temps de travail. Aujourd’hui, les salarié-e-s doivent souvent réduire leur taux d’activité à leurs propres frais, et encore, à condition de pouvoir se le permettre financièrement.
Le travail à temps partiel s’impose souvent en raison des enfants et des autres obligations de prise en charge. Or ces 30 dernières années, les employeurs ne se sont plus engagés sur le terrain de la réduction du temps de travail. Jusqu’en 1990, les horaires de travail habituels raccourcissaient d’une à deux heures par semaine par décennie environ – avec maintien du salaire. Depuis, les travailleuses et travailleurs ont dû financer de leur propre poche toute réduction du temps de travail, en optant pour un emploi à temps partiel et donc pour un salaire plus bas. Pour que l’égalité progresse enfin, il faut, pour la présidente d’Unia Vania Alleva, non seulement des horaires de travail compatibles avec la vie familiale et planifiables à l’avance, mais aussi « une revalorisation des métiers à majorité féminine, qui sont toujours moins bien payés. Donc de meilleurs salaires, plus de temps, et du respect ». C’est pourquoi les syndicats appellent en 2023 à une grève féministe le 14 juin.