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Genève : problème de sécurité sur le tronçon Genève-Aéroport à Genève-Cornavin

Cherchez l’erreur

Il n’y a plus de contrôleur dans le dernier train deux étages du soir qui circule entre Genève-Aéroport et la gare Cornavin. Ou, plus exactement, le contrôleur se trouve dans le train sans que ses supérieurs lui confient les habituelles tâches de sécurité et de contrôle des titres de transport, notamment s’assurer que tout soit OK avant de donner le départ du train. Une mesure prise pour faire des économies. Les mécaniciens du dépôt de Genève dénoncent cette mise en danger de la sécurité des passagers.

Le train InterCity deux étages arrive en gare de Genève- Aéroport à 22 h 24 en provenance de Zurich. Douze minutes plus tard, il rebrousse chemin, transportant des passagers jusqu’à la gare terminus de Genève- Cornavin. Durant les six minutes que dure ce trajet de Genève- Aéroport à Genève- Cornavin, ce train ne porte plus le statut d’InterCity IC 738, mais de RegioExpress RE 11738. Grâce à ce nouveau statut, ce train n’est pas accompagné par le contrôleur genevois qui avait accompagné le train depuis la Suisse alémanique. Pourtant, le même contrôleur est bel et bien présent dans le train, puisqu’il doit retourner dans les locaux de la gare de Cornavin où il avait pris son service durant l’après-midi ; cependant, ses supérieurs lui ont signifié que durant ces six minutes de trajet, il voyage en simple « course de service ». C’est-àdire qu’il n’est pas habilité à donner le départ du train sur le quai de la gare de Genève- Cointrin et qu’il ne peut pas contrôler les titres de transport. Une décision prise au départ pour faire des économies. Ah, ce qu’elles ne font pas faire comme bêtises ces fameuses compressions des coûts du personnel !

Conséquences de cette incroyable décision :

  1. Non seulement personne ne contrôle systématiquement les titres de transport entre l’aéroport et la ville, mais il n’y a en plus même pas de contrôle sporadique puisque les trains deux étages ne sont pas équipés d’autocollants jaunes qui avertissent qu’il faut être muni d’un titre de transport. Donc, mesdames et messieurs, si vous vous trouvez le soir à l’aéroport de Genève, ne prenez ni bus ni taxi pour aller en ville, il y a les magnifiques trains deux étages qui vous y conduisent gratuitement.
  2. La sécurité des passagers est mise en danger, les mécaniciens devant fermer les portes du train sans avoir, depuis leurs rétroviseurs, une bonne visibilité sur toute la longueur de la composition (les trains deux étages font tout de même 275 mètres de long !). Vers 22 h 30, il y a généralement de nombreux passagers, puisque cela correspond à l’arrivée des derniers EasyJet et avions d’autres compagnies à l’aéroport. Il y a le risque qu’un passager reste sur le quai alors qu’il n’a pas fini de mettre ses bagages dans le train ou qu’une personne âgée se fasse bousculer par le « forçage de fermeture des portes » du mécanicien qui, hélas, n’est pas en mesure de le voir, etc.
  3. Lorsque le train arrive en gare de Cornavin, avant d’être remisé sur le faisceau de triage, le contrôleur doit vérifier qu’il n’y ait plus personne dans les voitures. Ce sont les cinq minutes dites de visite du train. Mais vu qu’il est « hors service », il ne peut pas effectuer cette tâche. Les risques peuvent être grands. On se souvient du tragique accident qui a coûté il y a quelques années la vie à une jeune femme restée bloquée dans des toilettes d’un train en gare de Cornavin et qui est décédée à force de donner de violents coups contre la porte sous l’effet de la panique.

La situation de ce train RE 11738 est nouvelle. Elle existe depuis le changement d’horaire de décembre de l’année passée. Dès cette date, les mécaniciens du dépôt de Genève ne cessent de s’adresser à leurs supérieurs, voire même à l’Office fédéral des transports, pour les informer de cette situation aberrante d’un train qui circule avec un contrôleur « hors service » à bord, mais qui ne peut pas exercer les tâches de sécurité, ni contrôler les titres de transport. Les mécaniciens ont même retardé volontairement à plusieurs reprises les départs de ce train de cinq minutes avec l’espoir de faire pression sur les CFF pour qu’ils reviennent sur leur décision. Comble du comble, les mécaniciens ont été informés vers la mi-février que leurs collègues contrôleurs allaient être payés pour les cinq minutes de visite du train, mais ils continuent à effectuer le trajet Genève-Aéroport – Genève- Cornavin en course de service, donc ils ne donnent toujours pas l’autorisation de départ requise pour un train censé être accompagné. La sécurité des passagers continue à être négligée par faute de chefs qui travaillent dans leurs bureaux avec des oeillères.

Alberto Cherubini