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interview

Sortie de crise

Irina Gote, présidente du PS Montreux

Les chauffeurs des VMCV, les transports publics de la Riviera vaudoise, vont-ils enfin voir le bout du tunnel ? On peut l’espérer, mais la route est encore longue. Le 12 mars, accompagnés par le SEV, ils dénonçaient publiquement avec un brassard rouge la flexibilisation du travail, le manque de budget, des conditions de travail et d’horaires péjorées et le sous-effectif chronique.

Ce cri des travailleurs a alerté l’Office fédéral des transports (OFT) et les municipalités qui financent en grande partie les VMCV. Des critiques contre la gouvernance sont apparues dans la presse. « Le Régional » a révélé qu’un audit de l’OFT a épinglé les VMCV pour infraction à la loi sur le temps de travail: en sous-effectif, les chauffeurs devaient multiplier les heures supplémentaires. Le 5septembre, le Conseil communal de Montreux soutenait la résolution d’Irina Gote, présidente du PS Montreux, de soumettre la direction et le conseil d’administration à un audit. Ce dernier décidera de sa suite.

Dans la tourmente, le directeur était en arrêt maladie en mai avant de partir prématurément à la retraite en août. La responsable des finances est en arrêt maladie. Le responsable des Ressources humaines est parti en septembre de manière précipitée. Au 1er septembre une nouvelle directrice est entrée en fonction. Au conseil d’administration, rien n’a encore bougé.

L’assemblée extraordinaire du personnel du 30 août a donné un mandat de négociation au SEV qui présentera en octobre son cahier de revendication à la direction. Après plusieurs années de négociations infructueuses avec l’ancienne direction, le syndicat espère obtenir des avancées. La direction a fait la promesse en juin d’arriver à la fin de l’année à 124-130 EPT, contre 119. L’élaboration de nouveaux tours de service est aussi en discussion au sein de la commission consultative des tours de services. Pour comprendre pourquoi les politique se sont saisis de l’affaire, la rédaction s’est entretenue avec la conseillère communale PS Irina Gote.

Pourquoi avez-vous jugé nécessaire de déposer une interpellation sur la gouvernance des VMCV ?

Irina Gote : Pour les socialistes, c’est important de pouvoir compter sur un service de transport public de qualité. La protestation des chauffeurs en mars m’a interpellée et j’ai cherché à savoir s’ils étaient en nombre suffisant et si les horaires étaient en accord avec la loi sur le travail. Il s’est avéré que non. D’autres questions sont apparues et j’ai réalisé qu’il y avait un certain nombre de dysfonctionnements. Pour comprendre ce qui s’est passé et pourquoi des témoins lumineux sur le tableau de bord du conseil d’administration ne sont pas passés du vert au rouge, l’audit s’est imposé.

Qu’attendez-vous de cet audit ?

D’autres communes de la Riviera devront sans doute faire la même démarche, pour le bon fonctionnement de cette entreprise publique qui se doit d’être exemplaire. J’espère que le Conseil d’administration aura l’intelligence de faire cet audit dont le but n’est pas de montrer des coupables mais de se doter des outils de gouvernance qui permettent d’aller de l’avant et, surtout, de ne plus commettre les mêmes erreurs ! De plus, l’année prochaine, il y a l’ouverture de l’hôpital Riviera Chablais qui devra être desservi et la Fête des Vignerons. On ne peut pas continuer à fonctionner en situation de sous-effectif chronique.

Votre interpellation vise aussi les manquements non seulement de l’ancienne direction mais de l’actuel conseil d’administration qui n’a pas changé.

Je fais le même constat que vous. C’est pour cela que j’appelle de mes vœux cet audit sur la gouvernance. Ce conseil d’administration est resté dans une position attentiste et a fait à mon avis de la décoration, comme des pots de fleurs sur un balcon. Les mesures prises sont bien tardives. Dans d’autres structures semblables, comme par exemple le SIGE ou l’Association Sécurité Riviera, on a un échelon intermédiaire intercommunal, composé de conseillères et conseillers communaux, à qui le conseil d’administration doit rendre des comptes et qui participe plus activement à la décision. Ce serait beaucoup plus transparent.

De quoi résulte le sous-effectif chronique aux VMCV ?

Ce n’est pas une question de ressources mais de fonctionnement de l’entreprise, à mon avis. A ma connaissance, il y aurait eu l’engagement de cinq personnes au niveau de l’administration alors que l’entreprise manquait clairement de chauffeurs ! Par ailleurs, deux personnes supplémentaires ont été nommées au conseil d’administration. On a donné des moyens là où ce n’était peut-être pas le moment de les donner.

Comment voyez-vous la suite pour l’entreprise et le personnel ?

J’espère vivement qu’après l’audit, les bonnes mesures vont être prises. On pourra alors retrouver une culture d’entreprise, qui manque un peu en ce moment. Tant le personnel, la direction que le conseil d’administration, pourront aller de l’avant, ensemble. Il y a aussi eu un gros manque au niveau de la communication envers le personnel. L’améliorer est une piste pour rassurer les salariés et qu’ils puissent retrouver la confiance. Et que l’on tourne la page de l’ancien management jugé, par certains employés, un peu brutal et peu ouvert au partenariat social.

Yves Sancey