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Accord aux transports publics genevois

Les tpg reconnaissent enfin la pénibilité du travail : pas de grève

Après consultation, un accord portant notamment sur la pénibilité a été accepté. Pas de grève aux TPG comme en 2022. Photo Jean-Patrick Di Silvestro

À 64 %, les membres SEV ont accepté le 6 mai la dernière proposition sans contrepartie des tpg que le comité SEV-tpg avait jugé présentable. Le préavis de grève est levé. L’accord répond enfin en grande partie aux revendications : revalorisation immédiate des salaires, plan ambitieux d’embauches et de réservistes, système de compensation de la pénibilité, prolongation du moratoire sur la question des parkings. D’autres engagements ont été pris sur le moyen terme, notamment une refonte totale des horaires pour les rendre moins pénibles.

Entre le 25 avril et le 6 mai, les membres de la section SEV-tpg (transports publics genevois) ont été appelé·e·s à donner leur avis lors d’une consultation sur l’ultime proposition de la direction et du conseil d’administration des tpg. La participation a été bonne. Le résultat est sans appel avec cette acceptation à 64 %. Il faut néanmoins noter qu’un tiers des votant·es a rejeté l’accord, sans doute en raison d’une forte défiance du personnel envers l’entreprise. « Cet accord, c’est l’aboutissement de longs mois de négociations intenses. Nous n’avons pas tout obtenu, mais, pour la première fois, la souffrance du personnel de conduite est reconnue par la direction et des réponses concrètes ont été apportées sous la forme de compensations de la pénibilité sur le court terme, de meilleurs horaires et des embauches sur le moyen terme », souligne Aurélie Lelong, secrétaire syndicale SEV en charge des tpg.

Réduire la souffrance au travail

Depuis la grève d’octobre 2022, les questions des conditions de travail, en particulier la réduction de la souffrance au travail, étaient restées en suspens, la direction restant sourde au mal-être du personnel. Celui-ci demandait notamment une baisse des amplitudes des plages voltiges, une baisse de la durée du temps passé derrière le volant (suppression des tranches de conduite supérieures à 4 heures), la création de postes à la réserve permettant la prise de repos. À cela s’ajoutait un mécontentement à la suite des indexations partielles ne permettant pas le maintien des salaires réels. L’arrivée d’un nouveau conseiller d’État en charge du dossier et d’une nouvelle présidente du conseil d’administration a permis de donner un nouveau cadre. « La direction ne s’est montrée réactive que sous la menace de la grève », regrette Aurélie Lelong. Réactivations et suspensions du préavis de grève se sont succédé depuis celui déposé pour le 31 janvier. Les séances de négociations et de « dernière chance », les propositions insuffisantes et les consultations de la base aussi. Finalement, l’urgence des revendications du personnel a été entendue et des solutions jugées « présentables » par le comité SEV-tpg ont été amenées.

Plan ambitieux d’embauches

La réunion de la « dernière chance » du 16 avril, sous la menace d’un ultimatum syndical au 24 avril, a débouché sur des engagements fermes sur les revendications et une mise en œuvre rapide. La direction n’exigeait aucune contrepartie. Trente postes à la réserve étaient garantis au 1er juillet 2024 avec l’allègement des critères de postulation. Un plan ambitieux d’embauches était lancé pour recruter 200 conducteur·rices avant fin 2024. Une refonte totale des horaires était également annoncée pour fin 2025 au plus tard.

Vu les délais pour mener à bien cette refonte des horaires, l’entreprise souhaitait reconnaître immédiatement la pénibilité du travail à la conduite en créant un système de compensation. L'idée paraissait intéressante, mais elle devait encore être concrétisée pour savoir si elle avait de la valeur.

Compteur pénibilité

Lors d’une séance agendée deux jours plus tard, les critères principaux de pénibilité ont été définis (tranche de conduite de plus de 4 h 15, attribution d’horaires hors de la plage de préférence, temps de battement réel insuffisants, amplitude trop longue, etc.), le fonctionnement d’un compteur pénibilité établi, et surtout les règles de compensation définies avec des congés supplémentaires garantis, ou alors par de l’argent si cela est le souhait.

L’objectif de ce système de compensation de la pénibilité était d’apporter une réponse immédiate aux difficultés accrues du personnel de conduite le temps que les facteurs de pénibilité disparaissent.

En plus de la reconnaissance de la pénibilité par la mise en place de ce système de compensation en congés garantis dès la signature potentielle, le projet d’accord présenté aux membres incluait notamment une revalorisation salariale de 1,2 % le mois suivant la potentielle signature, un engagement direct dans la classe de fonction contractuelle (ou une mise à niveau pour le personnel déjà engagé), des mesures pour les apprenti·es et leurs formateur·rices, la possibilité, dès 59 ans, de réduire son taux d’activité (et son salaire) de 10 % tout en maintenant son salaire assuré auprès de la caisse de pension aux frais des tpg.

L’accord inclut aussi des mesures spécifiques à la conduite : quatre relèves sur le réseau en semaine, en heures de pointe, la suppression des tranches de conduite supérieures à 4 h 30 au 19 août 2024, un travail de refonte totale des horaires avec l’accord du personnel pour supprimer notamment les tranches de conduite supérieures à 4 h et l’instauration de 5 plages voltige aux amplitudes réduites au plus tard à l’étape de décembre 2025.

Locaux de pause et WC

Un travail est également engagé sur les locaux de pause (ouverture de nouveaux locaux ou agrandissement de locaux déjà existants) et les WC (six terminus n’en sont pas encore dotés). À cela s’ajoute la prolongation d’un an du moratoire sur les parkings et le plan d’embauche évoqué ci-dessus.

« Nous resterons bien sûr vigilant·es pour que les engagements pris soient tenus. Nous remercions nos collègues qui se sont mobilisé·es tout au long de ce processus et se sont exprimé·es avec clarté. Grâce à leur détermination, nous aboutissons à des mesures qui allègent la pénibilité du métier et renforcent son attractivité. L’entreprise a compris qu’elle avait tout à y gagner pour disposer du personnel suffisant afin de répondre aux défis de mobilité de demain », conclut Aurélie Lelong.

Yves Sancey

Interview d'Aurélie Lelong sur Radio Lac.

Pour la secrétaire syndicale SEV la principale avancée c'est la reconnaissance de la pénibilité du travail des conducteurs des TPG. L'accord prévoit aussi l'embauche de 200 chauffeurs supplémentaires d'ici la fin de l'année. Autre avancée entérinée: le recrutement de 30 nouveaux conducteurs de réserve au 1er juillet.

https://www.radiolac.ch/actualite/geneve/preavis-de-greve-leve-aux-tpg/