Journée d’action contre les clients-mystères de l’Office fédéral des transports
Le client-mystère dans le trafic régional: quand l’OFT déraille
Action décentralisée du SEV dans les gares de quatre villes romandes: Fribourg, Yverdon-les-Bains, Genève etLa Chaux-de-Fonds.
A Fribourg, le SEV a repéré un client-mystère de l’Office fédéral des transports (OFT). Déguisé en détective, il prenait des mesures des portes des bus, observait à la loupe les moindres anomalies dans le véhicule. Bien sûr, la mise en scène du SEV était exagérée, mais elle a fait mouche auprès des médias régionaux qui ont relayé l’action de part et d’autres de la Sarine. C’est que le projet dénoncé par le SEV n’est pas anodin. Lancé ce printemps par l’OFT pour, officiellement, standardiser l’analyse de la qualité, la démarche est superflue car les entreprises, l’Union suisse des transports publics et les unions tarifaires contrôlent déjà la qualité.
Gilbert D’Alessandro, président central VPT, a dit tout le mal qu’il pense de ces clients-mystères sur les ondes de La Télé: «Chaque personne aura un avis différent. D’aucuns vont juger le bus sale sans tenir compte du fait qu’il pleut comme aujourd’hui», relève-t-il. C’est donc la porte ouverte à un jugement ultra-subjectif. «Et ça, c’est inquiétant.»Les risques po ur les entreprises sont énormes. Celles qui seront mal notées peuvent perdre leur concession si elles ne s’améliorent pas. Les commanditaires pourraient lancer un appel d’offre. La solution serait donc la mise en concurrence. Il est intéressant de constater que les directeurs d’entreprises questionnés par les médias confirment ce risque, alors que l’OFT dément...
L’analyse de la qualité intervient alors que la Confédération demande aux entreprises du trafic régional de voyageurs (TRV) de faire mieux avec moins puisque l’OFT a réduit sa couverture des déficits. La Confédération veut en outre limiter sa participation à l’indemnisation des coûts du TRV pour la période 2018–2021. Alors que le TRV connaît une évolution positive – entre 2007 et 2015, la demande a augmenté en moyenne de 4 à 5% par an – la part de la Confédération a certes augmenté, mais d’environ 2,5%. C’est nettement insuffisant. Ce sont 441 millions sur quatre ans qui seront gagnés sur le dos des usagers qui verront le prix du billet augmenter et au détriment des conditions de travail du personnel. «Cette optimisation des coûts aura un impact sur la sécurité des usagers. Or, celle-ci passe aussi par des conditions de travail garantissant suffisamment de repos au personnel alors que les horaires irréguliers sont la norme, dénonce le secrétaire syndical Christian Fankhauser.
Ces clients-tests coûteront trois millions de francs par année à l’OFT. Avec cette somme, il pourrait créer des postes pour contrôler, par exemple, le respect de la Loi sur la durée du travail et dont le SEV constate régulièrement des violations. Avec pour potentielle conséquence des repos insuffisants pour le personnel roulant.»
Chaque personne aura un avis différent du sol sale, il pleut, c’est inquiétant et subjectif.
Vivian Bologna