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Pétition

Non à la privatisation du nettoyage des gares CFF

Les militant-e-s du SEV vendredi 18 juin à Bellinzone après le point presse.

CFF Immobilier a l’intention de ne faire nettoyer par son propre personnel que les gares les plus fréquentées. Le nettoyage de toutes les gares de surface est appelé à être privatisé, ce qui signifie la perte de leur emploi pour 130 à 150 collaborateurs temporaires. Le SEV a lancé une pétition contre cette décision – avec un immense succès, comme l’explique Patrick Kummer, secrétaire syndical en charge du dossier.

Combien de collègues ont signé cette pétition contre la privatisation du nettoyage?

Patrick Kummer : il y a entre 130 et 150 postes temporaires directement concernés par l’externalisation du nettoyage, mais pour la pétition nous avons déjà récolté 4000 signatures. Ce qui montre à quel point la solidarité est immense parmi les collègues des CFF. De toute évidence, l’idée d’externaliser des prestations du service public, qui plus est des tâches essentielles aux CFF, passe mal aux yeux du personnel.

Que revendique le SEV avec sa pétition?

Au lieu de démanteler et d’externaliser ces emplois intérimaires, ces 150 collaborateurs temporaires doivent être engagés à l’interne au sein des CFF. Beaucoup des personnes concernées travaillent pour les CFF depuis de nombreuses années. Cette externalisation n’est pas seulement problématique d’un point de vue du personnel, elle l’est également sur le plan politique, car cette démarche est contraire à plusieurs objectifs poursuivis par le Conseil fédéral pour les CFF. Ainsi, par exemple, les CFF sont censés tenir compte des préoccupations des diverses régions du pays. Dès lors, si les CFF externalisent les prestations qu’ils sont censés fournir dans les gares moins fréquentées, cela conduira à un affaiblissement des régions. 

Les CFF parlent bien d’une « opportunité pour les prestataires locaux et régionaux ». Mais cet argument est dangereux à mon avis. Ce n’est certainement pas le rôle des CFF de promouvoir l’économie régionale en externalisant les services publics. Un deuxième objectif du Conseil fédéral stipule que les coopérations ne doivent être conclues que si elles soutiennent l’activité principale. La coopération avec des entreprises de nettoyage externes, en revanche, contribue fortement à l’affaiblir.

A ton avis, quelle est la raison de cette externalisation?

Ce n’est ni la première, ni certainement la dernière chez CFF Immobilier. La tendance est assez claire : tout se passe comme si CFF Immobilier avait l’intention de se transformer en gestionnaire de biens immobiliers. Donc d’externaliser le plus grand nombre possible de tâches et de se concentrer sur l’accompagnement des prestataires de service externes. C’est en contradiction avec les objectifs de la Confédération. Aux yeux du SEV, c’est une évolution pernicieuse : CFF Immobilier doit devenir un fournisseur de prestations global. 

Qu’en est-il actuellement des collaborateurs concernés?

Les collaborateurs temporaires concernés sont très inquiets et se font du souci pour leur job et leur avenir. Officiellement, le démantèlement s’effectuera par étapes à partir de mi-2022. Il y a aussi beaucoup d’inquiétude chez les nettoyeuses et nettoyeurs des CFF et chez les chefs d’équipe, car ils ne savent pas à quelle gare ils vont être affectés à l’avenir, ni s’ils auront encore une équipe à diriger. Le SEV fera tout son possible pour empêcher ce démantèlement et obtenir une internalisation de ces 150 collaborateurs temporaires.

Les CFF affirment qu’il ne s’agit pas d’une privatisation. Toutefois, jusqu’à présent, le personnel temporaire a travaillé avec les employés internes sous la responsabilité des CFF. Ce travail doit maintenant être repris par des entreprises de nettoyage privées - en d’autres termes, une privatisation classique des services publics.

La pétition a été envoyée par la Poste le 18juin aux CFF. Pourquoi ne pas l’avoir remise en mains propres au CEO

Les principales sections du SEV ont très clairement adressé la pétition à Vincent Ducrot, CEO des CFF. Les membres concernés estiment en effet que les externalisations sont un sujet qui touche tout le groupe et engage donc la responsabilité du CEO. Mais de toute évidence celui-ci ne se sent aucunement responsable: Vincent Ducrot a en effet refusé d’accuser réception de la pétition qui lui était adressée. Il a demandé au SEV de l’adresser à la direction de CFF Immobilier. A mon avis, c’est plutôt surprenant, car Vincent Ducrot se montre habituellement très accessible et ouvert aux requêtes des collaborateurs. Nous avons donc envoyé cette pétition par la Poste au terme d’un point presse.

Elisa Lanthaler
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« Un projet sournois »

Angelo Stroppini est secrétaire syndical SEV au Tessin où la mobilisation contre la privatisation du nettoyage a débuté.

Angelo, c’est au Tessin qu’a été tirée l’alarme contre la privatisation du nettoyage des gares…

Oui exactement. Notre dense réseau de militant-e-s et notre travail de proximité nous permettent d’être attentifs et informés. Mais surtout réactifs. La pétition est partie du Tessin qui m’a demandé de réagir et la base nous a donné mandat de contester la stratégie des CFF.

1000 signatures au Tessin. Quel engouement ! Comment l’expliques-tu ?

Les signatures ont été récoltées par nos militants avec beaucoup de détermination. Exclusivement sur le terrain en format papier. Nos militant-e-s ont fait un travail de proximité auprès de la population en expliquant les raisons du lancement de la pétition et chaque signature est le fruit d’un travail de terrain. Un vrai travail syndical dont je suis fier. Il ne faut pas sous-estimer un autre facteur. Au Tessin, la question des privatisations de parties d’entreprise est sensible. Depuis quelques années, le déneigement a été privatisé alors qu’il s’agissait auparavant d’une tâche des CFF. Dès les premières neiges, ce fut un désastre organisationnel au point que les CFF invitaient les usagers à prendre les bus de remplacement pour se rendre en Léventine.

Qu’est-ce-qui t’indigne le plus dans ce projet de privatisation ?

Le fait qu’il impacte les personnes les plus faibles et de manière sournoise. C’est inacceptable. Dans ce secteur, il y a des travailleurs et travailleuses qui sont temporaires depuis plus de 5 ans aux CFF. Les CFF doivent les engager et non les précariser encore davantage en les faisant travailler pour des entreprises privées. Là où l’arnaque est encore plus manifeste, c’est que les employé-e-s externalisés porteront le logo CFF. Il faut en outre souligner qu’au Tessin, le personnel est en sous-effectifs et vit avec l’angoisse de ne pas savoir de quoi son avenir professionnel et contractuel sera fait.

Questions Françoise Gehring

Commentaires

  • Floris Dahl

    Floris Dahl 03/08/2021 07:02:21

    Wenn ich als Lokführer unterwegs bin, treffe ich eigentlich nur gut motiviertes Reinigungspersonal an. Hoffentlich ändert sich dies nicht durch diesen Schritt, da ja somit wahrscheinlich auch Arbeitsbelastung und Lohnniveau ändern werden.