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Le personnel Crossrail est préoccupé et va se battre, avec les syndicats SEV et UIL

« Ensemble, nous pouvons y arriver »

Les mécaniciens de locomotives Crossrail qui devront travailler à Brigue avec des salaires de crève-la-faim exigent plus de clarté. C’est ce qui est ressorti de l’assemblée du personnel du 4 avril à Domodossola.

Des visages fermés, mais aussi une grande volonté de dignité et de respect

Les mécanos donnent mandat à leurs syndicats SEV et UIL afin qu’une demande formelle soit adressée à Crossrail pour entamer des négociations CCT. Simultanément et par mesure de précaution, une plainte est adressée à l’Office fédéral des transports qui est l’autorité de surveillance.

Pas de changement dans le cas de dumping salarial à Brigue: l’entreprise Crossrail se tait et les quelque 70 mécaniciens de locomotives ne signent pas les contrats de travail. Crossrail leur avait offert un engagement à Brigue avec un salaire mensuel de 3350 francs (après formation). Ils auraient ainsi gagné plus qu’en étant employés à Domodossola, mais la différence avec un salaire suisse aurait été de plus de 2000 francs par mois.

Lors d’une assemblée du personnel le 4 avril à Domodossola avec le SEV et le syndicat italien UIL, les mécaniciens de locomotives ont renforcé leur position: ils ne signent pas les contrats et donnent mandat aux syndicats afin qu’une demande formelle soit adressée à Crossrail pour entamer des négociations CCT. « Notre objectif est la conclusion d’une convention collective de travail avec des salaires correspondant à ce qui est d’usage dans la branche en Suisse », déclare le secrétaire syndical SEV Angelo Stroppini. Il a participé à l’assemblée avec la vice-présidente SEV Barbara Spalinger et écouté l’avis des personnes touchées.

Cependant, par précaution, une pression juridique doit être exercée sur Crossrail: en même temps que le courrier adressé à Crossrail pour exiger des négociations CCT, une deuxième lettre est envoyée à l’Office fédéral des transports. Elle contient une plainte contre Crossrail pour atteinte aux prescriptions sur l’accès au réseau. « Si Crossrail n’est pas prête à payer les salaires d’usage dans la branche, l’OFT devra lui retirer l’autorisation d’accès au réseau », affirme Barbara Spalinger.

Angelo Stroppini a bien expliqué à l’assemblée que le scandale Crossrail avait eu un grand écho médiatique en Suisse: « Pendant que notre syndicat expliquait les motifs qui l’ont poussé à dénoncer Crossrail, l’entreprise s’est terrée dans un silence le plus complet. »

Un des secrétaires syndicaux UIL présents, Pancrazio Raimondo, a déclaré que ce déplacement n’avait jamais été expliqué et qu’il remet en cause l’existence de l’entreprise en Italie, puisque la grande majorité du personnel serait transférée en Suisse et qu’il ne resterait que les activités annexes en Italie. Beaucoup de collaborateurs présents ont rapporté avoir été mis sous pression par l’entreprise en ces termes: « Si vous voulez suivre la formation, il faut signer, sinon, vous quittez la boîte. »

Barbara Spalinger a répété que « si l’entreprise Crossrail veut venir en Suisse, elle devra respecter les règles suisses. Il faut rester unis, ce n’est qu’ainsi que nous pourrons gagner. »

Difficile vu la pression subie par les employés. Certains y ont d’ailleurs déjà cédé. Mais la recommandation reste la même: ne pas signer de contrat individuel tant qu’il n’y a pas de CCT. Angelo Stroppini a expliqué aux participants: « Nous avons la possibilité de faire pression sur l’entreprise, mais si vous signez un contrat individuel, une fois en Suisse, ils pourront vous licencier dans les trois mois en l’absence d’une CCT. Ensemble nous ferons pression, ensemble nous y arriverons. Mais il faut que vous exprimiez vos peurs, vos doutes, c’est à ça que servent les assemblées notamment. A se donner plus de force. »

Même si le SEV attend la prise de position de l’OFT, la balle est désormais dans le camp de l’entreprise.

frg/Hes

Crossrail doit fournir des documents à l’OFT

Crossrail doit donner son point de vue à l’OFT suite aux reproches de dumping salarial dénoncé par le SEV. Porte- parole de l’OFT, Andreas Windlinger confirme que le directeur de Crossrail, Jeroen Le Jeune s’est rendu à l’OFT le 10 avril pour évoquer le dossier. « Nous attendons désormais des documents écrits de Crossrail pour nous forger notre opinion. »

En tant qu’autorité de surveillance, l’OFT doit juger si les entreprises respectent les conditions de travail usuelles de la branche, comme le prévoit la Loi fédérale sur les chemins de fer pour l’accès au réseau.

Fi/vbo